jeudi 7 octobre 2010

sur mesure


Henri VIII d'Angleterre sortit du Miniprix les mains vides, et raccompagné par deux vigiles peu enclin à la coopération.
Sa carte bleue avait été refusé lors du paiement, et n'ayant pas d'autre moyen de s'acquitter de son du, il s'était un peu emporté, en faisant décapiter à l'épée la pauvre caissière. Il avait de la chance quelque part car, elle était orpheline, donc la famille ne porterait pas plainte. Néanmoins, le magasin allait lui facturer un nettoyant-détacheur, et attention, pas un premier prix.
Il épousseta sa tunique et partit donc chez lui, réfléchissant à une manière d'annoncer les évènements à sa femme, Anne.

Arrivé devant chez lui, il vit qu'elle attendait sur le perron, impatiente, nerveuse. Il lui décocha son plus beau sourire, et la dépassa pour entrer dans la demeure. Elle le suivit du regard, les bras croisés, le front haut et les sourcils bas, puis étendit sa jambe de tout son long. Henri VIII s'étala sur le tapis bakhtiari et sa femme le chevaucha comme une furie, lui tira les cheveux en arrière, passa son bras autour de son cou et serra.
- Où sont les courses! Parle!
Là, Henri VIII regretta amèrement d'avoir offert à sa femme, pour leur anniversaire de mariage, un stage intensif au sein de l'IGIGPN, groupe d'intervention musclé, qui craque ses allumettes sur la barbe et fume des cigares gros comme des roulés de jambon d'York, après avoir sauté, en compagnie d'un prisonnier, d'un avion à plus de 5000 mètres d'altitudes, pour l'interroger en plein base jump sur les activités de sa société de climatisation.
Henri était donc en mauvaise posture.
- Gnnnaaaarf....
- QUOI! Crache le morceau ou je te perce un poumon! Où sont les courses?
- GNelégnaipas...
- POURQUOI!
- célacébéképapacé....arffff....
- Et t'avais pas de chèque sur toi! De liquide! Tu vas payer!
Elle lui arracha une touffe ahurissante de cheveux, créant ainsi une tonsure, dont Henri VIII ne se remettra jamais et qu'il essaiera en vain de cacher sous un couvre-chef. Pour l'oublier, il se consolera dans la consommation de sucrerie. Bref, pour l'instant, Henri VIII hurlait :
- RRRARAAAAAASASSAAAAAAAAALALLLELELLLOOOOOOPEPEPEE!
Soudain, leur fille de 3 ans, Sylvia, descendit les escaliers, attirée par le bruit infernal.
- J'espère que c'est pour me faire un beau cadeau d'anniversaire que vous faîtes autant de bruit. Sinon, je vous fait enfermer à la tour de Londres!
Sa mère la dévisagea. Henri VIII, coincé, ne put relever la tête.
- Et je rigole pas! Vous sortirez jamais! Maintenant, occupez-vous de mon cadeau!
Sur ce, elle retourna dans ses appartements. Anne lâcha son étreinte et jeta son mari dehors avec la mission d'aller chercher ce que de droit pour il savait quoi, à l'attention d'il savait très bien qui.

Henri VIII arpenta les rues, en détresse. Sa femme avait eu la merveilleuse idée de le faire piquer par une bête venimeuse juste avant de partir. Elle seule avait l'antidote, et elle ne lui donnerait que si il revenait avec un présent digne de sa fille. Il était aux aboies quand soudain, il vit un magnifique gros chien tout mignon qui attendait son maître devant un magasin. Une idée germa dans la tête d'Henri VIII.

Il revint à la maison, tout guilleret, ce qui parut suspicieux aux yeux d'Anne. Il lui montra le cadeau, elle approuva et lui donne l'antipoison. Puis, ensemble, ils préparèrent une fête somptueuse pour leur progéniture.

La plus part des invités étaient arrivés. Il ne manquait plus que la belle-mère, qui comme à son habitude était en retard. Mais Henri VIII se garda bien de faire un commentaire, ne voulant pas se faire griller les parties au tison par sa femme. Soudain, la belledoche arriva, en pleurs.
- Mais qu'est-ce qu'il se passe maman?
- AAAAhhh, c'est horribleebleblebebelbelbee!
Elle se fit plaquer au mur par sa fille. Henri intervint pour freiner les ardeurs de sa femme qui relâcha son étreinte.
- Mon chien tout mignon! Il a été dépecé comme un lapin de garenne!
Henri échangea un regard teinté d'interrogation avec sa femme.
- Allons, c'est pas grave maman, on t'en offrira un autre.
- Ce sera pas pareilblblblblblblbl.
- Mais si.
- Nonblblblblbl...
Anne la colla contre le mur et la souleva.
- MAIS SI!
Henri essaya de détendre l'atmosphère.
- BON! Si on passait à table!
Mais Sylvia intervint.
- NON! Mes cadeaux d'abord!
- Oui ma chér...
- MAINTENANT!
Henri VIII d'Angleterre, grimpa quatre à quatre les escaliers, pour aller chercher le cadeau de sa fille, caché sous le lit à baldaquin de leur nid d'amour, puis redescendit marches à cul. Au bas de l'escalier, il se releva, s'engouffra dans le salon où tout le monde attendait autour de leur fille Sylvia. Son père lui tendit le paquet qu'elle lui arracha des mains. Elle dépeça l'emballage et en sortit un magnifique veston sans manche en fourrure d'animal tout mignon. La belle-mère hurla à la mort. Henri VIII n'était pas sûr sur le coup que c'était bien son chien qu'il avait dépouillé, mais maintenant, il n'y avait plus de doutes.
- FUMIER! Reginald! Mon pauvre chienbblblblblbl!!
La tension grimpa d'un cran dans le salon, avec une belle-mère incontrôlable. Sylvia regarda la fourrure puis dit :
- C'est moche ce truc! je vais tous vous jeter dans la tour de Londres! Vauriens!
- Petite chieuse! C'est pas moche! c'est mon chien Reginald!
La situation dégénéra. Une bataille éclata.
Mais Henri VIII eu ce réflexe, qui fait encore cas d'école, de faire décapiter tout le monde à l'épée par ses gardes personnels, pour adoucir l'ambiance. Puis, dans un calme olympien, il récupéra la veste en fourrure de Reginald, des mains de ses défuntes fille et belle-mère, puis décida de s'en séparer en l'offrant, dédicacé, à une célèbre association combattant la maltraitance, qui fit mettre sous cloche le précieux vêtement.

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