jeudi 30 décembre 2010

faire-part


Aline d'Isidore Bois de Sèvre en Noix de Cageout,
fille de Edmond III de Bois de Sèvre, Duc Onlagoie et Suzanne Noix de Cageout, Vicomtesse de Vichicelaistain,

&

le Baron Hugues de Zoumzoumzen du Fon de Massie Troëne,
fils de Gearles Zoumzoumzen, archer de sa majesté, et Sunny Fon de Massie Troëne, Dauphine du concours Lépine,

sont fier de vous annoncer qu'ils s'entretueront pour une dinde demain soir,
au domicile familial, situé dans la chaste commune de Glouglou-en-Barœul.
Vous êtes cordialement invité à regarder, et même à participer, en achevant l'un des deux partis s'il ou elle venait à ne pas rendre l'âme, dans le temps imparti des douze coups de minuit.
Le chemin pour accéder à la demeure, sera indiqué sur des pancartes
scotchées aux poteaux de signalisations.
Apportez vos cacahouètes, vos chips et votre pack de six.

mardi 28 décembre 2010

la squadra


Dans la plus haute sphère de l'église romaine, le Pape Jean-Pierre Papaing III a réuni 22 de ses plus hauts dignitaires, triés sur le volet, pour leur faire part de sa stratégie offensive de 2011.

Un cardinal se jette à l'eau.
- Franchement, je le sens pas
- M'en fous, c'est moi qui décide! Dit le Pape qui bave de colère derrière son bureau.
- Pfff, mais on n'y connaît rien dans votre truc. Parlez nous de saint suaire, d'évangile, ou de plus belle la vie, là on est calé mais...
- Mais quoi! C'est si difficile de lever son cul de son siège et de courir et frapper dans une balle ?
Silence dans la salle.
- Remarquez, il a pas tort. On bouffe comme des ogres, à un moment, faut éliminer, fayote un des Cardinaux.
- Faux cul! Souffle-t-on dans la salle.
Le Pape voit rouge.
- Allons qui a dit ça!... Allons! Très bien sortez tous. Allez allez sortez sortez sortez! Vous allez comprendre votre douleur. Dois-je vous rappeler que votre côte de popularité est au plus bas ? Je me creuse la caboche pour re-dynamiser votre image, parce qu'on est d'accord tous, hein, ce n'est pas vous qui allez le faire. À part traîner la savate dans les couloirs vous foutez rien! Et c'est comme ça que vous me remerciez, en me traitant comme un prof de banlieue à risques! Mais le couteau, c'est sur votre table que je vais le planter. Je vais vous faire plier. Vous aurez plus besoin d'aller pisser avec tous les litres de sueur que vous allez perdre. Vous allez me faire le programme d'entraînement Cantona que vous trouverez décrit dans ses moindres détails, page 3 du livret posé sur votre table.
La salle râle.
- J'ai les pieds plats, se plaint un Cardinal.
Le Pape saute par dessus son bureau en grognant, et avant qu'il n'est pu se réceptionner au sol,un concert de chaises tonitruant grince et les cardinaux jaillissent de la salle. Le Pape époussette son survêt, quand un doigt se lève de la pièce qu'il croyait vide.
- On dit pas plutôt les Cardinaux?
Le Pape se retourne brusquement.
- QU... Qu'est-ce tu fous encore là ?
- Je vais y aller mais juste que c'est pas très correct les Cardinals. C'est les cardinaux, corrige le Cardinal.
- C'est ta phrase qui n'est pas correcte! Sur-corrige le Pape. Les Cardinals ça fait plus américain! L'avenir est outre-Atlantique. Si on veut percer, faut que les mots sonnent, que ça claque! Dans le soccer, les noms d'équipes, ils t'emmènent ailleurs, ils te font rêver d'un monde meilleur. Imagine les "Cardinals" scandés dans le stade alors que vous pénétrerez sur le terrain! Dit le Pape, la larme à l'œil. Je vais faire de vous des tueurs des surfaces. Une nouvelle page du sport américain est en train de s'écrire.
- C'est beau. Il y aura des pompom-girls?
- Allez file gamin, vas t'entraîner, la saison va bientôt commencer.
- Oui Papa!

dimanche 26 décembre 2010

confession


Odette et Odin reviennent d'un déjeuner où ils ont apprécié chacun des quatre plats présentés. Un feuilleté d'escargots, une cuisse de canard amande et figue accompagné d'un gratin dauphinois, un plateau de fromages, puis une bûche au café. On les retrouve plus tard le soir, chez eux, installés dans le canapé, pour cette courte analyse.

Odette regarde le poste de télé, l'air navré.
- Y a vraiment plus que des conneries à la télé.
- Boup kssssssssssssss, dit Odin.
- Avant c'était drôle et fin, maintenant tout est vulgaire et tape à l'œil... Tu trouves pas ?
Odin semble perdu dans ses pensées. Puis il dit :
- Finalement, il y avait trop de crème dans la bûche, pas assez de génoise. La pauvre, elle avait une épaisseur d'une pièce de cinq centimes. Non, c'est dommage, la crème était bonne, mais l'équilibrage mauvais donc ça devenait écœurant.
- Pourquoi tu dis ça maintenant ? s'étonne Odette.
- Je viens d'avoir un relent, le dessert m'ait remonté en mémoire.
- Bravo c'est raffiné.

vendredi 24 décembre 2010

anti-patinage


En ses traditionnelles fêtes de fin d'années, Josie s'apprêtait à recevoir la visite de ses grands enfants pour le réveillon de noël. Le repas était presque terminé, ne lui restait plus à faire que la bûche, dessert succulent qui allait faire vibrer les papilles de ses invités. Josie s'attela à sa réalisatione. Elle prépara ses ingrédients et se rendit compte qu'il lui manquait du lait. Il fallait qu'elle aille en chercher, son repas demeurerait inachevé sans ce dessert et elle ne se le pardonnerait jamais. Elle regarda par la fenêtre où les flocons tombaient dru, déposant sur la route, une grasse pellicule de neige vicieuse. La voiture de Josie étant une propulsion, si elle sortait comme ça, elle allait se foutre au tas sans concession. Elle appela une amie pour lui demander de l'emmener mais son mari avait emprunter le véhicule. Par contre, elle lui dit, l'ayant lu dans un magazine contemporain, qu'il fallait mettre des parpaings dans son coffre pour alourdir la voiture et ainsi, éviter de patiner.
Josie la remercia, raccrocha et réfléchit à cette brillante éventualité. Le problème, c'est qu'elle n'avait pas de parpaings. Il y en avait bien qui avaient servi à la construction du garage, mais elle s'imaginait mal en abattre les murs pour en récupérer. Par désarroi, elle s'effondra devant la télé, à moitié vaincue. Un film de gangsters américain était diffusé. Aller à pieds au magasin était inconsidéré, il était situé à plus de 10km, pensa-t-elle. C'était foutu, pas de bûche à noël tant pis, les enfants la banniraient de leurs vies pour cet affront. Puis soudain, alors qu'elle ne le regardait qu'à moitié, une séquence du film attira son attention, et lui donna une idée pour remplacer le poids des parpaings.
Regonflée à bloc, Josie enfila ses moonboots et sonna chez son voisin le veuf. Il eut à peine le temps d'ouvrir qu'elle lui assena un violent coup de couronne de houx qu'elle avait décroché de sa porte. Elle le bâillonna sur le perron, le tira jusqu'à son garage et le mit dans le coffre de sa voiture.
Josie démarra. Les roues patinèrent un peu, puis les pneus accrochèrent l'asphalte, emmenant Josie vers la brique de lait. Elle croisa sur le chemin, nombre de voitures en travers, dont les propriétaires regardaient avec envie la voiture stable de Josie, prêts à tout donner pour connaître son secret.
revenue chez elle, sans accrocs, Josie prépara avec amour sa belle bûche qu'elle réserva au frais en attendant ses enfants.
Un peu plus tard, le téléphone sonna. Au bout du fil, ses enfants lui expliquèrent qu'en raison des conditions climatiques, ils ne pourraient pas venir. Josie tenta de leur expliquer son astuce mais rien n'y fit. Toutes les routes étaient de toute façon bloquées par chez eux. Josie, déçue, déposa le combiné. Elle ne s'attendait pas à passer encore un noël toute seule. Elle posa négligemment sa main sur la table de la cuisine et se piqua avec une couronne de houx. La douleur agît comme une note posée sur la porte du frigo.
Josie courut à son garage pour libérer le voisin. Elle l'invita à manger pour se faire pardonner et vu qu'il était seul et qu'il n'avait rien de prévu, il accepta.
Le dîner fut une réussite, ponctué par une bûche somptueuse.

mercredi 22 décembre 2010

histoire de la peinture (1) : mea culpa


Grünewald enfila son manteau et claqua la porte de l'appartement. En descendant l'escalier, il ne pouvait s'empêcher de pester contre sa bonne femme qui voulait qu'il arrête la peinture et lance sa franchise de resto-routes, un marché bien plus porteur en ce début de 16e siècle que des croûtes sans âme.
En ce mois de décembre 1510, la neige tomba en masse, recouvrant la totalité des rues de Mayence. Grünewald qui souhaitait faire un tour hors des sentiers battus observa avec effroi, des calèches et chariots stoppés net en travers de la route.
Résigné, il arpenta les rues, réfléchissant à une nouvelle composition picturale qui pourrait clouer le bec de sa mégère. Perdu dans ses pensées, Grünewald ne prêtait pas trop attention aux conditions dans lesquelles il évoluait. Plus il avançait, plus la couche de neige s'épaississait. Et bientôt, Grünewald se retrouva avec de la neige jusqu'au cou. Réalisant qu'il ne pourrait aller plus loin, il tenta de faire demi-tour. Mais il était pris au piège par la neige qui s'était consolidée et tombait à nouveau drue. La couche s'épaissit. De la neige s'infiltra dans son manteau, et bientôt, Grünewald fut complètement enseveli. Plongé dans l'obscurité, il commença à paniquer et des images mentales de sa funeste destinée le submergèrent. Quantité de larmes coulèrent le long de ses joues et la glace fondit à leur passage. Observant ce phénomène scientifique, il reprit espoir et se mit à penser aux évènements les plus tristes qu'il ait connu. Il pleura à flots, créant ainsi une petite cavité devant son visage qui lui permit de mieux respirer. Malheureusement, cela n'était pas suffisant pour le faire sortir de sa prison de glace. Il entonna alors une poignée de chansons graveleuses. Mais la fatigue le submergea, sa voix faiblit et le silence régna.
Grünewald se sentait partir quand des pas résonnèrent à la surface. Puis soudain, l'on se mit à gratter et la lumière percuta ses rétines congelées comme un coup de griffe. Grünewald fut remonté à la surface par Saint-Antoine qui avait entendu une voix de ténor émerger de la neige. Il discuta le bout de gras avec lui, et avant même d'être revenu chez lui, ils étaient devenu copains comme cochon et il connaissait tout de lui et de ses envies.
Plus tard, pour remercier Saint-Antoine, Grünewald se mit à peindre les tentations de ce dernier dans lesquels il injecta un peu de son vécu, piégé dans la neige pour rendre le tableau plus affriolant parce qu'en réalité, à part le chocolat, il n'y avait pas grand chose qui tentait Saint-Antoine.
Sa femme trouva que ça avait de la gueule, et elle abandonna son idée de resto-route.

samedi 18 décembre 2010

snif


Ce matin, les gendarmes d'Azerty/Up, ont fait une bien macabre découverte, après avoir reçu l'appel d'un citoyen qui se plaignait de l'odeur résineuse se dégageant de l'appartement du 2è. Dépêchés sur les lieux, ils ont trouvé, après avoir enfoncé la porte de l'appartement, les cadavres de deux conifères appartenant à la famille des Araucaria heterophylla, célèbre pour leur putch contre les fêtes de fin d'années. Les sapins, étouffés dans de la toile grosse maille, gisaient vulgairement sur le sol bétonné de l'entrée. Nul doute pour les gendarmes, choqués par une telle vision d'horreur, que c'est là, un coup du groupuscule terroriste "Xmas Hell's Angels" qui perpétue la tradition du sapin de noël malgré l'arrêté préfectoral du 12 Février 2022 qui interdit le port du sapin à boules. Le locataire de l'appartement a quant à lui, mystérieusement disparu. Les sacs de boules et de guirlandes retrouvés sur la table de la salle à manger laissent à penser qu'il a quitté précipitamment les lieux. L'enquête est ouverte.

jeudi 16 décembre 2010

vidéostein


Dans la salle secrète de pressage gold d'un laboratoire secret, siégeant dans les tréfonds d'une île enneigée que l'on ne peut trouver sur son GPS même avec une mise à jour, le professeur Krisberth Von Numerick insufflait encore quelques grammes de génie à sa diabolique création. Des bloup-bloups liquoreux circulaient de fioles en fioles dans des tuyaux de verres, changeant trente fois de couleur par seconde, et inondant la pièce d'un stroboscopisme hypnotique. Le professeur, installé sur son ordinateur, transféra les derniers fichiers vers sa création, un cube de composites, recette familiale. Puis il saisit avec précaution l'objet sur lequel il travaillait avec tant d'acharnement, et le plaça au milieu d'une machine d'acier titanesque qui ronronnait et suintait. Un bouton actionné, et la machine se mit en branle, pressant hydrauliquement et avec férocité, le cube diabolique qui semblait couinait sous la force qu'il subissait.
Enfin la machine s'arrêta. D'un nuage de fumée, le professeur retira un disque carré percé en son milieu. Jubilant comme une pompom girl à la mi-temps d'une rencontre sportive, il prit l'ascenseur qui l'emmenait au sommet de la tour secrète de son laboratoire secret, caché dans une île vous savez la suite. Ding, la porte de l'ascenseur s'ouvrit, et Krisberth Von Numerick, aveuglé par la lumière du jour, brandit vers le ciel sa révolution technologique, éclatant d'un rire à gorge déployée qui laissait entrevoir une dentition malmenée par les aléas des plats tout prêt, réchauffés au micro-ondes. Puis, pour appuyer sa diabolique découverte, un orage azazelien éclata. BROUM BROUM ! Le professeur venait d'inventer le KVN, Karré Vidéo Numerick, nouveau format vidéo qui allait permettre de stocker plus de huit billiards de films sur une seule galette, dans toutes les langues et sous-titres possibles, avec les différentes versions, les making-of, les jeux-concours, les commentaires de l'équipe technique, une qualité cinéma, un son qui déboîte. Finit les étalages capitalistes dans les magasins spécialisés. Maintenant, un seul produit trônera fièrement au milieu de l'échoppe : le KVN ! Krisberth Von Numerick ria à nouveau d'un rire à gorge déployée.
Un peu plus loin, dans les profondeurs de la mer intérieure de Seto, un bip strident résonna dans le sous-marin Sony-Alabama. Sur des écrans de contrôle, des technocrates japonais observaient une forte activité technologico-belligérante, dans les tréfonds d'une île que l'on ne peut trouver sur son GPS, même avec une mise à jour. Une étude plus approfondie du problème leur révéla que leur frêle support bluray était mis en danger par un nouveau support vidéo qui allait couler toute l'industrie. Soudain, le sous-marin baigna dans une lumière rougeoyante signifiant qu'il leur fallait agir sans plus attendre. Le Général contacta ses troupes d'usines en Chine qui envoyèrent une pléthore d'avion-cargo qui larguèrent des parachutistes adeptes du kung-fu au dessus de l'île enneigée du professeur Krisberth Von Numerick.
Le professeur, au sommet de sa tour secrète s'arrêta de rire et reprit l'ascenseur pour aller manger. lorsque la porte s'ouvrit à l'étage de la cuisine, il se retrouva nez à nez avec un chinois qui occupa tout son champ visuel. Un silence s'installa. Le professeur fit un pas de côté dans l'espoir de passer mais il vit derrière son obstacle, toute une armée de chinois. Il eut à peine le temps de papillonner des yeux que les deux-cent-trente-quatre chinois se ruèrent dans l'ascenseur, dont la porte se referma, et abattirent leur technique kung-fu pour le neutraliser. Lorsque la porte se rouvrit, tous les chinois s'évaporèrent, laissant le pauvre professeur exhaler son dernier souffle. Avant de partir, un chinois prit des doigts morts et refroidis du professeur, le fameux KVN, et le fourra dans la poche.

mardi 14 décembre 2010

LEDMRFRH


Pour redorer son blason dans un royaume en proie aux doutes, et aux difficultés économiques, Henri III de France, décida, dans sa majestueuse bonté, de montrer l'exemple, en vendant des magnétoscopes sous le manteau au parc Saint-Cloud. Grand fan de comics américains, C'est masqué, qu'il agissait pour le bien du royaume. Cachée sous son épaisse tunique brodée, une collection complète de VCR, Bétamax, Bétacam, SRV, V2000, VHS, disponible immédiatement, et à des prix défiant toute concurrence pour l'époque. Henri agît ainsi dans l'ombre durant quelques années, rééquilibrant les comptes du royaume et propulsant la VHS au rang de support standard.
le moine Jacques Clément, de la ligue catholique, qui connaissait le secret du roi, ne vit pas ça d'un très bonne œil, car l'enregistreur de cassette permettait la divulgation d'images hérétiques.
Jacques tenta d'assassiner Henri III de France en le poignardant, alors que ce dernier négociait un Groundig SRV, mais le roi le sentit venir et lui fait une clé de bras pour le désarmer. L'altercation attira l'attention, Henri s'enfuit, quittant sa tunique en pleine forêt, où se dispersa tout son matériel.
C'est dans cette même forêt que Hervé Demill trouva, récemment, une relique Bétamax de 1581 qu'il tenta de revendre au marché noir. Malheureusement pour lui, il se fit pincer par la Ligue Extraordinaire de Destruction Massive des Reliques de Feu Roi Henri III qui le poignarda violemment en prétextant de lui remettre une lettre lui faisant croire qu'il avait gagné une cassette des archives complètes de l'INA. La ligue commenta son geste en épinglant une note sur le torse d'Hervé disant que maintenant, il faut arrêter de nous sécher les bourses avec les cassettes quand on voit la qualité d'un bluray.

dimanche 12 décembre 2010

grand seigneur


Par une magnifique fin de semaine ensoleillée, Armand M. participa à un concours de pêche, au lac communal de Vazie-Samord. Organisée par le Club de pêche local "Mon P'tit Bouchon", la compétition opposait principalement les licenciés, qui arrivèrent en masse vers les 5 coups de 4h55, parce que ma montre retarde, du matin. Armand gara sa poubelle sur le parking improvisé.
À 11 heures, après un petit-déjeuner costaud offert par la mairie, un parc de truites conséquent fut lâché dans l'eau. Le temps que les poissons s'acclimatent, les pêcheurs s'installèrent autour de l'étendue d'eau. Armand M. posa ses affaires dans le virage, prépara sa ligne, fit quelques étirements, puis le départ fut donné.
Armand, à l'instar de ses comparses, jeta sa ligne dans le lac et s'arma de patience. Quatre heures plus tard, Armand, malgré son activité offensive, restait bredouille quand les besaces des autres pêcheurs se remplissaient avec une arrogante constante de trois truites par heure.
Armand fit le tour complet du lac, jetant par endroit sa ligne, dont l'appât était snobé par les truites. Revenu à la case départ, il claqua sauvagement sa canne par terre, et se fit engueuler par quelques pêcheurs qui l'accusaient de faire fuir les truites. Les ignorant, il ouvrit sa besace, et se prépara une ligne qu'il sniffa d'un trait. Ensuite, ragaillardi, il marcha jusqu'à sa voiture, s'installa, démarra, enclencha la première et fonça en direction du lac. Des pêcheurs s'écartèrent au dernier moment, juste avant que le véhicule ne percute la surface de l'eau, emplafonnant au passage, un banc de truites distraites. Armand se dégagea de sa voiture, prit dans le coffre une besace, et nagea vers le capot avant où il ramassa les cadavres de truites tamponnées. Une fois son sac plein, il revint vers le rivage, sous les yeux rageurs de ses compatriotes.
La compétition fut alors interrompue, et au comptage, Armand M. fut désigné grand vainqueur, remportant au passage un barbecue qu'il mit tout de suite en action, en grillant les truites. Il invita les autres pêcheurs, assez mauvais joueurs car ils tiraient une gueule de quatre mètres de long, à partager son repas.

vendredi 10 décembre 2010

tercet gagnant


La caravelle de Christophe Côlon lutta tant bien que mal contre une mer ténébreuse avec une houle courte et sauvage. Sous un orage à gouttes de plomb, l'artimon céda le premier, emmenant dans son sillage, la hune déchirée du grand mât. Côlon s'acharna à tirer son navire vers bâbord, mais une vague immense fouetta l'embarcation, et brisa les bras, faisant ainsi céder les vergues et plier le grand mât et le mât de misaine. Plusieurs marins périrent écrasés. Côlon, désarmé, fut saisi d'une crampe qui le scia en deux. Allongé sur le gaillard d'arrière, il aperçut alors, entre les gouttes, et illuminé par les éclairs qui rugissaient, un lopin de terre. Il donna un violent coup de pied dans son gouvernail qui fit obliquer la caravelle vers tribord. Une vague terrifiante frappa le bateau qui prit de la vitesse et vint se fracasser contre la berge.
Le lendemain, Christophe Côlon, courbaturé de partout, fouilla son navire à la recherche de survivants. Marchant sur le pont au bois trempé qui manquait de céder à chacun de ses pas, Côlon ne retrouva aucun membre de son équipage. Il essuya une larme en pensant à ses fiers compagnons engloutis par l'océan. Puis son ventre grogna, le ramenant à une réalité crue, celle de nourrir son homme.
Il posa pied à terre, et s'enfonça dans la forêt qui bordait la mer. Il sillonna les rangées d'arbres comme des rayons de supermarché. Cueillant tel fruit, coupant telle fleur, arrachant telle herbe. Mais à chaque fois, une pointe de déception pouvait se lire sur son visage. Car ce n'est pas du tout ce dont il avait envie en ce moment. En vérité, Christophe se serait bien tapé un bon rumsteck entouré d'une belle poignée de frites dorées. Il en salivait encore en retournant vers l'épave de sa caravelle. Épuisé par ses recherches, il s'endormit contre le bois.
En pleine nuit, il se réveilla, transi par un appétit féroce. Il se leva et marcha un peu au bord de l'eau. Soudain, une lumière attira son attention, qui provenait de sous l'océan. Irrésistiblement attiré, il pénétra dans l'eau glacée, pris une grande respiration et plongea. Il rejoignit en quelques brassées, le banc lumineux. C'était des algues planctoniques. Côlon, les caressa du plat de la main et leur douceur activa ses glandes salivaires. Guidé par une volonté inconnue, ou par la faim, il prit une poignée d'algues et les avala sans les mâcher. Une grande chaleur traversa son gosier pour atterrir dans son estomac. Il en mangea encore et encore, jusqu'à ce que l'air lui manque. Alors il remonta, le ventre plein. Sitôt qu'il sortit de l'eau, il fut saisi d'étourdissement, ses jambes se dérobèrent et il s'effondra sur la terre. Il se releva avec difficultés, quand il entendit derrière lui, quelques clapotis suspects. Il se retourna et découvrit un petit animal qui semblait émerger de l'eau.
Suivi de deux autres, ce petit animal, qui se révéla être un philosophe tenace fit la morale à Christophe, en lui expliquant que "des algues, tant et si bien qu'elles fussent comestibles, ne représentaient pas dans l'imagerie d'Épinal, un substitut du steak-frite. Et comme, l'on se doit de ne pas se baigner après avoir manger, l'on ne doit pas sortir de l'eau après y avoir mangé." Ensuite, il ajouta que "ses parents avaient encore beaucoup à faire concernant son éducation". Côlon écouta sans moufeter. Le petit animal l'acheva avec cette célèbre comptine à trois vers :

Côlon, Côlon, c'est pas gratifiant comme nom,
Quand on l'entend ça sonne mignon,
Mais quand on l'écrit ça fout l'bourdon!

Strophe qui fit beaucoup réfléchir Christophe. Puis, le petit animal retourna dans l'eau en pouffant de rire.
Le matin, Christophe remonta ses manches, abattit quelques arbres, construisit un radeau d'après ses souvenirs et navigua droit vers l'avenir.

mercredi 8 décembre 2010

un repas de gagné


Pour un résumé complet de l'épisode précédent, lire l'épisode précédent qui précède celui-ci.

La discussion qu'il avait surpris dans la cuisine l'aiguilla. Il en frissonna rien que d'y penser mais, la mexicaine avait dû abuser de lui. Après tout, elle n'arrêtait pas de lui faire du rentre dedans. Et vu qu'il ne répondait pas, elle avait du prendre l'initiative. Ce verre qu'elle lui avait offert au début devait contenir un puissant inhibiteur qui fit tomber toutes ses défenses. Tout en rasant les murs, il réfléchit à un moyen de lui faire avouer son acte et rejoignit la salle à manger où allait être servi le repas. Les invités, agités, tournaient autour d'une vingtaine de tables, en posant leurs nez dans les six assiettes que contenaient chaque table. Louis s'approcha d'une assiette et saisit le petit papier disposé à califourchon sur la faïence. Il lut le nom de John Malkochvilles. Un invité lut aussi par dessus son épaule et fit passer le mot à travers toute la pièce, et en une poignée de seconde, Mr. Malkochvilles fondit en sueur sur Louis en le remerciant de sa gratitude avec une poignée de main moite, et s'assit à sa place, soulagé. Louis continua à faire le tour des tables à la recherche de son étiquette. Soudain, un gong retenti, et une voie nasillarde clama que le repas allait être servi dans moins de vingt minutes. La tension grimpa d'un cran dans la salle. Les invités se mirent à courir dans tous les sens, saisissant des petits papiers, et hurlant le nom de son propriétaire.
Dix minutes plus tard, Louis cherchait encore sa place quand à l'autre bout de la pièce, il aperçut la maîtresse de maison lui faire des œillades vulgaires. Il détourna le regard et continua sa quête. Neuf minutes plus tard, il trouva sa place in extremis, alors que les plats de tartiflettes étaient disposés sur les tables. Il voulut boire une gorgée du verre de vin à moitié plein situé devant lui quand, le Duché de Hailsandgeuls, placé en tête de gondole, fit teinter son verre et récita un discours pompeux avant de s'offrir l'honneur de goûter en premier une portion de tartiflette. Il trempa sa louche dans le plat fumant. Dans l'excitation, Louis ne vit pas tout de suite qu'il était assis à côté de la mexicaine. Ce n'est que quand elle posa sa main sur son roudoudou qu'il mesura la gravité de la situation. Le fromage fila et tissa une toile jusque dans l'assiette du Duché. La mexicaine ouvrit la braguette de Louis. Le Duché reposa la louche, tâta avec sa fourchette la tenue des pommes de terre, puis plongea sa fourchette dans son assiette. La main de la mexicaine s'engouffra dans le pantalon de Louis qui tressaillit, n'osant bouger et interrompre la dégustation officielle. Le Duché ressortit sa fourchette, nappée de tartiflette qu'il fourra dans sa bouche. Il mastiqua un peu puis se figea. Son visage s'empourpra. Quelques invités, dans l'assistance, se levèrent effrayés. Louis en profita pour se lever aussi, et coincer la main glissée dans son pantalon. La mexicaine couina, et retira sa main, que Louis saisit au vol et trempa dans la tartiflette. Puis, pour achever son œuvre, il saisit le verre de vin à moitié plein et le jeta sur la robe de la maîtresse de maison.
- ça ne t'as pas suffit tout à l'heure? lui souffla-t-il
- Dé qué tou parle mone sévalier ? Demanda-t-elle, en essuyant sa robe avec la nappe. Mainténant jé dois allé mé néttoyer!
Elle s'éclipsa quand le Duché recracha violemment la tartiflette qu'il avait mâché.
- Mon dieu! Mais cette tartiflette a un goût d'huile de vidange!
Il se pencha sur la table, qui vacilla un peu sous le poids, et sentit le plat.
- Correction! C'est le reblochon pour être précis! Quel infamie! Que tout le monde s'aligne au fond de la salle!
Au mot "reblochon", Louis retrouva subitement la mémoire. La mexicaine dans le couloir, la cuisine, le lit de reblochon, l'odeur enivrante, la cuisinière qui rentrait subitement, la chute. Il sent ses mains qui dégagent un subtil mélange de 15w40 et de reblochon. Les tables se vident une à une. Louis, à son tour est emmené au fond de la salle. Aligné aux côtés des autres, il transpira à l'idée de se faire pincer pour avoir ruiner la journée du Duché. Le Duché d'ailleurs, commença son inspection en sentant les mains de chaque convive. Louis, mit ses mains derrière son dos, et écarta les doigts dans le fol espoir que l'odeur partira plus vite en agitant. Son tour approchait. Louis agitaient ses mains avec virulence. Puis soudain, il les glissa dans les poches arrière de son pantalon pour étouffer l'odeur. Au fond de la poche droite, il fit l'étonnante découverte d'un tube de gel hydro-alcoolique hygiénique et pratique pour la désinfection des mains à tout moment. Il en fit couler une noisette dans le creux de sa paume, et se frictionna les mains pour neutraliser les virus huilo-reblochonniques. Quand son tour arriva, il tendit fièrement ses mains, au Duché qui se pencha et renifla une odeur de rien. Une senteur de vide.
Soudain, la maîtresse de maison réapparut dans la salle, habillée d'un nouvelle robe. Étonnée de voir tout le monde aligné au fond, elle s'approcha.
- Qué Sé qui sé passe mone amour dé Douché?
- C'EST ELLE! Hurla Louis
Une rumeur gronda dans l'assistance.
- Que dites-vous là! C'est ma femme! s'exclama le Duché
- Oh ça, je le sais! Mais ce que vous ne savez pas, c'est que votre femme s'est éclipsée lorsque vous avez la trace d'huile dans la tartiflette! Et, je suis sûr que plusieurs invités ici, pourront en témoigner!
Une rasade de "oui c'est vrai je l'ai bien vu sur la vie de ma paire" s'éleva dans la salle.
- Et je suis sûr que ses mains sont fraîchement lavée! rajouta Louis.
Le Duché saisit une main de sa femme et la renifla. Son visage devint rouge écrevisse. Il rejeta la main.
- Qu'on bâillonne cette hérétique et qu'on l'attache à l'arrière de ma Harley!
Dans le jardin, le Duché fit vrombir son engin devant un attroupement de convives et partit traîner la mexicaine dans toute la contrée, pour lui apprendre la vie, sous les applaudissements.
Louis rentra à l'intérieur et s'assit à sa table. Il se servit une portion de tartiflette qu'il dégusta avec envie. Il ne détecta aucune odeur d'huile particulière et décida même d'en demander un tupperware à la cuisinière pour son repas de demain midi.

fin.

lundi 6 décembre 2010

soudain le noir


Louis, mécanicien, quitta le garage où il travaillait en fin de journée, et roula jusque chez le duché de Hailsandgeulz où il était invité à dîner, car il réparait toujours avec amour la Harley du duché.
- Merde, je me suis pas lavé les mains, dit-il en remarquant que le sky blanc de son volant était parsemé de tâches graisseuses.
Une fois arrivé, il se gara dans la cour et fit crisser les graviers. La maîtresse de maison, qui appréciait tout particulièrement Louis, qui lui la trouvait particulièrement répugnante et collante, lui fit un accueil glamour.
- Sers-moi les miches mon Loulou! Dit-elle avec son accent mexicain.
Louis se colla sur sa voiture et lui montra ses mains sales. Elle le saisit par le poignet, et l'emmena à l'intérieur.
Dans le salon, tellement empli de lustres, que l'on aurait plutôt dit des lustres avec un salon autour, Le Duché de Hailsandgeulz relayait avec passion l'histoire de la tartiflette.
- Elle va fêter ses 25 ans! Un quart de siècle qu'on se fait péter le bide avec ce plat! Et ce reblochon qui, sous sa croûte croustillante d'après cuisson, laisse couler son âme sur les frêles pommes de terre qui se retrouvent emmitoufler dans une couverture de fromage! C'est beau, c'est...c'est, Ah! Mais c'est mon mécano!
Louis, qui venait de saliver au discours du Duché, vint le saluer du poignet puis demanda avec délicatesse.
- Où sont vos lieux d'aisance?
Le Duché lui indiqua si vaguement que Louis se demanda s'il habitait bien ici.
- Prends donc oune verre avan, lui susurra à l'oreille la maîtresse de maison.
Louis but le verre qu'elle lui tendit puis partit à la recherche des toilettes. Il se balada dans la maison. Au détour d'un couloir, il aperçut soudain la maîtresse de maison qui semblait à l'affût. Il ouvrit une porte au hasard et s'engouffra dans la pièce avant d'être vu. L'oreille collée à la porte, il écouta pour savoir si elle était déjà passée quand soudain, une odeur délicieuse attira son attention. Il se retourna et découvrit qu'il était dans la cuisine, avec sur la table, la collection de reblochon du Duché qui allait servir à la confection de la célèbre Tartiflette. Louis observa ses merveilles avec la plus grande attention. Puis, comme magnétisée, sa main se dirigea vers les fromages. Il tenta de la retenir mais rien n'y fit. Louis saisit et tripota chaque reblochon, enivré par l'atmosphère. Il se déshabilla, grimpa sur la table et se coucha sur le matelas de fromages, bercé dans son trip au lait cru. Puis, la cuisinière rentra dans la pièce, les bras chargés d'oignons qui obstruaient sa vue. Elle les posa sur la paillasse et voulut prendre les reblochons sans se retourner vers la table, mais elle toucha les aisselles de Louis qui, chatouilleux même lorsqu'il est en transe, bondit de la table, se claqua la tête par terre et roula sous la table. Noir. La cuisinière se retourna.
- Y a quelqu'un? Dit-elle, et restant sans réponse, elle prit un reblochon pour le découper.
Louis reprit connaissance une heure plus tard. Il était nu comme un vers, dans la cuisine. Il essaya de se rappeler comment il avait pu arrivait là, mais c'était le trou noir. Il se mit à quatre pattes pour quitter la cuisine, munit de ses habits, quand une porte s'ouvrit. Louis découvrit les jambes de l'immonde maîtresse de maison venu s'adresser à la cuisinière.
- Vous né mavé pa vou avec loui cé bien claile! Il né cé rien passé tout à l'haire.
- Bien sûr Madame. Le repas est bientôt prêt.
Puis elle disparut. Louis en fit autant mais en passant par l'autre porte. Il se rhabilla à toute berzingue dans le couloir, puis s'éloigna tout en essayant de reconstituer le puzzle.

à suivre...

samedi 4 décembre 2010

désabonnement


Il y a très très longtemps, un jour, au Vaticaen, le Pape eut une folle envie de raclette. Alors il alla chercher une recette sur internet qui avait une note moyenne de 4,7/5 pour 451 votes. Il rassembla tous les ingrédients et rameuta tout le monde pour se faire aider car quand le Pape fait à manger c'est pour toute la baraque. Ils avaient juste le temps de tout préparer et enfourner pour le soir avant d'aller embrasser la foule du haut de la tribune.
Il ouvrit le sac de 25kg de pommes de terre et commença la corvée. Il avait un rythme infernal mais bientôt la machine s'emballa, et il se coupa avec l'épluche patate.
Le Pape eut à peine le temps de désinfecter son doigt qu'il fut appelé à la tribune de la Place Saint-Pierre où il avait un meeting. Devant la foule compacte, le Pape, encore courbé de douleur, mit un point d'honneur à brandir son majeur en hurlant "my finger is kaputt!".
Tous les fidèles présents furent terriblement offensés, et une rumeur hostile se mit à gronder. Le Pape qui avait un peu trop bu ce midi ne comprit pas ce qui se passait mais soudain, une alarme se déclencha dans le vestibule d'autosurveillance du parc religieux de fidèles. C'était la page facebook perso du Pape qui perdait ses amis à grande vitesse. Bientôt, il ne reçut plus un seul "poke", et son nombreux d'amis se résuma à deux, Picksou et Fifi. Le front du Pape se mit alors à perler de sueur, et il décida d'aller s'excuser. Mais soudain, la police tambourina à la porte pour embarquer le Pape qui était accusé d'avoir saborder la plus grosse page facebook religieuse du monde à des fins personnels. Il fit alors demi-tour et alla se cacher dans le placard de la salle à manger.
Il y séjourna deux jours avant d'être capturé et jeté en prison, où il attend son extradition vers les états-unis pour y être jugé, à sa demande, parce qu'il trouve ça plus classe.

jeudi 2 décembre 2010

adjectif lune


Screamin' Gérard, punk à cuir clouté, entra dans la navette touristique qui l'emmènerait, accompagné d'une poignée d'autres badauds, faire une promenade dans l'espace. C'était un cadeau de ses propriétaires de boites de strip de parents, qu'il avait d'ailleurs failli froisser en demandant si il pouvait pas y aller en Kawa.
Une fois dans la navette, bien attaché à sa ceinture de sécurité, Screamin' Gérard posa ses tiags sur l'accoudoir de la personne en face, une mère de famille accompagnée d'une insupportable poche à brin de 7 ans qui bavait sur son hublot, et l'essuyait avec ses gants en laine.
Quatre jours, 12 repas, 23 allers-retours aux cabinets, 6 baffes discrètes au gamin qui enlevait les lacets des gens pendant qu'ils dormaient plus tard, la navette se posa sur la Lune, merci chauffeur. Les badauds enfilèrent leurs combinaisons ultra-légères et moulantes. Screamin' Gérard ne manqua pas de reluquer les gonzesses qui descendaient de la navette pendant qu'il briquait ses bottes enfilées par dessus la combi. Il laissa passer du monde devant lui et sortit juste devant la femme et son gosse, qui piétinait d'impatience, pour montrer qui c'est le chef.
Le spectacle qui s'offrit à ses yeux lui fit arrêter de mâcher son chewing-gum. Le guide qui les accompagnait décortiqua la face visible de la Terre avec une tendresse guignolistique. Screamin' Gérard coupa l'interphone qui lui renvoyait les commentaires du guide pour savourer en silence cette vue délicieuse.
Le silence fut vite brisé par l'enfant terrible qui courait dans tous les sens en hurlant qu'il voulait voir la Muraille de Chine. Le guide le chopa au passage, s'abaissa à son niveau, et lui dit avec dévotion, que "non, la Muraille de Chine n'était pas visible depuis la Lune mon chéri, ta maman t'as raconté n'importe quoi". La mère s'empourpra et dit à son gamin, "viens JohnnyBoy on rentre à la maison!" Et elle agrippa son mouflet qui, dans la violence du choc, en perdit un gant qui décolla dans l'espace inaccessible. Tout le monde suivit la trajectoire du gant, qui repartait vers la Terre en prenant de plus en plus de vitesse.

Washington, District de Columbia, USA :
Dans la brainstorming room de la NASA, c'était l'agitation. Au menu aujourd'hui, la présence soudaine d'un astéroïde qui fonçait vers la Terre à une vitesse de 12,8km par seconde.
Deux jours de réflexion plus tard, l'astéroïde avait été identifié. Il s'agissait d'un gant en laine pour un enfant de 7 ans. La menace était donc prise très au sérieux, et les prévisions étaient alarmantes. Si l'astéroïde n'était pas dévié de sa trajectoire d'ici à demain, la Terre subiraient d'importants dégâts, surtout l'état du Wisconsin qui serait déplacé de 842km sur la droite. Il n'y avait plus une seconde à perdre. Des missiles à têtes nucléaires furent envoyés pour détruire l'astéroïde.
Les murs suintaient d'angoisses dans la salle de contrôle de la NASA qui retransmettait sur ses écrans le retour vidéo des missiles. Ces derniers s'approchèrent de l'astéroïde mais soudain, contre toute attente, un des doigts du gant se replia, laissant filer les missiles vers l'inconnu. C'était foutu.
Le gant s'écrasa sur la Terre dans un fracas épouvantable, provoquant une terrible catastrophe.

la Lune, Espace infini :
Une terrible catastrophe en effet puisque l'enfant aimait beaucoup son gant. Et il se mit à pleurer. Ce qui rendit tout le monde triste. Chacun y alla de son réconfort. Mais l'enfant boudeur, envoya les badauds bouler. Et il hurla de chagrin. Screamin' Gérard s'approcha alors du gamin et lui dit que "ça ne servait à rien de se mettre dans cet état. ta mère te l'a pas dit? Dans l'espace personne ne t'entend pleurer." Et il lui allongea une droite qui allait le faire réfléchir pour les 15 prochaines années à venir.
Ensuite, ils retournèrent sur la Terre pour constater les dégâts, prendre quelques photos au passage pour montrer à la famille patriote.