jeudi 30 décembre 2010

faire-part


Aline d'Isidore Bois de Sèvre en Noix de Cageout,
fille de Edmond III de Bois de Sèvre, Duc Onlagoie et Suzanne Noix de Cageout, Vicomtesse de Vichicelaistain,

&

le Baron Hugues de Zoumzoumzen du Fon de Massie Troëne,
fils de Gearles Zoumzoumzen, archer de sa majesté, et Sunny Fon de Massie Troëne, Dauphine du concours Lépine,

sont fier de vous annoncer qu'ils s'entretueront pour une dinde demain soir,
au domicile familial, situé dans la chaste commune de Glouglou-en-Barœul.
Vous êtes cordialement invité à regarder, et même à participer, en achevant l'un des deux partis s'il ou elle venait à ne pas rendre l'âme, dans le temps imparti des douze coups de minuit.
Le chemin pour accéder à la demeure, sera indiqué sur des pancartes
scotchées aux poteaux de signalisations.
Apportez vos cacahouètes, vos chips et votre pack de six.

mardi 28 décembre 2010

la squadra


Dans la plus haute sphère de l'église romaine, le Pape Jean-Pierre Papaing III a réuni 22 de ses plus hauts dignitaires, triés sur le volet, pour leur faire part de sa stratégie offensive de 2011.

Un cardinal se jette à l'eau.
- Franchement, je le sens pas
- M'en fous, c'est moi qui décide! Dit le Pape qui bave de colère derrière son bureau.
- Pfff, mais on n'y connaît rien dans votre truc. Parlez nous de saint suaire, d'évangile, ou de plus belle la vie, là on est calé mais...
- Mais quoi! C'est si difficile de lever son cul de son siège et de courir et frapper dans une balle ?
Silence dans la salle.
- Remarquez, il a pas tort. On bouffe comme des ogres, à un moment, faut éliminer, fayote un des Cardinaux.
- Faux cul! Souffle-t-on dans la salle.
Le Pape voit rouge.
- Allons qui a dit ça!... Allons! Très bien sortez tous. Allez allez sortez sortez sortez! Vous allez comprendre votre douleur. Dois-je vous rappeler que votre côte de popularité est au plus bas ? Je me creuse la caboche pour re-dynamiser votre image, parce qu'on est d'accord tous, hein, ce n'est pas vous qui allez le faire. À part traîner la savate dans les couloirs vous foutez rien! Et c'est comme ça que vous me remerciez, en me traitant comme un prof de banlieue à risques! Mais le couteau, c'est sur votre table que je vais le planter. Je vais vous faire plier. Vous aurez plus besoin d'aller pisser avec tous les litres de sueur que vous allez perdre. Vous allez me faire le programme d'entraînement Cantona que vous trouverez décrit dans ses moindres détails, page 3 du livret posé sur votre table.
La salle râle.
- J'ai les pieds plats, se plaint un Cardinal.
Le Pape saute par dessus son bureau en grognant, et avant qu'il n'est pu se réceptionner au sol,un concert de chaises tonitruant grince et les cardinaux jaillissent de la salle. Le Pape époussette son survêt, quand un doigt se lève de la pièce qu'il croyait vide.
- On dit pas plutôt les Cardinaux?
Le Pape se retourne brusquement.
- QU... Qu'est-ce tu fous encore là ?
- Je vais y aller mais juste que c'est pas très correct les Cardinals. C'est les cardinaux, corrige le Cardinal.
- C'est ta phrase qui n'est pas correcte! Sur-corrige le Pape. Les Cardinals ça fait plus américain! L'avenir est outre-Atlantique. Si on veut percer, faut que les mots sonnent, que ça claque! Dans le soccer, les noms d'équipes, ils t'emmènent ailleurs, ils te font rêver d'un monde meilleur. Imagine les "Cardinals" scandés dans le stade alors que vous pénétrerez sur le terrain! Dit le Pape, la larme à l'œil. Je vais faire de vous des tueurs des surfaces. Une nouvelle page du sport américain est en train de s'écrire.
- C'est beau. Il y aura des pompom-girls?
- Allez file gamin, vas t'entraîner, la saison va bientôt commencer.
- Oui Papa!

dimanche 26 décembre 2010

confession


Odette et Odin reviennent d'un déjeuner où ils ont apprécié chacun des quatre plats présentés. Un feuilleté d'escargots, une cuisse de canard amande et figue accompagné d'un gratin dauphinois, un plateau de fromages, puis une bûche au café. On les retrouve plus tard le soir, chez eux, installés dans le canapé, pour cette courte analyse.

Odette regarde le poste de télé, l'air navré.
- Y a vraiment plus que des conneries à la télé.
- Boup kssssssssssssss, dit Odin.
- Avant c'était drôle et fin, maintenant tout est vulgaire et tape à l'œil... Tu trouves pas ?
Odin semble perdu dans ses pensées. Puis il dit :
- Finalement, il y avait trop de crème dans la bûche, pas assez de génoise. La pauvre, elle avait une épaisseur d'une pièce de cinq centimes. Non, c'est dommage, la crème était bonne, mais l'équilibrage mauvais donc ça devenait écœurant.
- Pourquoi tu dis ça maintenant ? s'étonne Odette.
- Je viens d'avoir un relent, le dessert m'ait remonté en mémoire.
- Bravo c'est raffiné.

vendredi 24 décembre 2010

anti-patinage


En ses traditionnelles fêtes de fin d'années, Josie s'apprêtait à recevoir la visite de ses grands enfants pour le réveillon de noël. Le repas était presque terminé, ne lui restait plus à faire que la bûche, dessert succulent qui allait faire vibrer les papilles de ses invités. Josie s'attela à sa réalisatione. Elle prépara ses ingrédients et se rendit compte qu'il lui manquait du lait. Il fallait qu'elle aille en chercher, son repas demeurerait inachevé sans ce dessert et elle ne se le pardonnerait jamais. Elle regarda par la fenêtre où les flocons tombaient dru, déposant sur la route, une grasse pellicule de neige vicieuse. La voiture de Josie étant une propulsion, si elle sortait comme ça, elle allait se foutre au tas sans concession. Elle appela une amie pour lui demander de l'emmener mais son mari avait emprunter le véhicule. Par contre, elle lui dit, l'ayant lu dans un magazine contemporain, qu'il fallait mettre des parpaings dans son coffre pour alourdir la voiture et ainsi, éviter de patiner.
Josie la remercia, raccrocha et réfléchit à cette brillante éventualité. Le problème, c'est qu'elle n'avait pas de parpaings. Il y en avait bien qui avaient servi à la construction du garage, mais elle s'imaginait mal en abattre les murs pour en récupérer. Par désarroi, elle s'effondra devant la télé, à moitié vaincue. Un film de gangsters américain était diffusé. Aller à pieds au magasin était inconsidéré, il était situé à plus de 10km, pensa-t-elle. C'était foutu, pas de bûche à noël tant pis, les enfants la banniraient de leurs vies pour cet affront. Puis soudain, alors qu'elle ne le regardait qu'à moitié, une séquence du film attira son attention, et lui donna une idée pour remplacer le poids des parpaings.
Regonflée à bloc, Josie enfila ses moonboots et sonna chez son voisin le veuf. Il eut à peine le temps d'ouvrir qu'elle lui assena un violent coup de couronne de houx qu'elle avait décroché de sa porte. Elle le bâillonna sur le perron, le tira jusqu'à son garage et le mit dans le coffre de sa voiture.
Josie démarra. Les roues patinèrent un peu, puis les pneus accrochèrent l'asphalte, emmenant Josie vers la brique de lait. Elle croisa sur le chemin, nombre de voitures en travers, dont les propriétaires regardaient avec envie la voiture stable de Josie, prêts à tout donner pour connaître son secret.
revenue chez elle, sans accrocs, Josie prépara avec amour sa belle bûche qu'elle réserva au frais en attendant ses enfants.
Un peu plus tard, le téléphone sonna. Au bout du fil, ses enfants lui expliquèrent qu'en raison des conditions climatiques, ils ne pourraient pas venir. Josie tenta de leur expliquer son astuce mais rien n'y fit. Toutes les routes étaient de toute façon bloquées par chez eux. Josie, déçue, déposa le combiné. Elle ne s'attendait pas à passer encore un noël toute seule. Elle posa négligemment sa main sur la table de la cuisine et se piqua avec une couronne de houx. La douleur agît comme une note posée sur la porte du frigo.
Josie courut à son garage pour libérer le voisin. Elle l'invita à manger pour se faire pardonner et vu qu'il était seul et qu'il n'avait rien de prévu, il accepta.
Le dîner fut une réussite, ponctué par une bûche somptueuse.

mercredi 22 décembre 2010

histoire de la peinture (1) : mea culpa


Grünewald enfila son manteau et claqua la porte de l'appartement. En descendant l'escalier, il ne pouvait s'empêcher de pester contre sa bonne femme qui voulait qu'il arrête la peinture et lance sa franchise de resto-routes, un marché bien plus porteur en ce début de 16e siècle que des croûtes sans âme.
En ce mois de décembre 1510, la neige tomba en masse, recouvrant la totalité des rues de Mayence. Grünewald qui souhaitait faire un tour hors des sentiers battus observa avec effroi, des calèches et chariots stoppés net en travers de la route.
Résigné, il arpenta les rues, réfléchissant à une nouvelle composition picturale qui pourrait clouer le bec de sa mégère. Perdu dans ses pensées, Grünewald ne prêtait pas trop attention aux conditions dans lesquelles il évoluait. Plus il avançait, plus la couche de neige s'épaississait. Et bientôt, Grünewald se retrouva avec de la neige jusqu'au cou. Réalisant qu'il ne pourrait aller plus loin, il tenta de faire demi-tour. Mais il était pris au piège par la neige qui s'était consolidée et tombait à nouveau drue. La couche s'épaissit. De la neige s'infiltra dans son manteau, et bientôt, Grünewald fut complètement enseveli. Plongé dans l'obscurité, il commença à paniquer et des images mentales de sa funeste destinée le submergèrent. Quantité de larmes coulèrent le long de ses joues et la glace fondit à leur passage. Observant ce phénomène scientifique, il reprit espoir et se mit à penser aux évènements les plus tristes qu'il ait connu. Il pleura à flots, créant ainsi une petite cavité devant son visage qui lui permit de mieux respirer. Malheureusement, cela n'était pas suffisant pour le faire sortir de sa prison de glace. Il entonna alors une poignée de chansons graveleuses. Mais la fatigue le submergea, sa voix faiblit et le silence régna.
Grünewald se sentait partir quand des pas résonnèrent à la surface. Puis soudain, l'on se mit à gratter et la lumière percuta ses rétines congelées comme un coup de griffe. Grünewald fut remonté à la surface par Saint-Antoine qui avait entendu une voix de ténor émerger de la neige. Il discuta le bout de gras avec lui, et avant même d'être revenu chez lui, ils étaient devenu copains comme cochon et il connaissait tout de lui et de ses envies.
Plus tard, pour remercier Saint-Antoine, Grünewald se mit à peindre les tentations de ce dernier dans lesquels il injecta un peu de son vécu, piégé dans la neige pour rendre le tableau plus affriolant parce qu'en réalité, à part le chocolat, il n'y avait pas grand chose qui tentait Saint-Antoine.
Sa femme trouva que ça avait de la gueule, et elle abandonna son idée de resto-route.

samedi 18 décembre 2010

snif


Ce matin, les gendarmes d'Azerty/Up, ont fait une bien macabre découverte, après avoir reçu l'appel d'un citoyen qui se plaignait de l'odeur résineuse se dégageant de l'appartement du 2è. Dépêchés sur les lieux, ils ont trouvé, après avoir enfoncé la porte de l'appartement, les cadavres de deux conifères appartenant à la famille des Araucaria heterophylla, célèbre pour leur putch contre les fêtes de fin d'années. Les sapins, étouffés dans de la toile grosse maille, gisaient vulgairement sur le sol bétonné de l'entrée. Nul doute pour les gendarmes, choqués par une telle vision d'horreur, que c'est là, un coup du groupuscule terroriste "Xmas Hell's Angels" qui perpétue la tradition du sapin de noël malgré l'arrêté préfectoral du 12 Février 2022 qui interdit le port du sapin à boules. Le locataire de l'appartement a quant à lui, mystérieusement disparu. Les sacs de boules et de guirlandes retrouvés sur la table de la salle à manger laissent à penser qu'il a quitté précipitamment les lieux. L'enquête est ouverte.

jeudi 16 décembre 2010

vidéostein


Dans la salle secrète de pressage gold d'un laboratoire secret, siégeant dans les tréfonds d'une île enneigée que l'on ne peut trouver sur son GPS même avec une mise à jour, le professeur Krisberth Von Numerick insufflait encore quelques grammes de génie à sa diabolique création. Des bloup-bloups liquoreux circulaient de fioles en fioles dans des tuyaux de verres, changeant trente fois de couleur par seconde, et inondant la pièce d'un stroboscopisme hypnotique. Le professeur, installé sur son ordinateur, transféra les derniers fichiers vers sa création, un cube de composites, recette familiale. Puis il saisit avec précaution l'objet sur lequel il travaillait avec tant d'acharnement, et le plaça au milieu d'une machine d'acier titanesque qui ronronnait et suintait. Un bouton actionné, et la machine se mit en branle, pressant hydrauliquement et avec férocité, le cube diabolique qui semblait couinait sous la force qu'il subissait.
Enfin la machine s'arrêta. D'un nuage de fumée, le professeur retira un disque carré percé en son milieu. Jubilant comme une pompom girl à la mi-temps d'une rencontre sportive, il prit l'ascenseur qui l'emmenait au sommet de la tour secrète de son laboratoire secret, caché dans une île vous savez la suite. Ding, la porte de l'ascenseur s'ouvrit, et Krisberth Von Numerick, aveuglé par la lumière du jour, brandit vers le ciel sa révolution technologique, éclatant d'un rire à gorge déployée qui laissait entrevoir une dentition malmenée par les aléas des plats tout prêt, réchauffés au micro-ondes. Puis, pour appuyer sa diabolique découverte, un orage azazelien éclata. BROUM BROUM ! Le professeur venait d'inventer le KVN, Karré Vidéo Numerick, nouveau format vidéo qui allait permettre de stocker plus de huit billiards de films sur une seule galette, dans toutes les langues et sous-titres possibles, avec les différentes versions, les making-of, les jeux-concours, les commentaires de l'équipe technique, une qualité cinéma, un son qui déboîte. Finit les étalages capitalistes dans les magasins spécialisés. Maintenant, un seul produit trônera fièrement au milieu de l'échoppe : le KVN ! Krisberth Von Numerick ria à nouveau d'un rire à gorge déployée.
Un peu plus loin, dans les profondeurs de la mer intérieure de Seto, un bip strident résonna dans le sous-marin Sony-Alabama. Sur des écrans de contrôle, des technocrates japonais observaient une forte activité technologico-belligérante, dans les tréfonds d'une île que l'on ne peut trouver sur son GPS, même avec une mise à jour. Une étude plus approfondie du problème leur révéla que leur frêle support bluray était mis en danger par un nouveau support vidéo qui allait couler toute l'industrie. Soudain, le sous-marin baigna dans une lumière rougeoyante signifiant qu'il leur fallait agir sans plus attendre. Le Général contacta ses troupes d'usines en Chine qui envoyèrent une pléthore d'avion-cargo qui larguèrent des parachutistes adeptes du kung-fu au dessus de l'île enneigée du professeur Krisberth Von Numerick.
Le professeur, au sommet de sa tour secrète s'arrêta de rire et reprit l'ascenseur pour aller manger. lorsque la porte s'ouvrit à l'étage de la cuisine, il se retrouva nez à nez avec un chinois qui occupa tout son champ visuel. Un silence s'installa. Le professeur fit un pas de côté dans l'espoir de passer mais il vit derrière son obstacle, toute une armée de chinois. Il eut à peine le temps de papillonner des yeux que les deux-cent-trente-quatre chinois se ruèrent dans l'ascenseur, dont la porte se referma, et abattirent leur technique kung-fu pour le neutraliser. Lorsque la porte se rouvrit, tous les chinois s'évaporèrent, laissant le pauvre professeur exhaler son dernier souffle. Avant de partir, un chinois prit des doigts morts et refroidis du professeur, le fameux KVN, et le fourra dans la poche.

mardi 14 décembre 2010

LEDMRFRH


Pour redorer son blason dans un royaume en proie aux doutes, et aux difficultés économiques, Henri III de France, décida, dans sa majestueuse bonté, de montrer l'exemple, en vendant des magnétoscopes sous le manteau au parc Saint-Cloud. Grand fan de comics américains, C'est masqué, qu'il agissait pour le bien du royaume. Cachée sous son épaisse tunique brodée, une collection complète de VCR, Bétamax, Bétacam, SRV, V2000, VHS, disponible immédiatement, et à des prix défiant toute concurrence pour l'époque. Henri agît ainsi dans l'ombre durant quelques années, rééquilibrant les comptes du royaume et propulsant la VHS au rang de support standard.
le moine Jacques Clément, de la ligue catholique, qui connaissait le secret du roi, ne vit pas ça d'un très bonne œil, car l'enregistreur de cassette permettait la divulgation d'images hérétiques.
Jacques tenta d'assassiner Henri III de France en le poignardant, alors que ce dernier négociait un Groundig SRV, mais le roi le sentit venir et lui fait une clé de bras pour le désarmer. L'altercation attira l'attention, Henri s'enfuit, quittant sa tunique en pleine forêt, où se dispersa tout son matériel.
C'est dans cette même forêt que Hervé Demill trouva, récemment, une relique Bétamax de 1581 qu'il tenta de revendre au marché noir. Malheureusement pour lui, il se fit pincer par la Ligue Extraordinaire de Destruction Massive des Reliques de Feu Roi Henri III qui le poignarda violemment en prétextant de lui remettre une lettre lui faisant croire qu'il avait gagné une cassette des archives complètes de l'INA. La ligue commenta son geste en épinglant une note sur le torse d'Hervé disant que maintenant, il faut arrêter de nous sécher les bourses avec les cassettes quand on voit la qualité d'un bluray.

dimanche 12 décembre 2010

grand seigneur


Par une magnifique fin de semaine ensoleillée, Armand M. participa à un concours de pêche, au lac communal de Vazie-Samord. Organisée par le Club de pêche local "Mon P'tit Bouchon", la compétition opposait principalement les licenciés, qui arrivèrent en masse vers les 5 coups de 4h55, parce que ma montre retarde, du matin. Armand gara sa poubelle sur le parking improvisé.
À 11 heures, après un petit-déjeuner costaud offert par la mairie, un parc de truites conséquent fut lâché dans l'eau. Le temps que les poissons s'acclimatent, les pêcheurs s'installèrent autour de l'étendue d'eau. Armand M. posa ses affaires dans le virage, prépara sa ligne, fit quelques étirements, puis le départ fut donné.
Armand, à l'instar de ses comparses, jeta sa ligne dans le lac et s'arma de patience. Quatre heures plus tard, Armand, malgré son activité offensive, restait bredouille quand les besaces des autres pêcheurs se remplissaient avec une arrogante constante de trois truites par heure.
Armand fit le tour complet du lac, jetant par endroit sa ligne, dont l'appât était snobé par les truites. Revenu à la case départ, il claqua sauvagement sa canne par terre, et se fit engueuler par quelques pêcheurs qui l'accusaient de faire fuir les truites. Les ignorant, il ouvrit sa besace, et se prépara une ligne qu'il sniffa d'un trait. Ensuite, ragaillardi, il marcha jusqu'à sa voiture, s'installa, démarra, enclencha la première et fonça en direction du lac. Des pêcheurs s'écartèrent au dernier moment, juste avant que le véhicule ne percute la surface de l'eau, emplafonnant au passage, un banc de truites distraites. Armand se dégagea de sa voiture, prit dans le coffre une besace, et nagea vers le capot avant où il ramassa les cadavres de truites tamponnées. Une fois son sac plein, il revint vers le rivage, sous les yeux rageurs de ses compatriotes.
La compétition fut alors interrompue, et au comptage, Armand M. fut désigné grand vainqueur, remportant au passage un barbecue qu'il mit tout de suite en action, en grillant les truites. Il invita les autres pêcheurs, assez mauvais joueurs car ils tiraient une gueule de quatre mètres de long, à partager son repas.

vendredi 10 décembre 2010

tercet gagnant


La caravelle de Christophe Côlon lutta tant bien que mal contre une mer ténébreuse avec une houle courte et sauvage. Sous un orage à gouttes de plomb, l'artimon céda le premier, emmenant dans son sillage, la hune déchirée du grand mât. Côlon s'acharna à tirer son navire vers bâbord, mais une vague immense fouetta l'embarcation, et brisa les bras, faisant ainsi céder les vergues et plier le grand mât et le mât de misaine. Plusieurs marins périrent écrasés. Côlon, désarmé, fut saisi d'une crampe qui le scia en deux. Allongé sur le gaillard d'arrière, il aperçut alors, entre les gouttes, et illuminé par les éclairs qui rugissaient, un lopin de terre. Il donna un violent coup de pied dans son gouvernail qui fit obliquer la caravelle vers tribord. Une vague terrifiante frappa le bateau qui prit de la vitesse et vint se fracasser contre la berge.
Le lendemain, Christophe Côlon, courbaturé de partout, fouilla son navire à la recherche de survivants. Marchant sur le pont au bois trempé qui manquait de céder à chacun de ses pas, Côlon ne retrouva aucun membre de son équipage. Il essuya une larme en pensant à ses fiers compagnons engloutis par l'océan. Puis son ventre grogna, le ramenant à une réalité crue, celle de nourrir son homme.
Il posa pied à terre, et s'enfonça dans la forêt qui bordait la mer. Il sillonna les rangées d'arbres comme des rayons de supermarché. Cueillant tel fruit, coupant telle fleur, arrachant telle herbe. Mais à chaque fois, une pointe de déception pouvait se lire sur son visage. Car ce n'est pas du tout ce dont il avait envie en ce moment. En vérité, Christophe se serait bien tapé un bon rumsteck entouré d'une belle poignée de frites dorées. Il en salivait encore en retournant vers l'épave de sa caravelle. Épuisé par ses recherches, il s'endormit contre le bois.
En pleine nuit, il se réveilla, transi par un appétit féroce. Il se leva et marcha un peu au bord de l'eau. Soudain, une lumière attira son attention, qui provenait de sous l'océan. Irrésistiblement attiré, il pénétra dans l'eau glacée, pris une grande respiration et plongea. Il rejoignit en quelques brassées, le banc lumineux. C'était des algues planctoniques. Côlon, les caressa du plat de la main et leur douceur activa ses glandes salivaires. Guidé par une volonté inconnue, ou par la faim, il prit une poignée d'algues et les avala sans les mâcher. Une grande chaleur traversa son gosier pour atterrir dans son estomac. Il en mangea encore et encore, jusqu'à ce que l'air lui manque. Alors il remonta, le ventre plein. Sitôt qu'il sortit de l'eau, il fut saisi d'étourdissement, ses jambes se dérobèrent et il s'effondra sur la terre. Il se releva avec difficultés, quand il entendit derrière lui, quelques clapotis suspects. Il se retourna et découvrit un petit animal qui semblait émerger de l'eau.
Suivi de deux autres, ce petit animal, qui se révéla être un philosophe tenace fit la morale à Christophe, en lui expliquant que "des algues, tant et si bien qu'elles fussent comestibles, ne représentaient pas dans l'imagerie d'Épinal, un substitut du steak-frite. Et comme, l'on se doit de ne pas se baigner après avoir manger, l'on ne doit pas sortir de l'eau après y avoir mangé." Ensuite, il ajouta que "ses parents avaient encore beaucoup à faire concernant son éducation". Côlon écouta sans moufeter. Le petit animal l'acheva avec cette célèbre comptine à trois vers :

Côlon, Côlon, c'est pas gratifiant comme nom,
Quand on l'entend ça sonne mignon,
Mais quand on l'écrit ça fout l'bourdon!

Strophe qui fit beaucoup réfléchir Christophe. Puis, le petit animal retourna dans l'eau en pouffant de rire.
Le matin, Christophe remonta ses manches, abattit quelques arbres, construisit un radeau d'après ses souvenirs et navigua droit vers l'avenir.

mercredi 8 décembre 2010

un repas de gagné


Pour un résumé complet de l'épisode précédent, lire l'épisode précédent qui précède celui-ci.

La discussion qu'il avait surpris dans la cuisine l'aiguilla. Il en frissonna rien que d'y penser mais, la mexicaine avait dû abuser de lui. Après tout, elle n'arrêtait pas de lui faire du rentre dedans. Et vu qu'il ne répondait pas, elle avait du prendre l'initiative. Ce verre qu'elle lui avait offert au début devait contenir un puissant inhibiteur qui fit tomber toutes ses défenses. Tout en rasant les murs, il réfléchit à un moyen de lui faire avouer son acte et rejoignit la salle à manger où allait être servi le repas. Les invités, agités, tournaient autour d'une vingtaine de tables, en posant leurs nez dans les six assiettes que contenaient chaque table. Louis s'approcha d'une assiette et saisit le petit papier disposé à califourchon sur la faïence. Il lut le nom de John Malkochvilles. Un invité lut aussi par dessus son épaule et fit passer le mot à travers toute la pièce, et en une poignée de seconde, Mr. Malkochvilles fondit en sueur sur Louis en le remerciant de sa gratitude avec une poignée de main moite, et s'assit à sa place, soulagé. Louis continua à faire le tour des tables à la recherche de son étiquette. Soudain, un gong retenti, et une voie nasillarde clama que le repas allait être servi dans moins de vingt minutes. La tension grimpa d'un cran dans la salle. Les invités se mirent à courir dans tous les sens, saisissant des petits papiers, et hurlant le nom de son propriétaire.
Dix minutes plus tard, Louis cherchait encore sa place quand à l'autre bout de la pièce, il aperçut la maîtresse de maison lui faire des œillades vulgaires. Il détourna le regard et continua sa quête. Neuf minutes plus tard, il trouva sa place in extremis, alors que les plats de tartiflettes étaient disposés sur les tables. Il voulut boire une gorgée du verre de vin à moitié plein situé devant lui quand, le Duché de Hailsandgeuls, placé en tête de gondole, fit teinter son verre et récita un discours pompeux avant de s'offrir l'honneur de goûter en premier une portion de tartiflette. Il trempa sa louche dans le plat fumant. Dans l'excitation, Louis ne vit pas tout de suite qu'il était assis à côté de la mexicaine. Ce n'est que quand elle posa sa main sur son roudoudou qu'il mesura la gravité de la situation. Le fromage fila et tissa une toile jusque dans l'assiette du Duché. La mexicaine ouvrit la braguette de Louis. Le Duché reposa la louche, tâta avec sa fourchette la tenue des pommes de terre, puis plongea sa fourchette dans son assiette. La main de la mexicaine s'engouffra dans le pantalon de Louis qui tressaillit, n'osant bouger et interrompre la dégustation officielle. Le Duché ressortit sa fourchette, nappée de tartiflette qu'il fourra dans sa bouche. Il mastiqua un peu puis se figea. Son visage s'empourpra. Quelques invités, dans l'assistance, se levèrent effrayés. Louis en profita pour se lever aussi, et coincer la main glissée dans son pantalon. La mexicaine couina, et retira sa main, que Louis saisit au vol et trempa dans la tartiflette. Puis, pour achever son œuvre, il saisit le verre de vin à moitié plein et le jeta sur la robe de la maîtresse de maison.
- ça ne t'as pas suffit tout à l'heure? lui souffla-t-il
- Dé qué tou parle mone sévalier ? Demanda-t-elle, en essuyant sa robe avec la nappe. Mainténant jé dois allé mé néttoyer!
Elle s'éclipsa quand le Duché recracha violemment la tartiflette qu'il avait mâché.
- Mon dieu! Mais cette tartiflette a un goût d'huile de vidange!
Il se pencha sur la table, qui vacilla un peu sous le poids, et sentit le plat.
- Correction! C'est le reblochon pour être précis! Quel infamie! Que tout le monde s'aligne au fond de la salle!
Au mot "reblochon", Louis retrouva subitement la mémoire. La mexicaine dans le couloir, la cuisine, le lit de reblochon, l'odeur enivrante, la cuisinière qui rentrait subitement, la chute. Il sent ses mains qui dégagent un subtil mélange de 15w40 et de reblochon. Les tables se vident une à une. Louis, à son tour est emmené au fond de la salle. Aligné aux côtés des autres, il transpira à l'idée de se faire pincer pour avoir ruiner la journée du Duché. Le Duché d'ailleurs, commença son inspection en sentant les mains de chaque convive. Louis, mit ses mains derrière son dos, et écarta les doigts dans le fol espoir que l'odeur partira plus vite en agitant. Son tour approchait. Louis agitaient ses mains avec virulence. Puis soudain, il les glissa dans les poches arrière de son pantalon pour étouffer l'odeur. Au fond de la poche droite, il fit l'étonnante découverte d'un tube de gel hydro-alcoolique hygiénique et pratique pour la désinfection des mains à tout moment. Il en fit couler une noisette dans le creux de sa paume, et se frictionna les mains pour neutraliser les virus huilo-reblochonniques. Quand son tour arriva, il tendit fièrement ses mains, au Duché qui se pencha et renifla une odeur de rien. Une senteur de vide.
Soudain, la maîtresse de maison réapparut dans la salle, habillée d'un nouvelle robe. Étonnée de voir tout le monde aligné au fond, elle s'approcha.
- Qué Sé qui sé passe mone amour dé Douché?
- C'EST ELLE! Hurla Louis
Une rumeur gronda dans l'assistance.
- Que dites-vous là! C'est ma femme! s'exclama le Duché
- Oh ça, je le sais! Mais ce que vous ne savez pas, c'est que votre femme s'est éclipsée lorsque vous avez la trace d'huile dans la tartiflette! Et, je suis sûr que plusieurs invités ici, pourront en témoigner!
Une rasade de "oui c'est vrai je l'ai bien vu sur la vie de ma paire" s'éleva dans la salle.
- Et je suis sûr que ses mains sont fraîchement lavée! rajouta Louis.
Le Duché saisit une main de sa femme et la renifla. Son visage devint rouge écrevisse. Il rejeta la main.
- Qu'on bâillonne cette hérétique et qu'on l'attache à l'arrière de ma Harley!
Dans le jardin, le Duché fit vrombir son engin devant un attroupement de convives et partit traîner la mexicaine dans toute la contrée, pour lui apprendre la vie, sous les applaudissements.
Louis rentra à l'intérieur et s'assit à sa table. Il se servit une portion de tartiflette qu'il dégusta avec envie. Il ne détecta aucune odeur d'huile particulière et décida même d'en demander un tupperware à la cuisinière pour son repas de demain midi.

fin.

lundi 6 décembre 2010

soudain le noir


Louis, mécanicien, quitta le garage où il travaillait en fin de journée, et roula jusque chez le duché de Hailsandgeulz où il était invité à dîner, car il réparait toujours avec amour la Harley du duché.
- Merde, je me suis pas lavé les mains, dit-il en remarquant que le sky blanc de son volant était parsemé de tâches graisseuses.
Une fois arrivé, il se gara dans la cour et fit crisser les graviers. La maîtresse de maison, qui appréciait tout particulièrement Louis, qui lui la trouvait particulièrement répugnante et collante, lui fit un accueil glamour.
- Sers-moi les miches mon Loulou! Dit-elle avec son accent mexicain.
Louis se colla sur sa voiture et lui montra ses mains sales. Elle le saisit par le poignet, et l'emmena à l'intérieur.
Dans le salon, tellement empli de lustres, que l'on aurait plutôt dit des lustres avec un salon autour, Le Duché de Hailsandgeulz relayait avec passion l'histoire de la tartiflette.
- Elle va fêter ses 25 ans! Un quart de siècle qu'on se fait péter le bide avec ce plat! Et ce reblochon qui, sous sa croûte croustillante d'après cuisson, laisse couler son âme sur les frêles pommes de terre qui se retrouvent emmitoufler dans une couverture de fromage! C'est beau, c'est...c'est, Ah! Mais c'est mon mécano!
Louis, qui venait de saliver au discours du Duché, vint le saluer du poignet puis demanda avec délicatesse.
- Où sont vos lieux d'aisance?
Le Duché lui indiqua si vaguement que Louis se demanda s'il habitait bien ici.
- Prends donc oune verre avan, lui susurra à l'oreille la maîtresse de maison.
Louis but le verre qu'elle lui tendit puis partit à la recherche des toilettes. Il se balada dans la maison. Au détour d'un couloir, il aperçut soudain la maîtresse de maison qui semblait à l'affût. Il ouvrit une porte au hasard et s'engouffra dans la pièce avant d'être vu. L'oreille collée à la porte, il écouta pour savoir si elle était déjà passée quand soudain, une odeur délicieuse attira son attention. Il se retourna et découvrit qu'il était dans la cuisine, avec sur la table, la collection de reblochon du Duché qui allait servir à la confection de la célèbre Tartiflette. Louis observa ses merveilles avec la plus grande attention. Puis, comme magnétisée, sa main se dirigea vers les fromages. Il tenta de la retenir mais rien n'y fit. Louis saisit et tripota chaque reblochon, enivré par l'atmosphère. Il se déshabilla, grimpa sur la table et se coucha sur le matelas de fromages, bercé dans son trip au lait cru. Puis, la cuisinière rentra dans la pièce, les bras chargés d'oignons qui obstruaient sa vue. Elle les posa sur la paillasse et voulut prendre les reblochons sans se retourner vers la table, mais elle toucha les aisselles de Louis qui, chatouilleux même lorsqu'il est en transe, bondit de la table, se claqua la tête par terre et roula sous la table. Noir. La cuisinière se retourna.
- Y a quelqu'un? Dit-elle, et restant sans réponse, elle prit un reblochon pour le découper.
Louis reprit connaissance une heure plus tard. Il était nu comme un vers, dans la cuisine. Il essaya de se rappeler comment il avait pu arrivait là, mais c'était le trou noir. Il se mit à quatre pattes pour quitter la cuisine, munit de ses habits, quand une porte s'ouvrit. Louis découvrit les jambes de l'immonde maîtresse de maison venu s'adresser à la cuisinière.
- Vous né mavé pa vou avec loui cé bien claile! Il né cé rien passé tout à l'haire.
- Bien sûr Madame. Le repas est bientôt prêt.
Puis elle disparut. Louis en fit autant mais en passant par l'autre porte. Il se rhabilla à toute berzingue dans le couloir, puis s'éloigna tout en essayant de reconstituer le puzzle.

à suivre...

samedi 4 décembre 2010

désabonnement


Il y a très très longtemps, un jour, au Vaticaen, le Pape eut une folle envie de raclette. Alors il alla chercher une recette sur internet qui avait une note moyenne de 4,7/5 pour 451 votes. Il rassembla tous les ingrédients et rameuta tout le monde pour se faire aider car quand le Pape fait à manger c'est pour toute la baraque. Ils avaient juste le temps de tout préparer et enfourner pour le soir avant d'aller embrasser la foule du haut de la tribune.
Il ouvrit le sac de 25kg de pommes de terre et commença la corvée. Il avait un rythme infernal mais bientôt la machine s'emballa, et il se coupa avec l'épluche patate.
Le Pape eut à peine le temps de désinfecter son doigt qu'il fut appelé à la tribune de la Place Saint-Pierre où il avait un meeting. Devant la foule compacte, le Pape, encore courbé de douleur, mit un point d'honneur à brandir son majeur en hurlant "my finger is kaputt!".
Tous les fidèles présents furent terriblement offensés, et une rumeur hostile se mit à gronder. Le Pape qui avait un peu trop bu ce midi ne comprit pas ce qui se passait mais soudain, une alarme se déclencha dans le vestibule d'autosurveillance du parc religieux de fidèles. C'était la page facebook perso du Pape qui perdait ses amis à grande vitesse. Bientôt, il ne reçut plus un seul "poke", et son nombreux d'amis se résuma à deux, Picksou et Fifi. Le front du Pape se mit alors à perler de sueur, et il décida d'aller s'excuser. Mais soudain, la police tambourina à la porte pour embarquer le Pape qui était accusé d'avoir saborder la plus grosse page facebook religieuse du monde à des fins personnels. Il fit alors demi-tour et alla se cacher dans le placard de la salle à manger.
Il y séjourna deux jours avant d'être capturé et jeté en prison, où il attend son extradition vers les états-unis pour y être jugé, à sa demande, parce qu'il trouve ça plus classe.

jeudi 2 décembre 2010

adjectif lune


Screamin' Gérard, punk à cuir clouté, entra dans la navette touristique qui l'emmènerait, accompagné d'une poignée d'autres badauds, faire une promenade dans l'espace. C'était un cadeau de ses propriétaires de boites de strip de parents, qu'il avait d'ailleurs failli froisser en demandant si il pouvait pas y aller en Kawa.
Une fois dans la navette, bien attaché à sa ceinture de sécurité, Screamin' Gérard posa ses tiags sur l'accoudoir de la personne en face, une mère de famille accompagnée d'une insupportable poche à brin de 7 ans qui bavait sur son hublot, et l'essuyait avec ses gants en laine.
Quatre jours, 12 repas, 23 allers-retours aux cabinets, 6 baffes discrètes au gamin qui enlevait les lacets des gens pendant qu'ils dormaient plus tard, la navette se posa sur la Lune, merci chauffeur. Les badauds enfilèrent leurs combinaisons ultra-légères et moulantes. Screamin' Gérard ne manqua pas de reluquer les gonzesses qui descendaient de la navette pendant qu'il briquait ses bottes enfilées par dessus la combi. Il laissa passer du monde devant lui et sortit juste devant la femme et son gosse, qui piétinait d'impatience, pour montrer qui c'est le chef.
Le spectacle qui s'offrit à ses yeux lui fit arrêter de mâcher son chewing-gum. Le guide qui les accompagnait décortiqua la face visible de la Terre avec une tendresse guignolistique. Screamin' Gérard coupa l'interphone qui lui renvoyait les commentaires du guide pour savourer en silence cette vue délicieuse.
Le silence fut vite brisé par l'enfant terrible qui courait dans tous les sens en hurlant qu'il voulait voir la Muraille de Chine. Le guide le chopa au passage, s'abaissa à son niveau, et lui dit avec dévotion, que "non, la Muraille de Chine n'était pas visible depuis la Lune mon chéri, ta maman t'as raconté n'importe quoi". La mère s'empourpra et dit à son gamin, "viens JohnnyBoy on rentre à la maison!" Et elle agrippa son mouflet qui, dans la violence du choc, en perdit un gant qui décolla dans l'espace inaccessible. Tout le monde suivit la trajectoire du gant, qui repartait vers la Terre en prenant de plus en plus de vitesse.

Washington, District de Columbia, USA :
Dans la brainstorming room de la NASA, c'était l'agitation. Au menu aujourd'hui, la présence soudaine d'un astéroïde qui fonçait vers la Terre à une vitesse de 12,8km par seconde.
Deux jours de réflexion plus tard, l'astéroïde avait été identifié. Il s'agissait d'un gant en laine pour un enfant de 7 ans. La menace était donc prise très au sérieux, et les prévisions étaient alarmantes. Si l'astéroïde n'était pas dévié de sa trajectoire d'ici à demain, la Terre subiraient d'importants dégâts, surtout l'état du Wisconsin qui serait déplacé de 842km sur la droite. Il n'y avait plus une seconde à perdre. Des missiles à têtes nucléaires furent envoyés pour détruire l'astéroïde.
Les murs suintaient d'angoisses dans la salle de contrôle de la NASA qui retransmettait sur ses écrans le retour vidéo des missiles. Ces derniers s'approchèrent de l'astéroïde mais soudain, contre toute attente, un des doigts du gant se replia, laissant filer les missiles vers l'inconnu. C'était foutu.
Le gant s'écrasa sur la Terre dans un fracas épouvantable, provoquant une terrible catastrophe.

la Lune, Espace infini :
Une terrible catastrophe en effet puisque l'enfant aimait beaucoup son gant. Et il se mit à pleurer. Ce qui rendit tout le monde triste. Chacun y alla de son réconfort. Mais l'enfant boudeur, envoya les badauds bouler. Et il hurla de chagrin. Screamin' Gérard s'approcha alors du gamin et lui dit que "ça ne servait à rien de se mettre dans cet état. ta mère te l'a pas dit? Dans l'espace personne ne t'entend pleurer." Et il lui allongea une droite qui allait le faire réfléchir pour les 15 prochaines années à venir.
Ensuite, ils retournèrent sur la Terre pour constater les dégâts, prendre quelques photos au passage pour montrer à la famille patriote.

mardi 30 novembre 2010

hachis oursentier


Pour notre recette d'aujourd'hui, vous aurez besoin : d'un sac de 25kg de pommes de terre, de béton, d'une tour coréenne en construction, de 800g de viande hachée, d'un moteur à réaction, d'une pile au mercure usagée, d'une corde à piano, de 100g de soupe à l'oignon lyophilisée, d'un couple de babouin jeunes, de deux gousses d'ails, d'un camion-benne d'échalotes, d'une perceuse sans fil, d'une vache normande, d'un œuf, d'un sous-marin soviétique, d'un ours, du sel et du poivre.

Tout d'abord, versez dans le béton frais, les 25 kg de pommes de terre, sans le filet, que vous ne prendrez pas la peine d'éplucher. Remuez bien jusqu'à ce que les féculents aient disparu de la surface du béton. Avant que ce dernier ne se fige, envoyez-le sur le site de construction d'une tour coréenne du genre Taïpeï 101. Attendez que la tour soit construite, et patientez encore jusqu'à ce qu'un cyclone dévaste l'édifice, pour récupérer vos pommes de terre cuites à point par la chaleur et la sueur du chantier.
En attendant le cyclone, et pour ne pas perdre de temps, lancez-vous dans la préparation de la garniture. Attendrissez votre viande hachée à coup de marteau, et demandez au pilote de mettre les gaz sur son avion de chasse, garé dans votre jardin. Faites revenir votre viande à la chaleur du moteur à réaction pendant une vingtaine de millisecondes. Retirez-la du feu, laissez reposer, et passez-la une dernière fois au grill pour la faire dorer.
Ensuite, fourrez la pile usagée dans votre viande pour qu'elle prenne le goût si délicat du mercure. Mettez votre viande dans un grand fait-tout, et à l'aide de la corde à piano, ouvrez les sachets de soupe à l'oignon que vous verserez sur la viande. Couvrez, et postez deux babouins pour surveiller la cuisson et ne laisser personne passer sans votre autorisation. J'insiste bien sur le fait qu'ils doivent être jeunes, car les vieux ont tendance à s'endormir et laissez brûler votre met.
Pendant que ça mijote, épluchez les deux gousses d'ails et le camion-benne d'échalotes. Identifiez-vous auprès des babouins qui n'ont pas trop la mémoire des visages, et mettez dans le fait-tout, l'ail, le camion et les échalotes. Remuez. Couvrez.
Allumez la télé pour savoir si il y a bien eu un cyclone à Taïwan. C'est le cas, donc allez chercher vos pommes de terre qui seront tendre comme jamais. En plus, avec le voyage en avion, et le décalage horaire, elles vont prendre une saveur tropicale et parfumée tout simplement irrésistible. J'insiste sur le fait de prendre un sac de 25kg de pommes de terre car, avec le passage aux douanes, plus les pots de vin, il ne vous restera plus, en arrivant, que 3kg de féculents.
Une fois revenu donc, moulinez vos féculents pour en faire une purée contenant un peu de mache, c'est à dire des morceaux. Ah, j'oubliais, n'oubliez pas d'enlever les éclats de béton qui ont pu pénétrer les pommes de terre durant l'éboulement. Il est en effet, très désagréable de se découvrir un bout de béton dans la bouche, qui a pu être tripoté par des gens qui ne se seraient pas lavés les mains.
Votre purée est presque prête. Il faut maintenant la finaliser. Prenez votre perceuse et dirigez vous vers la vache. Caressez-la un peu puis, d'un geste brusquement délicat percez-lui la panse à lait. Récupérez le précieux liquide dans une bouteille de verre, pansez la vache, faites-lui un bisou et retournez en cuisine.
Réveillez les deux babouins qui ne devez pas être si jeunes, vous feriez bien de mieux vérifier vos sources, mais surtout, les renvoyer au site d'amazon.Afriquesubsaharienne.Com.uk où vous les avez commandé, en poussant une petite gueulante.
Coupez le gaz sous le fait-tout.
Revenez à votre purée. Ajoutez-y le lait, puis un œuf entier et mélangez.
Ensuite, prenez votre purée avec vous, et partez à Saint-Pétersbourg pour rejoindre le musée-sous-marin soviétique S-189. Payez votre entrée, commencez la visite, puis faussez compagnie aux touristes qui sont avec vous, pour aller dans la salle des machines. Là, mettez en marche le sous-marin. Tout s'allume en rouge à l'intérieur, c'est normal. Maintenant, sortez, et allez à l'arrière du véhicule. Les énormes hélices s'activent furieusement. À ce moment, jetez votre purée sur les hélices et récupérer ce que vous pouvez. Votre purée sera ainsi légère et aérée.
Revenez chez vous pour finir la recette. Posez votre purée sur la table de la cuisine, à côté de la viande au mercure, et allez libérer l'ours qui n'a pas mangez depuis trois jours et qui séjournait dans votre chambre, qu'il a redécoré avec un goût certain de l'anarchie. Laissez-le vous courser dans les escaliers, et amenez-le astucieusement jusqu'à la cuisine. Là, mettez entre vous et lui, la table de la cuisine. L'ours, une fois à l'intérieur,en tentant de vous massacrer, mélangera, comme aucun robot multifonctions ne pourra le faire, votre purée et votre viande. Salez, poivrez. C'est prêt !
Pour le remercier, laissez-le mettre la table, il adore ça. D'ailleurs, beaucoup d'entre-vous, balayent les petites poussières noires après qu'un ours ait mit le couvert. Sachez que c'est une erreur car ces petites poussières, sont en fait des pellicules qui constituent un biscuit apéritif surprenant, et beaucoup moins calorique que toutes les cochonneries qui se vendent dans les supérettes.
Maintenant, il ne vous reste plus qu'à attendre vos invités. Pour patienter, pourquoi ne pas entamer une partie de poker avec l'ours. Attention, vérifiez bien avant, qu'il ne cache pas des cartes sous sa fourrure.

dimanche 28 novembre 2010

za vachè zdarovié!


Georges posa sa casserole pleine d'eau sur le gaz et saisit la boîte de sel pour en verser quelques grains. Il ouvrit l'opercule et en fit tomber, mais le flux se réduisit brutalement. Georges regarda l'ouverture, secoua la boîte et en versa encore. De nouveau, elle se boucha. Il la remua plusieurs fois mais rien n'y fit. Énervé, il alla chercher un tournevis et éclata la boîte. Le sel se répandit sur sa table de cuisine en un tas montagneux. Il fouilla à l'intérieur et découvrit, stupéfait, un bon au porteur russe d'une valeur de 25 millions de roubles. Georges consulta sa montre. Il était 11h30. Il décida de foncer à la banque pour encaisser le bon. Il enfila son manteau, mit le bon au porteur bien au chaud dans sa poche intérieure et éteignit le gaz qui faisait bouillir l'eau de ses pâtes avant de partir.
Arrivé à la banque, il fit part de sa demande et fut reçu dans le bureau de l'un des agents. Georges s'assit et sortit de sa poche le bon, qu'il tendit à l'agent. Ce dernier le contempla un instant puis en saisit les coordonnées dans son ordinateur. Il attendit un moment, regardant son écran, jusqu'au moment où l'ordinateur émit un bip. L'agent fronça les sourcils et s'absenta pour aller voir son directeur. Georges commença à s'inquiéter, son imagination se mit à turbiner. Le bon appartenait peut-être à un agent du FSB qui a survécu avec une balle dans la tête après avoir usurpé un mafieux chez qui il était infiltré et qui lui en a collé une... Mais ce n'était pas possible.
Le banquier revint en arborant un sourire qui se voulait réconfortant. il dit à Georges que tout était réglé, les fonds, soit la somme converties de 796 018, 66 Dollars moins les 25000 de commissions pour la banque, devant être versés sur son compte dans les vingt-quatre heures. Georges en fut soulagé et serra la main moite du banquier avant de partir.
Sur la route, Georges s'arrêta chez un grand bijoutier pour acheter à sa femme une magnifique parure d'émeraude. En repartant, il remarqua qu'une voiture bleue était en train de le suivre. Pour en être sûr, il bifurqua à plusieurs reprises. La voiture suivit un moment puis lâcha l'affaire. Georges rentra alors chez lui, se garant devant son garage. Il ferma sa voiture et se dirigea vers sa porte d'entrée. Dans la rue, un peu plus loin, était garée une voiture bleue, mais il ne la vit pas.
Georges glissa la clef dans la serrure et ouvrit. Il posa ses affaires dans l'entrée et pénétra dans la cuisine où l'eau de ses pâtes bouillait sur un gaz réglé au maximum. Ce qui l'étonna car il lui semblait l'avoir éteint, et de plus, sa femme ne rentrait pas le midi. Du salon émana alors une rumeur au relent d'alcool de patate. Il s'y engouffra et vit, assis à la table du salon, un homme qui semblait l'attendre depuis un moment. Georges, stupéfait, voulut parler mais l'homme prit l'initiative. Il lui dit s'appeler Alexei, ancien agent du FSB qui a survécu avec une balle dans la tête après avoir trahi son patron. Il lui expliqua aussi que le bon au porteur lui appartenait. Il avait été prévenu par un auxiliaire de la banque et était donc venu féliciter Georges pour avoir retrouvé son argent, vu qu'il habiter pas loin. Georges lui dit de rien.
Alexei lui expliqua comme allaient se dérouler les choses à partir de cet instant. Il allait attendre que l'argent soit versé sur le compte, puis, étant recherché par ses anciens camarades qui ont un couteau entre les dents, il vivrait avec Georges et sa femme. Pour officialiser la chose, Georges devra faire passer Alexei pour un fils disparu enfin revenu après 25 ans. Georges voulut lui faire remarquer qu'il était plus jeune que lui, mais il s'en abstint. Alexei serra la main de Georges pour conclure un marché qui n'avait pas trop été négocié, et ils attendirent sa femme pour dîner.
Pour faire passer la pilule, Alexei offrit un verre de vodka à son papa.

vendredi 26 novembre 2010

boutons (la guerre des)


Mitchell se rend dans une concession automobile, pour remédier à un problème qui lui est survenu en cours de route.

- Bonjour Monsieur.
- Bonjour, que puis-je pour vous?
- ...
- Allons monsieur, ne soyez pas timide.
- Bah voilà, c'est un peu personnel...
- Voulez-vous que l'on aille dans mon bureau?
- Non non ça ira. J'ai... J'ai un problème de fermeture.
- Ah! Si ce n'est que ça. Qu'avez-vous comme modèle de voiture?
- Euh, je l'ai sur moi.
- Diantre, ce doit être un bien petit véhicule.
- Ce n'est pas ça.
- Palsambleu, vous me perdez.
- regardez un peu.
- Quoi, votre chemise? Elle est...OH! Elle est maintenue par des épingles à nourrices!
- Précisément. Avant il y avait des boutons mais en enlevant ma veste ce midi, je les ai tous arraché. Et j'ai pas eu le temps de les ramasser par terre, parce que j'étais dans un self-service et il y avait du monde qui circulait et qui donnait des coups de pieds dans les boutons éparpillés sur la moquette.
- C'est triste.
- Cette chemise, c'est ma femme qui me la offerte pour notre anniversaire de re-mariage d'après divorce. Et comprenez bien que si elle la retrouve dans cet état, c'est parti pour un énième divorce et re-re-mariage par derrière, donc des dépenses supplémentaires et non-négligeable pour une si petite broutille.
- Je comprends, je comprends mais... Qu'est-ce que vous voulez que je fasse? N'avez-vous pas essayé d'aller dans une mercerie ou un sec à sec pour faire remettre des boutons?
- Eh non malin gribouille! Le seul magasin de ce genre dans la ville, est dirigé d'une main de maître par ma belle-mère. Si j'y vais elle va cafter c'est sûr, parce qu'elle m'aime pas. Et puis les boutons, j'ai assez donné. Je pensais faire mettre une fermeture éclair.
- C'est pas bête... Mais je crois que j'ai mieux à vous proposer. Si vous me permettez.
- Allez-y allez-y, je suis ouvert à toute proposition.
- Alors... En ce moment on fait une promotion très avantageuse sur les fermetures centralisées. Et vu la chemise, l'installation ne devrait pas prendre trop de temps. En plus, vous aurez votre propre télécommande pour ouvrir et fermer en toute sécurité. Vous ne vous retrouverez plus dans l'embarras, le torse nu à chercher des boutons d'un autre âge. Avec ce système vous allez être à la pointe de la technologie vestimentaire. Votre femme va halluciner et vous jalouser. Pour le meilleur.
- Monsieur, je suis conquis, je vous dis banco!
- Très bien! Prenez place sur le pont élévateur, un des techniciens va venir vous installer tout ça.
- Merci monsieur!

Ainsi, plus tard, Mitchell est parti de la concession propre comme un sou neuf.

mercredi 24 novembre 2010

Moa


En cette fraîche matinée d'automne, Mao décida d'aller tâter du goujon au bord du Yangzi Jiang. Une fois son "spot" de pêche trouvé, il installa son matériel, jeta sa ligne et coinça sa canne contre un morceau de bois. Le temps que ça morde, il sortit de sa besace, le manuscrit qu'il était en train d'écrire et qui regroupe les différentes citations qu'il a pu inventer durant les repas arrosés entre amis.
Mao était bien embêté avec ce livre, car aucune maison d'édition n'en voulait. Il avait essuyé refus sur refus, corrigeant pourtant sans cesse son manuscrit d'après les critiques qui étaient émises. Il tenta alors de se lancer dans la micro-édition, mais il n'arriva pas à composer ses pages et à les sérigraphier. Après tout ce travail, Mao était persuadé que son livre était un chef-d'œuvre. Seulement, il lui manquait ce petit plus qui attirerait le chaland, quelque chose qui accrocherait le regard.
Perdu dans ses pensées, il ne vit pas tout de suite que sa ligne tintait à la surface de l'eau. C'est quand sa canne à pêche faillit faire un plongeon qu'il réagit et bondit pour la saisir au corps afin de remonter sa prise. La lutte fut difficile mais Mao prit le dessus. Il tira sur sa ligne et vit un bonnet rouge percer la surface de l'eau. Il tira encore, et de l'eau, émergea le commandant Cuisto qui revenait, les bras chargés d'amphores, du Grand-Congloué . Il salua Mao mais ce dernier fixait intensément son bonnet au rouge expressif. Cuisto le salua une seconde fois et ne recevant aucune réponse, il fut vexé et retourna à la flotte rejoindre son batiscaphe.
Mao regarda le bonnet s'éloigner, et resta planté au bord de l'eau un bon moment, immobile, encore ivre du choc visuel qu'il venait de subir. Puis d'un coup, il laissa tout son matériel de pêche en plan, et partit faire une maquette approximative de son livre, encadré d'une belle couverture rouge qu'il alla vendre à la sauvette à hauteur de 900 millions d'exemplaires, imprimés depuis son imprimante personnelle de confection nippone.

lundi 22 novembre 2010

store du 2è étage


Martin, après avoir repassé la cinquième chemise de son mari, saisit son autre panier de linge propre et en repassa tout le contenu, composé de rideaux, draps, taies, torchons, mouchoirs. Prise dans une maniaque ferveur frénétique, Martine repassa même le canapé, les factures impayées et les cartes postales sur le frigo.
Pensant en avoir fini, elle débrancha son fer et partit le ranger quand soudain, elle aperçut sur le balcon de son appartement du deuxième étage, le store d'été froissé. Elle alla chercher une grande rallonge dans le cagibi, et en brancha une extrémité à la prise la plus proche du balcon. Elle raccorda l'autre bout au fer à repasser qu'elle posa sur une chaise installée sur le balcon.
Elle tira la table dite "de salon de jardin", grimpa dessus, prit le fer et essaya de repasser le store par en dessous, mais cela se révéla peut pratique. Elle descendit, et poussa donc la table près de la rambarde afin de grimper dessus. Elle longea la balustrade sur la pointe des pieds, et une fois stabilisée, elle saisit le fer encore chaud, et monta sur le store.
Elle commença à repasser, mais sur la toile glissante, le fer ripa et Martine se brûla. Elle en fût déséquilibrée et, le fer à la main, elle dévala le store et fut projetée dans le vide. La rallonge se déroula le long de la chute, et se tendit pour freiner la chute, pile au moment où Martine percuta le sol dans une gerbe de neige.
Son corps fut retrouvé par son mari qui désormais, ne jure que par les chemises infroissables car il ne sait pas repasser et n'a plus personne pour le faire.

samedi 20 novembre 2010

la possibilité pas si inimpossible


Au sommaire cette semaine, il est, dit-on, tout à fait impossible de franchir le mur du son avant de couper un cordon d'inauguration officielle.

Or, en 1989, le 24 Septembre, Raymond Chandelier, maire en sa commune, se leva à 13h50 se croyant un dimanche, alors que le 24 Septembre, en 1989, tombait un mardi, tout le monde le sait. Ayant, pour des raisons budgétaires, supprimés tous les postes de la mairie, il était seul en son royaume. Ainsi, il consulta lui-même son agenda pour découvrir, après avoir déchiffrer son écriture de Toutânkhamon, et les bras lui en tombent encore, qu'il devait assister à l'inauguration du monument aux morts enterrés vivant à 14h00.
Il fonça à bord de son avion hypersonique à statoréacteur qu'il s'était offert avec ses économies, et s'envola à une vitesse ahurissante, pour parcourir les quelques 5 kilomètres qui le séparaient du monument. En plein vol, il consulta son radar, et s'éjecta à 400 mètres du lieu de rendez-vous. Il fondit, en piquet, vers le sol, mais un oiseau à éviter le fit changer de cap. Il faillit heurter de plein fouet la surface d'un fleuve, mais il utilisa sa propre onde de choc pour améliorer sa performance d'approche. La vitesse affolante déformait les traits de son visage et obstruait un peu sa vue, mais il ne rata pas le virage, après le bistrot, qui amenait directement à la place où avait lieu l'office. Il vit quelques officiels regroupés autour d'un gros cailloux sculpté, et repéra la paire de ciseaux dont il allait bientôt faire l'usage. À ce moment, une rafale de vent s'engouffra dans la rue principale et lui fit franchir le mur du son. Un boum retentit, et le maire, en un geste très précis, saisit les ciseaux posés sur le coussin, coupa le cordon, et alla s'écraser un peu plus loin, dans les fourrés.
Le maire se releva, et il fut aussitôt maîtrisé par le service de sécurité, et désarmé de sa paire de ciseaux. Il leur sourit et leur dit qu'il n'y avait là aucune raison de faire un esclandre, car il était le maire. Mais personne ne le crut ni le reconnut. En effet, il faut savoir, que le passage du mur du son, a un effet tenseur qui raffermit la peau et la régénère, vous faisant paraître ainsi beaucoup plus jeune pendant trois à quatre semaines. Donc, bref, il fut jeter en prison pour dégradation de cordon, et de fourrés fraîchement taillés.
Quatre semaines plus tard, au fond de sa cellule, le maire retrouva sa vieille peau de l'autorité municipale. Un gardien de la paix qui passait juste devant, se demanda ce que le maire fichait là. Il en toucha deux mots à ses collègues, et ils décidèrent de trouver une raison plus valable et moins soupçonneuse que celle du maire qui parlait là, d'erreur injuste.
Et à force de chercher, ils finirent par trouver.

Voici donc, encore, une idée reçue démantelée car il est tout à fait possible de franchir le mur du son avant de couper un cordon d'inauguration. Précisons quand même, qu'il est préférable de se lever plus tôt pour éviter quelques désagréments.

Bonsoir.

jeudi 18 novembre 2010

une excuse valable


Herbert se roula dans la farine pour éviter la pluie de météorite. Sorti de la cuisine, il épousseta son costume en alpaga et contourna les moultes cratères profonds causés par la torrentielle tombée de caillasses de l'espace. Il fit quelques pas, quand une météorite s'abattit soudain sur sa maison, la réduisant en un tas de viscères bétonneux. Saisi d'un doute, il vérifia dans la poche intérieure de sa veste qu'il avait bien emporté la béchamel préparée avec amour, celle-là même qu'il devait amener chez sa belle-mère pour le repas du dimanche midi.
Alors, oui, la béchamel était bien dans sa poche, et oui, il tomba bien dans un cratère, vu qu'il ne regardait pas où il marchait. Il s'évanouit.
Lorsqu'il se réveilla, la poussière générée par la pluie de météorites avait obscurcit le ciel et les alentours, offrant une distance de visibilité d'environ cinq centimètres. Herbert tâtonna devant lui. Au loin, il vit des lueurs phosphorescentes. Il s'en approcha et découvrit un troupeau de chèvres radioactives qui, quand elles le virent, se ruèrent sur lui pour lui lécher les chaussures.
Un peu plus loin, un groupe d'Austro-Crêpois qui trempait dans le trafic de trucs qui brillent la nuit d'un reflet vert-jaune, rampèrent jusqu'au bord du cratère, équipés de lunettes de vision de nuit. Cachés sous des crêpes suzettes imitant le pattern de la Lune, ils avancèrent en direction d'Herbert et les chèvres radioactives.
Ces dernières, groupées en troupeau concentré, avaient la même structure interne qu'un transistor FM. Herbert se rendit compte qu'en les déplaçant légèrement, il pouvait changer de station. Il captait une radio qui diffusait la dissolution de l'assemblée Vaticano-nationale quand soudain, une pleïade de crêpes suzettes bondit sur lui. Les Austro-Crêpois se débarrassèrent de leur costume et subtilisèrent les chèvres ainsi que Herbert, pensant qu'il en était le propriétaire.
Ils le ligotèrent dans une usine de pâtes et commencèrent à lui lire l'annuaire pour le faire parler et lui faire avouer que ses chèvres fonctionnaient à piles. Mais il ne dit rien. Une heure plus tard, ils en étaient à la lettre H du bottin. Herbert restait muet. Les Austro-Crêpois le fouillèrent mais à part un sachet de béchamel, ils ne trouvèrent qu'un portefeuille en croco de porc qu'ils fourrèrent dans leur poche avant de disparaître dans un bureau, pour discuter de la manière de le faire parler.
Herbert en profita pour sortir, avec les dents, la lame de cutter qu'il avait toujours sur lui au cas où, cachée comme une barre fer plongée au fond de son calbute. Il sectionna ses liens et disparu, non sans avoir laissé un mot, pour dire qu'il devait s'absenter parce qu'on l'attendait quelque part.
Lorsqu'il sonna à la porte de sa belle-mère, il sortit la béchamel, pour les lasagnes, de sa poche et réfléchit à la meilleure manière d'expliquer son retard sans qu'elle le prenne pour un menteur, un charlatan, un pouilleux, un misérable et un neuneu, enfin bon ça changera pas de d'habitude mais ça le ferait peut-être passer à un niveau supérieur.
La belle-mère ouvrit et Herbert, lui aussi, ouvrit grand la bouche pour s'excuser mais elle le coupa en disant qu'il n'avait pas besoin de dire quoi que ce soit car on lui avait déjà tout expliqué. Etonné, il bascula sur le côté pour voir qui était dans la pièce principale.
Assis à table, à côté de son portefeuille en croco de porc, l'attendaient les Austro-Crêpois et les chèvres qui mangeaient des cacahuètes et buvaient des Daiquiris avec Marie-Antoinette qui jouait avec de la brioche.

mardi 16 novembre 2010

colocation


Hans revenait de la fête à la saucisse. Il traversait son quartier, quand, prêt à pousser la grille de sa maison, un cri strident siffla dans ses oreilles. Terrorisé, il lâcha la grille qui finit sa course en grinçant avec angoisse. Puis de nouveau un cri, plaintif. Une femme. Hans ne sut pourquoi, mais il décida d'en chercher l'origine. Sûrement un moyen pour lui d'accomplir la bonne action qu'il n'avait pas faite ce matin en donnant quelques centimes au malheureux qui zonait à côté du stand à saucisse. Le cri retentit encore, ce qui permit à Hans de localiser sa position. Il s'approcha alors d'un puits. Dans l'obscurité du trou, il discerna une forme qui émit un soulagement lorsqu'il passa la tête. Ni une, ni deux, Hans chercha un moyen de faire remonter la pauvre bougre.
Prêt du puits, il vit un garage accolé à une maison. À l'intérieur du garage, il prit une corde à l'aspect défraichi.
Dehors, il jeta la corde au fond du puits, posa le pied contre la paroi du trou et cria à la dame de s'accrocher. Il commença à la remonter. De temps en temps, il jetait un rapide coup d'œil au fond pour voir où elle en était. Mais soudain, dû au frottement contre la paroi, la corde s'effila. Hans dut accélérer la remontée, et le visage de l'inconnue lui apparut enfin dans sa globalité. Il stoppa net, transit d'un amour foudroyant pour cette demoiselle qu'il tirait d'un puits comme un gosse pioche une peluche dans la boîte à grue de la fête foraine. La corde elle-même, céda sous le charme, renvoyant au fond du panier la nouvelle promise de Hans. Durant sa chute, il crut la voir lui faire signe de la rejoindre. Il en conclut qu'elle aussi était sous le charme et qu'elle voulait s'installer avec lui, toute la vie, au fond de ce puits, lieu sacré de leur divine rencontre.
Le sémillant Hans défonça la porte de la maison à côté du puits, et examina l'intérieur. Lui qui n'avait jamais emménagé avec une fille, il se demanda quels étaient les meubles et ustensiles les plus indispensables. Il prit deux tabourets, une table, une cafetière, une télé, un réchaud, une casserole, une poêle, des couverts, un tapis, une lampe, un lit, et se dit qu'il irait faire les course demain.
De retour au puits, il jeta l'ensemble au fond du trou. Sa dulcinée gémit. Il prit cela pour de la jubilation et sauta à son tour.
Ils auraient tout à fait pu être heureux si elle n'avait pas péri étouffée, et lui empalé sur un pied de table.
Depuis cet incident, une nouvelle loi, interdit aux jeunes mariés d'emménager ensemble avant d'être sûr de connaitre les goûts en arts et décorations de chacun. Une dérogation peut être demandée pour les jeunes couples dont la somme des âges équivaut à 164 années révolues.

dimanche 14 novembre 2010

le beau geste


il y a quelques mois, Philippe H. 35 ans, eut le geste salutaire, aux abords de l'Himalaya.
Un peu plus tôt, déjeunant au restaurant l'Hymalohfez, à Butwal au Népal, Philippe décida d'aller aux toilettes pour faire ses commissions. Se retrouvant dans un lieu d'aisance aux vitres et portes transparentes, n'offrant que bien peu d'intimité, il décida de sortir par la lucarne arrière, armé d'un rouleau de papier hygiénique, afin de larguer ses pêches sans se faire voir.
Il marcha un bon bout de temps et finit par gravir la chaîne de l'Himalaya, et en particulier, le sommet de Makalu, qui culmine à 8463 mètres.
Arrivé en haut, enfin persuadé que personne ne pourrait le zieuter, il commença son œuvre. Mais soudain, due à une température particulièrement basse, sa crotte se figea à la forme d'un piolet. Philippe fut dans l'impossiblité de s'en séparer à cette fraîche altitude. Il remonta son pantalon comme il put et entama comme il put, une descente afin d'atteindre des températures plus propices.
À 6357 mètres, un cri strident retentit. Celui d'un alpiniste en difficulté. La roche avait cédé sous le coup de son piolet et il était suspendu dans le vide, juste à deux mètres environ du bord de la falaise. Philippe hurla qu'il arrivait. Il claudiqua jusque là, se coucha sur le ventre et se laissa glisser. Il s'agrippa tout près du bord et tendit sa crotte-piolet, comme une perche de secours.
L'alpiniste s'y accrocha et remonta tout le long, sain et sauf.
Pour le remercier, voyant que Philippe était bien emprunté avec sa béquille de déjection, il sortit de son sac, un réchaud pour le dégager de son handicap.
Un peu plus tard, ils redescendirent pour que Philippe puisse payer l'addition à l'Hymalohfez.

Philippe et l'alpiniste, dédicaceront le livre témoin de leur aventure, "à la force du piolet", ce jeudi à 14h00, dans le petit salon de la librairie du Petit Macacaron.

vendredi 12 novembre 2010

the initials


Johnesy roulait dans le cœur de Mirmande au volant d'une MG Midget Roadster de 1963, à la capoté repliée et aux vitres abaissées, dissimulées au sein des portières. À ses côtés, une belle brune, aux interminables jambes de cuir et aux bijoux d'or et d'argent, soupirait d'admiration, à l'écoute de ses exploits. Pour la ferrer, il lui avait raconté qu'il était directeur de casting de tornades pour les studios de la Emegéhaime. Et sans demander son reste, elle avait quitté le pub en sa compagnie.
La voiture roulait à vive allure. Pour réchauffer la demoiselle, Johnesy lui passa son trenchcoat auquel elle devait prendre grand soin. Pour faire le paon et montrer qu'il connaissait son métier, il lui toucha deux mots au sujet de l'effet papillon mais elle ne pipa aucune parole. Johnesy préféra un instant se concentrer sur la conduite de son engin, histoire d'oublier que sa voisine n'était pas fute-fute.
Par une étrange coïncidence, l'utilisation d'un aspirateur à pleine puissante, branché sur la prise du salon, aux alentours précis de 23h42 avait le même impact que l'effet papillon. Mais cela, Madame Kassbürhn ne le savait pas quand elle décida d'aspirer le tapis du salon à 23h42 pour faire suer son mari qui l'avait vilipendé quelques heures auparavant, pour avoir concocter une soupe tout simplement dégueulasse.
Sur la route de Mirmande, le vent se leva brusquement, faisant faire une embardée à la MG. Johnesy regarda dans le ciel et continua sa route en opposant une résistance plus grande sur le volant, pour ne pas se retrouver dans le fossé.
Le vent devint de plus en plus virulent. La brune s'emmitoufla dans le trenchcoat. Au loin, Johnesy aperçut ce qui ressemblait à un vortex de vents violents. Certes, il n'était pas directeur de casting de tornades, mais comme tout le monde, il en avait vu dans des téléfilms américains. La tornade s'intensifia et soudain, un bruit sourd et violent déchira le ciel. La brune se cramponna au cou de Johnesy qui l'éjecta dans son siège passager. La tornade, ayant franchit le mur du son, fonçait sur eux à une vitesse de 1224 km/h. La voiture devint de plus en plus incontrôlable. Johnesy tenta de faire demi-tour, écrasant la pédale d'accélération, mais le véhicule fut aspiré par le tourbillon de force F8 selon l'échelle de Tetsuya Théodore Fujita, université de Chicago, 5801 South Ellis Ave., Chicago, IL 60637.
Johnesy et la belle brune s'accrochèrent tant bien que mal aux solides portières de la MG. Johnesy lui dit de ne pas s'inquiéter mais la brune ne sembla plus trop terrorisée. En effet, les yeux plissés, elle regardait la tornade, de l'intérieur, et semblait réfléchir. Soudain, alors que le toit d'une maison frôlait la carrosserie de la MG, la brune demanda à Johnesy pourquoi il n'auditionnait pas la tornade. Il la regarda, étonné, puis bafouilla un truc comme quoi bon c'était pas le moment, tu vois bien qu'elle est occupée. Mais la brune ne lâcha rien et continua à le bassiner en lui disant que c'était une grande opportunité, qu'elle l'avait déjà vue quelque part, elle savait plus où, ah mais si, à la télé, dans un film sur les tornades, enfin elle croyait que c'était elle, pas trop sûre, mais ça valait le coup de demander, non? Johnesy remonta ses épaules dans un signe d'indécision et commença à avoir les abeilles, soulé par cette pot de colle furibonde.
Il lui proposa alors de la déposer quelque part. Elle s'en étonna car ce n'était pas comme cela qu'elle avait envisagée la suite de la soirée. Avant qu'elle puisse encore argumenter, il lui dit encore de bien prendre soin de son manteau car il viendrait le récupérer. Et sur ce, dans un effort à faire clacher les sphincters, il dégrafa la ceinture de la brune, ouvrit la porte et la congédia au cœur de la tornade. Il ne la quitta pas des yeux, pour savoir où elle allait atterrir. Il la perdit de vue un court instant, mais une ouverture se pratiqua dans la tornade, et il put voir la brune tomber à côté d'une plaque à initiales.
Johnesy, enfin seul, put profiter tranquillement de la tornade. Il fut balloté dans tous les sens, admirant ainsi les particules s'entrechoquer, les cabinets de dentistes embrasser des usines de raviolis.
Plus tard, sa voiture fut miraculeusement déposée sur un arbre centenaire en équilibre, planté dans un building roulant sur des boules de bowling, la tornade continuant son chemin. Bon, il était temps que cela s'arrête pour Johnesy car, ce voyage devenait un peu lassant et lui filait une nausée incroyable.
Il épousseta sa chemise, sortit de sa voiture pour se diriger à l'intérieur du building en passant par une fenêtre brisée, et prit l'ascenseur. Une fois dehors, les pieds bien plantés sur le sol ferme d'un bitume éclaté, il activa un bippeur qu'il sortit de sa poche. Sur l'écran de l'appareil, un signal lumineux clignotait, indiquant une position. Johnesy remonta la trace de la tornade. Au bout de quelques kilomètres, le signal lumineux de son bippeur clignota avec plus d'intensité. Johnesy fit encore une poignée de pas puis le signal devint continu. Il aperçut alors la plaquequi se révéla être gravée aux initiales B.B. Il regarda alors au sol, et retrouva enfin son manteau, baignant dans le sang, et entouré de cuir noir, d'or et d'argent. Il se baissa pour le ramasser, l'épongea, puis l'enfila afin de rentrer chez lui, couvert, sous un ciel menaçant.

mercredi 10 novembre 2010

faire ..ier


Timmy poussa la porte de la seule et unique boulangerie de la région aux alentours de 16h. Le magasin était étonnamment bondé. Il dût d'ailleurs se frayer un chemin et se coincer juste derrière la porte qu'il venait de contourner. Il fit donc la queue, et en profita pour réfléchir à ce qu'il allait prendre pour le goûter de ses enfants. Deux pains au chocolat ferait l'affaire. Une dame essaya d'entrer, poussant la porte à répétition dans le dos de Timmy. Espérant qu'elle pourrait lire sur les lèvres, il lui dit d'arrêter et de patienter à l'extérieur. Elle ronchonna et essaya quand même d'entrer. Timmy colla alors son pied tout contre la porte et lui grimaça que du pain, de toute façon, il y en aurait encore demain. Offusquée, elle donna une gifle à la porte et s'éloigna.
Devant lui, la file diminua rapidement, chaque client repartant avec dynamisme, muni d'une montagne de pain qu'il portait à bouts de bras comme si c'était l'enfant jésus.
Enfin son tour arriva et Timmy commanda donc deux pains au chocolat. Pendant que la boulagnère les empaquetaient, il regarda les baguettes qui s'entassaient dans leur fourreau. La boulangère revint, tapa le prix sur sa caisse enregistreuse et demanda sèchement si c'est tout ce qu'il lui fallait. Les yeux toujours fixés sur le pain, il s'interrogea tout haut pour savoir s'il devait en prendre. Soudain, avant même qu'il s'en aperçoive, la boulangère lui chopa le col, le souleva par dessus le comptoir, le regarda avec des yeux assassins et lui postillonna que lui, petit branquignole, il avait plutôt intérêt à prendre immédiatement la blinde de pain parce que demain c'est férié, donc c'est fermé et y aura pas une once de miche à 500 bornes à la ronde, alors il en prend combien le guignol parce qu'ici on n'est pas à la fête à neuneu.
Un long filet d'urine courut le long de la jambe de Timmy. Peu enclin à la fugacité de la violence urbaine, il avait relâché tout ses muscles. Ainsi, il s'écroula par terre quand la boulangère le lâcha. Et lorsqu'il se releva, ce fut pour acheter tout le stock de pain.
Il se fraya un chemin au travers de la clientèle déchaînée parce qu'il avait pillé la boulangerie.
Il fonça à sa voiture, posa le mausolée de pain sur le toit et chercha désespérément ses clefs dans sa poche alors qu'une horde de ronchons s'approchait dangereusement. Timmy retrouva ses clefs, ouvrit la portière arrière, y fourra son stock, grimpa dans son véhicule et verrouilla les portes. Les hargneux commencèrent à tambouriner et baver sur sa caisse, voulant la retourner comme une crêpe. Il démarra mais une baguette bloquait son pommeau de vitesse. Il dût la briser pour y accéder, et partit en trombe, laissant ses assaillants sur le carreau.
Une fois rentré chez lui, après avoir parcouru 300 km sans se retourner, il enterra le pain dans son jardin, sous le cerisier de Washington.
Ses filles rentrèrent un peu plus tard, affamée. Timmy voulut leur offrir les pains au chocolat mais il lui fut impossible de remettre la main dessus car il les avait laissé sur le comptoir de la boulangerie. Il leur proposa du pain plein de terre à la place, mais elles refusèrent et décidèrent de porter plainte pour contre-bande de produits issus du mariage fructueux de farine, d'eau et de sel et aussi pour maltraitance gustative et gastronomique.

Timmy purge actuellement une peine de 842 ans d'emprisonnement au pénitencier de San Quentin, comté de Marin, Californie.

lundi 8 novembre 2010

charme rompu


Camille, pousse-caddie de profession, mit un paquet de frites surgelées dans son escarcelle de métal et barra le dernier mot sur sa liste de course. Saisie, comme à son habitude, par le doute, elle fit un ultime tour dans le magasin, pour être sûre de ne rien n'avoir oublié. Elle aimait bien ça Camille, se baladait dans les rayons des hypers, sans compromis, sans compte à rendre. Elle était dans celui-ci depuis bientôt 8 heures. Elle le connaissait par cœur et pourrait très bien s'y déplacer les yeux fermés. Cette pensée la fit frémir d'un désir inattendu, celui de vibrer et progresser à l'aveugle, à l'odeur des rayons de pantoufles, de produits de nettoyages, de charcuterie, de fromage, de sou-tifs et couches culottes au saint-nectaire.
Camille ferma les yeux et poussa son caddie. Elle avala les mètres de carrelage blanc, se laissant guider par les substances qui percutaient ses poils de narine. Elle tournait à gauche, à droite, cherchant ce qu'elle pourrait avoir oublié. Elle traversa le rayon frais sans encombre jusqu'au moment où une odeur étrange vint la perturber. De l'eau de Cologne au rayon frais? Son sens de l'orientation en fut tout chamboulé. Elle ne sut plus où elle était exactement. Prise de panique, elle sortit rapidement du rayon frais, mais la roue avant gauche de son caddie percuta une tête de gondole qui vendait des pet-pitos. Camille perdit le contrôle de son véhicule, qui s'écrasa contre un banc de promotion. Camille fut éjectée dans l'étalage, qui vendait de la viande sous vide, et perdit connaissance.
Lorsqu'elle se réveilla enfin, Camille fut aveuglée par les néons du haut plafond. Elle tenta de faire bouger ses muscles, mais elle était pétrifiée par le lit de viande, sur lequel elle reposait. Soudain, elle discerna une forme humaine qui semblait venir de très haut. C'était un homme d'un âge plutôt avancé. Camille le vit se pencher au dessus de l'étalage et tendre le bras vers elle. Elle sentit une immense chaleur quand il apposa sa main sur son avant-bras. Elle se mit alors à se réchauffer puis à suer comme un bœuf. Puis l'homme retira sa main et s'éloigna sans un mot. Revigorée, Camille put se relever et observa son sauveur. Elle reconnut alors celui dont elle avait lu, plus jeune, les exploits dans la "Bible : Annihilation", celui qui fait pisser les gens par les pores de leurs peaux, le saint aux ailes d'eau : l'Ange de la Transpiration.
Camille était encore sous le charme quand le service de sécurité vint l'intercepter et la foutre dehors à grand coups de pompes dans le haut fessier avec un avertissement avant exécution pour vandalisme et destruction de marchandise sur la voie de consommation.

samedi 6 novembre 2010

c'est pas bête


Une vente aux enchères chez Sotheby.

- Dix millions à ma droite !
Onze millions pour le monsieur dans le fond!
BILIBILIBILI
- (tout bas) Allô? Chérie je travaille là. Quoi? Oui j'en ai acheté, je la ramène après. oui oui allez à toute à l'heure.
(aparté) Merde, j'ai oublié d'acheter de la farine pour les crêpes des gosses... Et vu l'heure, je suis pas encore sorti, tout sera fermé... je vais me faire engueuler...
(reprenant) HUM! Alors!
Onze millions et trois dollars pour la dame au premier rang!
- ...
- Aucune autre offre?
- ...
- Onze millions et trois dollars une fois!
- ...
- Onze millions et trois dollars deux fois...trois fois... adjugé vendu!
Ce magnifique presse-purée ayant appartenu à Gœbbels est maintenant la propriété de la dame du premier rang.
clap clap clap.
- Le prochain lot, a appartenu à un animateur d'émissions de télévision qui n'est pas dans le besoin, mais qui souhaite se débarrasser d'un colis trop tentant.
Voici donc, dans un sachet en plastique, noué avec un pipiou de ferraille, 500 grammes de cocaïne pure, retrouvé dans la gueule de son chien qui commençait à le mâcher.
La mise à prix est de 15 euros.
- ...
- Bref, hum. Allons, allons, enchérissez! 16 à ma gauche!
29 à ma droite!
300 à ma toute droite!
350 à... non 800...950... 1260 à gauche!
2500, allez un peu de tonus s'il vous plaît! Oui! 4500 au fond, c'est mieux!
8000, pas encore assez! 12000 au second rang pour la dame qui dit mieux?
12500 à droite... 12600 à gauche... 12750...ça se tasse on dirait...
12760 au fond pour le petit vieux...
- ...
- Alors 12760 une fois... 12760 deux fois... personne ne veut surenchérir sur cette poudre blanche?...
(aparté)... à moins que... héhé...
(reprenant) Alors, douze mille sept cent soixante............... (suspense).................et je rajoute trois euros cinquante de ma poche! Une, deux, trois fois! C'est à moi!

Sur ce, le juge, adjudicataire, s'empara du sachet, et couru vers la sortie tout en signant un chèque qu'il jeta sur le perron avec les trois euros cinquante qu'il avait au fond de sa poche de pantalon.
Plus tard, il rentra chez lui. Sa femme n'était pas encore arrivée. Très vite, il fouilla dans la poubelle pour trouver un paquet de farine vide. Il le défroissa, sortit de sa poche, le sachet en plastique et en vida le contenu dans le paquet, qu'il plaça ensuite, l'air de rien, dans le placard.