lundi 6 décembre 2010

soudain le noir


Louis, mécanicien, quitta le garage où il travaillait en fin de journée, et roula jusque chez le duché de Hailsandgeulz où il était invité à dîner, car il réparait toujours avec amour la Harley du duché.
- Merde, je me suis pas lavé les mains, dit-il en remarquant que le sky blanc de son volant était parsemé de tâches graisseuses.
Une fois arrivé, il se gara dans la cour et fit crisser les graviers. La maîtresse de maison, qui appréciait tout particulièrement Louis, qui lui la trouvait particulièrement répugnante et collante, lui fit un accueil glamour.
- Sers-moi les miches mon Loulou! Dit-elle avec son accent mexicain.
Louis se colla sur sa voiture et lui montra ses mains sales. Elle le saisit par le poignet, et l'emmena à l'intérieur.
Dans le salon, tellement empli de lustres, que l'on aurait plutôt dit des lustres avec un salon autour, Le Duché de Hailsandgeulz relayait avec passion l'histoire de la tartiflette.
- Elle va fêter ses 25 ans! Un quart de siècle qu'on se fait péter le bide avec ce plat! Et ce reblochon qui, sous sa croûte croustillante d'après cuisson, laisse couler son âme sur les frêles pommes de terre qui se retrouvent emmitoufler dans une couverture de fromage! C'est beau, c'est...c'est, Ah! Mais c'est mon mécano!
Louis, qui venait de saliver au discours du Duché, vint le saluer du poignet puis demanda avec délicatesse.
- Où sont vos lieux d'aisance?
Le Duché lui indiqua si vaguement que Louis se demanda s'il habitait bien ici.
- Prends donc oune verre avan, lui susurra à l'oreille la maîtresse de maison.
Louis but le verre qu'elle lui tendit puis partit à la recherche des toilettes. Il se balada dans la maison. Au détour d'un couloir, il aperçut soudain la maîtresse de maison qui semblait à l'affût. Il ouvrit une porte au hasard et s'engouffra dans la pièce avant d'être vu. L'oreille collée à la porte, il écouta pour savoir si elle était déjà passée quand soudain, une odeur délicieuse attira son attention. Il se retourna et découvrit qu'il était dans la cuisine, avec sur la table, la collection de reblochon du Duché qui allait servir à la confection de la célèbre Tartiflette. Louis observa ses merveilles avec la plus grande attention. Puis, comme magnétisée, sa main se dirigea vers les fromages. Il tenta de la retenir mais rien n'y fit. Louis saisit et tripota chaque reblochon, enivré par l'atmosphère. Il se déshabilla, grimpa sur la table et se coucha sur le matelas de fromages, bercé dans son trip au lait cru. Puis, la cuisinière rentra dans la pièce, les bras chargés d'oignons qui obstruaient sa vue. Elle les posa sur la paillasse et voulut prendre les reblochons sans se retourner vers la table, mais elle toucha les aisselles de Louis qui, chatouilleux même lorsqu'il est en transe, bondit de la table, se claqua la tête par terre et roula sous la table. Noir. La cuisinière se retourna.
- Y a quelqu'un? Dit-elle, et restant sans réponse, elle prit un reblochon pour le découper.
Louis reprit connaissance une heure plus tard. Il était nu comme un vers, dans la cuisine. Il essaya de se rappeler comment il avait pu arrivait là, mais c'était le trou noir. Il se mit à quatre pattes pour quitter la cuisine, munit de ses habits, quand une porte s'ouvrit. Louis découvrit les jambes de l'immonde maîtresse de maison venu s'adresser à la cuisinière.
- Vous né mavé pa vou avec loui cé bien claile! Il né cé rien passé tout à l'haire.
- Bien sûr Madame. Le repas est bientôt prêt.
Puis elle disparut. Louis en fit autant mais en passant par l'autre porte. Il se rhabilla à toute berzingue dans le couloir, puis s'éloigna tout en essayant de reconstituer le puzzle.

à suivre...

1 commentaire:

  1. Rien à dire...tartiflette...reblochon...pommes de terre.....ça manque quand même d'avocat!
    mais non, c'est pas dans le guacamole, y a pas de reblochon dans le guacamole....remarque faudrait essayer!

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