mercredi 24 juillet 2013

Journal de Bord : 12 Mars

Aujour.                                           .          b                    s           d               .   ,                                     o
                     h                 ..                               u                                                  !!  
        j                n      .                               V                      .             :
    a                                      .       ,                        m                             k                         t               !!

...

Ça commence bien, il n'y a plus d'encre dans mon stylo...

PS : j'ai écrit cette dernière ligne en trempant mon doigt dans mon café.

jeudi 4 avril 2013

sans respirer, une biographie aquatique.


Docteur en pose de câble sous marin, Roberta Gonzales Doubleduck a passé la majeure partie de son enfance sous les eaux calmes et délectables du globe. Elle avait cette particularité de plonger sans bouteille, ce qui conférait à ses gestes, précision et rapidité, et de nager sans palmes, se déplaçant uniquement à la force des ultra-sons, technique qu'elle avait apprise de sa mère, cantatrice. Un talent brut.

C'est alors qu'elle posait un câble raccordant les Etats-unis au minitel, qu'elle fit la connaissance de Teddy, un ours dandy, stagiaire de sa société de pose de câble qu'elle venait d'acquérir. Un coup de foudre aquatique qui allait l'amener à entretenir une vie de bohème et se détourner peu à peu de sa vie professionnelle, laissant sa société aux aboies.
Ses pères ne lui pardonneront pas. Evincée de son conseil d'administration, abandonnée par Teddy qui se révèlera n'être qu'une vulgaire peluche, Roberta, effondrée, prit le premier train en partance pour ailleurs, contemplant par la fenêtre les ruines de sa vie passée.

Ce train en direction d'ailleurs n'arrivera jamais à destination, heurtant un mur spatio-temporel. Roberta se réveillera plus tard en pleine rue parisienne. Errant dans la capitale noyée sous une pluie battante et orageuse, elle poussera à bout de force les grandes portes d'ébènes de l'Ecole d'Apnée qui l'accueillera comme le petit soldat Brandon rentrant du front dans son Kentucky natal. Apnéisant sans bouteille, le geste précis et rapide, Roberta s'illustra brillamment et sortit major de sa promo. Voulant faire carrière, elle intègrera, l'année suivante la prestigieuse école de l'Apnée 2.0, et pêche désormais le mulot derrière les plinthes de son bureau.

mardi 26 juin 2012

on est jamais mieux servi que par soi-même


Voici une bioconceptographie qui m'a valu le grand prix du jury international du “concours Lenine de la biographie officielle” et qui ornera la quatrième de couverture du catalogue regroupant les œuvres clés de la rétrospective qui me sera accordée au seuil de la mort de mon vivant intemporel: 

Grégoire Lemoine (1984-1979) artiste au talent tué dans l’œuf qui vécut sa vie à rebours.
Passant la première partie de sa vie à achever des projets qu’il n’avait même pas encore imaginé, Grégoire Lemoine a dû au cours de sa carrière faire preuve d’anticipation pour éviter de se laisser engloutir par son travail. A force de prévenir au lieu de subir, il a accumulé, au lendemain d’hier, une durée d’anticipation de 1714 heures. La balance est équilibré.
Artisan de la cinématographie, réalisateur de films d’animation à la renommée unilatérale, Grégoire Lemoine est ceinture marron d’animation en papier découpé sur banc-titre.
Il réalise aussi des dessins ou comme on dit dans le milieu des Mickeys, et des peintures qu’il garde pour lui.
Vous pouvez retrouver, admirer, conspuer, critiquer, contempler, vous esbaudir devant son travail exposé sur la grande toile de l’internet à l’adresse suivante, je vous laisse prendre un crayon, un papier :

www.gregoirelemoine.fr

vendredi 1 juin 2012

Biographie n.027



Pour mon grand retour dans le secret des cyber-dieux de l'écriture à une main, voici la biographie officielle numérotée du numéro 027 de mon poulain Bobar, éléphant sans défense qui... qui vous n'avez qu'à lire pour connaître la suite.

Bobar, éléphant sans défenses, naquit par une nuit d’orage dans les cales d’un cargo de nuit qui devait se briser en deux dans les terribles mers de Cedes-Benz quelques instants plus tard. 
Seul survivant de cette catastrophe qui emporta nombre de vies dont celles de ses parents ou tout du moins de sa mère pour ceux qui suivent pas, le tout jeune Bobar dériva toute la nuit avant d’heurter au petit matin le périscope d’un sous-marin nucléaire soviétique qui entretenait une reconnaissance. 
Bobar fut recuelli par l’équipage et porté en héros car le choc qu’il produisit détourna la lunette et permit à l’homme en poste de repérer un ilot pétrolifère outre-atlantiquien vital pour la réussite et la gloire du pays. 
De retour, si on peut dire, en mère patrie, Bobar devint une mascotte qui orna bientôt les drapeaux, les casquettes, les tasses et sous-tasses de toute la nation. 
Durant sa jeunesse il enchaîna les galas dans un spectacle grandiloquent où il représentait le courage et la dévotion sous la forme d’un marteau ailé. Privé de toute forme de loisir, usé, utilisé, c’est durant l’une de ses dernières représentations que Bobar déclama cette célèbre phrase qui sera reprise plus tard dans un monument du cinéma : “Je ne suis pas un animal, je suis un être humain !” Ce qui ne nous cachons pas est relativement faux. Mais ne brisons pas la poésie du moment. 
Percevant un vif éloignement patriotique, l’autorité supérieure décida de recalibrer Bobar en l’intégrant dans le programme de conquête spatiale.
Bobar devint le premier éléphant envoyé dans l’espace. Sa côte de popularité grimpa en flèche mais son moral était au plus bas. C’est alors qu’il amorçait son retour vers la mère patrie que Bobar prit en main son destin. Apercevant par le hublot de son module la grande Amérique, territoire où l’impossible est impossible, il donna un vif coup de rein pendant qu’il traversait la thermosphère. Son module dévia de sa trajectoire et s’écrasa au croisement de Sunset Boulevard et S Beverly Glen Boulevard. Une arrivée qui a un certain cachet. 

Vous pouvez retrouver les exploits illustrés de Bobar à l'adresse suivante :
http://b-o-b-a-r.blogspot.fr

mercredi 1 juin 2011

camélidé(e) routière

Les phares de l'autobianchi A112 de Jean-Sam tapissaient à vive allure l'asphalte de la rue des platanes. Les fesses incrustées dans le skaï de son siège conducteur, Jean-Sam, cheveux gras, chemise et pantalon de jean, écrasait la pédale d'accélérateur. Derrière les vitres, le décor défilait dans l'obscurité. Jean-Sam, les mains cramponnées sur le volant, la cendre au bout de la clope au bec, scrutait la route dépourvue d'éclairage public.
- Elle est où cette baraque ! J'veux m'pieuter !
Il écrasait le mégot de sa gauloise sur l'écran du GPS qui l'avait lâché avant d'entrer dans le village de Tarty-Nemoi-Labyscote, quand soudain, un peu plus loin, il aperçut, sur le bas côté, une silhouette difforme. Vu la vitesse à laquelle il roulait, Jean-Sam la rejoignit en moins de deux secondes, et découvrit qu'il s'agissait d'un chameau, juste avant que ce dernier ne le flashe avec ses yeux. Aveuglé, Jean-Sam perdit le contrôle de son autobianchi, négocia mal le virage serré qui suivait, et s'encastra dans le muret d'une maison, et le pare-brise vola en éclat. Il termina sa course dans le jardin, le pare-choc de son véhicule appuyant sur le bouton de l'interphone, embarqué lors du premier choc. Jean-Sam perdit connaissance.



Le lendemain matin, Simonyvonne fut subtilement réveillée par les rayons du soleil caressant ses paupières défraîchies. Elle enfila sa robe de chambre en chanvre, et dégagea ses cheveux raides comme des baguettes à tambour du col. Puis elle descendit l'escalier, et raccrocha le combiné de l'interphone qui avait du choir dans la nuit. Il se mit à sonner immédiatement. Simonyvonne décrocha.
- Allô ?
- Rrrrrr…..ksssssssssss….Rrrrr……ksssssss…..Rrrrrrr…..
- Allô !
Elle examina le combiné qui semblait ronfler.
- Me dit pas qu'il est déjà foutu.
Elle raccrocha. Il sonna à nouveau. Simonyvonne décrocha encore et entendit la même rengaine. Elle raccrocha, il sonna. Raccrocha, sonna. Racc, son. R, s. Simonyvonne finit par abdiquer et laissa pendre le combiné.
Dans la cuisine, elle se prépara son plateau de petit-déjeuner qu'elle composa avec des tartines de pain, du beurre, quelques croissant, une cafetière et sa tasse, et sortit s'installer sur la terrasse. Mais à la place de sa table en fer forgée, elle trouva une autobianchi au moteur arrêté.
- Aha ! s'exclama-t-elle.
Simonyvonne, balaya les éclats de verre d'un revers de main, et posa son plateau sur le capot de la voiture. Elle s'approcha de la vitre conducteur et posa son avant-bras sur la portière pour examiner le chauffeur.
- Rrrrr…….ksssssssss………rrrrrrrrrrr.ksssssssssss………….rrrrrrrr…….kssssssssss, respirait-il.
Simonyvonne le secoua avec véhémence. Jean-Sam s'entrucha et émergea à deux à l'heure.
- THE OU CAFE ? lui hurla-t-elle au visage car elle remarqua que de ses oreilles, suintait un liquide peu avenant.
Jean-Sam fixa ses yeux vitreux sur Simonyvonne qui souriait.
- Mmmmprhfe ?
Elle approcha sa bouche de l'oreille de Jean-Sam, et fit résonner ses cordes vocales.
- VOUS VOULEZ DU THE OU DU CAFE POUR VOTRE PETIT-DEJEUNER ?
La propagation du son fit vibrer tous les poils de Jean-Sam, sans exception. Jean-Sam, désormais complètement opérationnel, pivota pour observer l'environnement, mais une vive douleur le piqua dans sa jambe droite qui était coincée avec virulence, entre le démarreur, le siège avant et le radio-cassette qui s'était déplacé de 30 centimètres sous le choc. Il regarda Simonyvonne.
- Où suis-je ?
- VOUS ETES…
- JE SUIS PAS SOURD !
- Vous êtes dans la cour du 15, rue des Platanes. Thé ou café ?
- Comment je…
- On répond pas à une question par une question, et je déteste parler le ventre vide, alors thé ou café ?
- Vous pourriez appeler les secours…
- Dites, vous comprenez ce que je dis ?
Elle examinait Jean-Sam, à la recherche d'une éventuelle commotion.
- Je vais prendre un chocolat alors, répondit-il.
Elle cessa de le tripoter.
- Bien ! Je suis tombé sur un chieur, murmura-t-elle.
Simonyvonne retourna en cuisine et revint quelques instants plus tard avec une tasse de chocolat fumant qu'elle posa sur le plateau placé sur le capot. Elle alla se chercher une chaise, et s'assit à côté de l'aile gauche de l'autobianchi.
- Vu l'état de votre jambe vous m'excuserez de pas vous sortir de votre bagnole. En plus vous êtes mieux assis dans votre skaï que sur une chaise en fer, dit-elle en se beurrant la tartine.
Jean-Sam était fasciné par le calme avec lequel Simonyvonne digérait la situation.
- Vous êtes le troisième ce mois-ci, dit-elle quand elle aperçut son regard dubitatif.
- le troisième à quoi ?
- à me rendre visite. A l'improviste.
- Mais j'ai jamais…
- Je sais. Les autres non plus, dit-elle en riant, ouvrant ainsi en grand sa bouche pleine de tartine mâchée. Ah, faut avoir les nerfs solides quand vous habitez dans un virage dangereux.
- Je m'en souviens du virage ! dit Jean-Sam, content de creuser dans sa mémoire. Et avant… un flash… dans la nuit... c'était un chameau ! Il me fixait du regard, on aurait dit une prostituée. Et il m'a fait ce clin d'œil déroutant.
- C'est Pochaflotte.
- Pochaflotte ?
- Le chameau ! C'est son nom. C'est mon idée ça. Le chameau. Je vous explique. Avant, tous les matins, j'ouvrais mes volets, et je voyais ce radar gris, peu avenant, pas du tout charmant, qu'ils avaient placé pour diminuer les tôles froissées. Bref, ça me bousillait la journée. Et un jour, je reviens d'une brocante avec un chameau empaillé, que j'ai eu pour une bouchée de pain. Je l'avais posté dans mon salon. Et voilà qu'un soir, dans ses yeux, se reflètent le flash du radar. J'ai trouvé ça mignon. Donc j'ai bricolé mon chameau pour que le radar rentre dans son arrière train. Et pour les yeux qui flashent, un simple jeu de miroirs.
- C'est dangereux !
- Non ! Je l'ai installé un dimanche. Moins de circulation.
- Mais les accidents…
- Oui bon ça, c'était pas prévu. Mais je suis contente, ça me fait un peu de visite. Et puis, je suis veuve depuis huit années, et malgré mon âge, je crois toujours au prince charmant… dit-elle en tripotant la barquette de beurre.
- Entre nous il y a quand même une sacrée différence d'âge, fit remarquer Jean-Sam.
- Je sais bien que ça ne pourrait pas marcher… Mais qui c'est peut-être que le prochain sera le bon… Mais je parle, je parle. Dites-moi tout ! Vous venez d'où ? Vous allez où ? Je ne vous demanderais pas comment vous vous appelez par contre, j'ai pas la mémoire des noms ! dit Simonyvonne en trempant sa cinquième tartine dans son café.
- Je viens de Lassdézasse.
- Ouh ça fait une trotte.
- Avant d'atterrir chez vous, j'ai roulé pendant 27 heures sans m'arrêter. C'est pas que j'étais pressé, mais ma bagnole, une fois qu'elle est démarré, il faut pas la stopper sinon c'est foutu.
- Un peu comme dans Speed.
- Voilà. C'est exactement la référence que je donne quand les flics me poursuivent. On se met côte à côte et on parle par la fenêtre. Alors ils croient que j'ai une bombe dans la voiture vu que je veux pas m'arrêter.
- Ils font pas la différence entre la réalité et la fiction. C'est un drame.
- Me le faites pas dire.
- Et ça finit comment ?
- Bah en général, ils finissent dans le fossé. Ils conduisent des caisses trop puissantes pour eux.
Simonyvonne siffla d'admiration.
- et donc vous alliez où ?
- Chez mon dentiste.
- Il reçoit si tôt ?
- Elle. C'est elle. Et oui, elle a un agenda très extensible…
- Je vois. Et il… Elle habite où votre dentiste ?
- Rue des Gingivites.
- Mais c'est juste en bas ! Vous seriez arrivé un peu plus vite hier soir, vous auriez pris le petit-déjeuner avec votre dentiste !
Ils rièrent.
- Allons, à quel heure est-il votre rendez-vous ?
- à 7h05.
- Mais il est… 6h58 ! dit-elle en consultant sa montre.
Simonyvonne s'activa soudain. Elle débarrassa sa tasse, balaya les miettes sur le capot.
- Bon, dépêchez-vous ! Buvez votre chocolat, il va être froid. Vous n'y avez même pas touché ! Faut pas être en retard !
Jean-Sam saisit sa tasse avant que Simonyvonne ne rembarque le plateau. Il la vida d'un trait, et hésita où la poser.
- Jetez-la dans la pelouse, je l'a récupérerai tout à l'heure ! Il faut pas que vous soyez en retard à votre rendez-vous.
- Mais je peux pas me déplacer avec ma jambe.
- Je vous ai pas demandé de sortir. Je vais pousser la voiture, vous allez braquer et puis ça va filer. La pente est plutôt raide, dit-elle en se plaçant à l'arrière de l'autobianchi.
- vous voulez pas un peu d'aide ?
Elle revint s'accouder à la porte conducteur, et présenta ses muscles.
- Eh, tâte moi ça.
Jean-Sam palpa les biceps de Simonyvonne.
- Mazette !
Elle retourna à l'arrière. Jean-Sam braqua alors que Simonyvonne poussait de toutes ses forces.
- Attendez, j'ai pas eu le temps de vous remercier, hurla Jean-Sam alors que la voiture parcourait les quelques mètres qui l'a séparaient de la pente.
Mais trop tard. Simonyvonne n'avait pas entendu. Et Jean-Sam dévalait la pente à vive allure. Elle l'entendit klaxonner à multiple reprises. Ce qu'elle prit pour un remerciement chaleureux. Elle le regarda jusqu'à ce qu'il percute la salle d'attente. Puis elle soupira.
- Brave gars…
Sur ce, elle retourna dans sa cuisine. Au passage, elle ne manqua pas de raccrocher le combiné de l'interphone qui cette fois ne sonnait plus.

mardi 26 avril 2011

les conseils culinaires de mamie Duracuire

C'est bientôt la fin de l'émission de cuisine "Pose tes mains sur la table!" présentée par mamie Duracuire. Elle sert à table son plat du jour, un ragoût de boa aux tétines de chèvres, puis enchaine sur la dernière rubrique.

"Passons maintenant au courrier des téléspectateurs.
beaucoup d’entre vous me demandent comment je fais pour ne pas chialer lorsque je coupe les oignons dans mon émission.
Si je demande l’assistance vidéo, vous constaterez que lorsque je m’occupe de l’oignon, je ne cligne pas des yeux et que surtout, je le fixe dans une position dominante pour lui montrer qui c’est la sergent-chef de la cuisine des Duracuire. Cela demande des années d’entraînement intensif, beaucoup de concessions et de sacrifices dans la sphère privative que vous, mauviettes, ne pouvaient qu’imaginer.
À votre niveau d’apprenti sous-fifre, je pourrais vous conseiller la célèbre méthode de vos grand-mères qui consiste à placer une allumette entre ses dents avant de couper l’oignon. Allez savoir, par une étrange alchimie, il paraît que les molécules de picozieuxis-chialus dégagées lorsque la lame pénètre dans la chair de l’oignon seraient dépourvues de leur atome de picus-picus quand elle rentrent en contact avec le bout de l’allumette, les rendant inoffensives. Enfin ça c’est de la théorie, de la branlette de chimiste parce que sur le terrain, la réalité est toute autre. Pour que ça fonctionne, il faudrait se fourrer toute une boîte d’allumette dans la bouche afin de créer un barrage extra-buccal et envoyer gerber les effluves sur les côtés. Mais vous savez bien mes petites mauviettes, que sur le terrain, il faut économiser le matériel. Alors ouvrez bien vos esgourdes parce que mamie Duracuire va vous dévoiler SON truc infaillible pour ne pas chialer quand vous couper les oignons. J’ai poussé le concept de l’allumette dans ses derniers retranchements.
Tout d’abord, vous allez préparer la zone d'action en mettant en place votre planche à découper, la quantité d'oignons nécessaires, et votre lame. Ensuite, vous vous carrez une allumette dans la bouche. Vous la serrez bien entre vos dents. Puis vous l’allumez, et sans cligner des yeux, vous saisissez votre couteau et vous coupez les oignons avant que la flamme ne crame vos poils de nez. Je peux vous assurer que vous n’aurez pas le temps de chialer.
Allez, à la semaine prochaine.

PS : j'arrive à couper un sac de 25 kg d'oignon avant que la flamme ne me touche la moustache. Saurez-vous faire mieux?"

Mamie Duracuire


Une photo dédicacée de mamie Duracuire coupant les oignons sans couteau.

mercredi 20 avril 2011

essence dessus. dessous.

Après avoir parcouru quelques cent kilomètres à une allure semi-vive, Roulio débraya pour s’engouffrer dans la zone de ralentissement qui menait à la station Shootal.
Pestant sur le prix du litre à 3 euros 97, il stoppa son véhicule à la borne, dévissa son bouchon d’essence, saisit le pistolet du sans plomb 98 et l’enfila dans le réservoir.
Tout en faisant le plein, Roulio épousseta la medal of honor qui pendait sur son T-Shirt des White Sox. Le compteur défilait. Le truc de Roulio, quand il était à la station, s’était de remplir son réservoir jusqu’à ce que ça déborde et qu’une goutte d’essence glisse le long de la carrosserie. Alors seulement relevait-il le pistolet et allait payer. Mais en ce moment, le compteur défilait encore et aucune goutte ne se pointait. 20, 30, 50, 70, 90, 120. Roulio venait de mettre 120 litres dans son réservoir et il ne semblait aucunement rassasié. Roulio arrêta de remplir, vérifia le pistolet et se mit de l’essence plein les godasses. Il se baissa alors pour regarder sous sa voiture. Il posa ses genoux à terre, et le pistolet toujours à la main, vit l’envers du décor.
Il recula soudainement, pétrifié, car sous son véhicule était accroché un enfant, engoncé dans pantalon bretelles, qui tripotait son réservoir. Roulio le braqua avec le pistolet d’essence et meugla un :
- Freeeeeeeeeze!
L’enfant tourna son regard vers Roulio et stupéfait, il lâcha prise, roula sous la voiture, du côté opposé à Roulio et s’apprêtait à s’enfuir quand Roulio tira sur le fil de la pompe au maximum et jeta le pistolet qui atteignit la tête de l’enfant. Ce dernier s’effondra.
Roulio fit le tour de son véhicule. Sur le sol bitumé, gesticulait, non pas un enfant, mais un homme de petite taille. Roulio venait de trouver un nain qui lui siphonnait le réservoir. Roulio regarda autour de lui, la station était déserte. Il traina le nain groggy dans sa voiture et s’y enferma avec lui. Il tira les rideaux pour plonger l’habitacle dans l’obscurité totale. Il menotta le nain et l’installa sur la banquette arrière. Roulio sortit de la boîte à gant une valisette en aluminium dont il extraya un étrange appareil ressemblant à un sismographe et muni d’un petit écran cathodique. Il fixa au bras, et au crâne du petit homme des capteurs sensoriels. Il sortit aussi une lampe de bureau qu’il braqua en direction du nain. Son allumage brutal réveilla ce dernier et l’aveugla un instant. Spécialiste des interrogatoires musclés, Roulio allait tirer les vers du nez de son chipeur de sans plomb.
- Qui êtes-vous et pourquoi siphonniez-vous mon réservoir?
- Je sais pas si on peut vraiment conjuguer ce verbe à l’imparfait, et si on peut vraiment parler de siphonnage...
- Répondez simplement à la question ou je vous détartre les chicots à coup de cent mille volts, dit Roulio en approchant sa main d’un boitier au design menaçant.
- Je m’appelle Bertrand Laroutourne et je vidais votre réservoir parce qu’on à piquer le sac à main de ma femme, balança le nain.
Les aiguilles du détecteur bougèrent à peine. Roulio persista.
- Je vois pas le rapport.
- On lui a piqué sur l’aire de Verdun.
- Mais c’est là où je me suis arrêté la dernière fois pour faire de l’essence. Vous me suivez donc depuis ce temps là!
Le nain suait et déballa son histoire.
- Oui... mais Non! écoutez dans son sac il y avait cb, chéquier et liquide. le réservoir de notre camping-car était à sec donc on a stoppé sur cette aire. Mais avant de faire le plein, on a été au pipi-room. Là, on s’est séparé. Je suis sorti l’attendre, adossé au camping-car parce que j’avais fini mes commissions avant elle, et voilà qu’elle me raconte ça. Au côté dames, ma femme à poser son sac par-terre dans les wc, elle a fermé la porte mais vous savez ce sont ses portes avec un jour pas possible en dessous et là, elle a vu une main passer en dessous et saisir son sac alors qu’elle était en plein effort pour larguer sa dernière roquette. Elle a rien pu faire.
Le nain eu un haut de cœur, et émit un bruit immonde qui dispersa dans l’air des vapeurs pétroléennes. Mais il continua son histoire.
- J’étais effondré, je nous voyais déjà finir notre vie ici, et c’est pas ce qu’on avait prévu, enfin et puis les gosses, il aurait fallut les faire changer d’école ou les faire bosser au camping-grill. Je m’effondrais par terre quand j’ai vu votre voiture, c’était d’ailleurs la seule. J’y ai vu un espoir vous comprenez. De quoi sauver ma famille d’une triste retraite. Alors j’ai foncé, me suis caché entre les bornes d’essences. Et profitant d’une seconde de votre inattention, j’ai roulé jusque sous votre voiture où j’ai percé votre réservoir. Blourp blourp. Je commençais à avoir suffisamment d’essence pour que l’on puisse au moins rentrer chez nous quand soudain vous avez démarré et enclenché la première. Je n’ai pas eu l’occasion de me détacher et j’ai vu ma famille courir après la voiture. J’ai échangé avec eux un dernier regard avant de disparaître à toute blinde sur l’autoroute. Bllllourrrp.
Roulio écoutait avec grande attention. Il ouvrit un peu la fenêtre côté passager pour aérer l’habitacle.
- Vous avez parcouru plus de cent kilomètres accroché sous ma voiture?
Le nain acquiéça.
- Mais l’essence vous l’avez mise où? Je n’ai vu aucun baril attaché à ma carlingue?
Bertrand tapota sa bedaine.
- Mais il a une capacité de combien de litres votre estomac puisque vous avez encore réussi à me siphonner 120 litres là plus je ne sais combien sur l’aire de Verdun?
- Verdun ça compte pas. Avec les remous et les aspérités de la route j’ai tout perdu. Donc on peut dire... on peut... bllllou...
- ça va?
- Bllllourp
Le nain fit non de la tête.
- Attendez vous allez pas gerber de l’essence dans mon habitacle!
Roulio ouvrit la porte et sortit Bertrand qui avait la main devant la bouche.
- Pas par-terre non plus! Je l’ai payé l’essence que vous avez dans le bide! J’ai peut-être une belle bagnole mais c’est pas pour ça que je roule sur l’or. Bougez surtout pas.
Roulio ouvrit son coffre à la recherche d’un bidon. Rien. Pendant ce temps, Bertrand piétinait. Roulio bascula dans son coffre pour en fouiller le fond et ne trouva qu’un entonnoir. Il s’en saisit, dévissa le bouchon de son réservoir et y enfila l’entonnoir. Il tira Bertrand mal en point.
- Allez-y rendez tout là dedans!
Bertrand ne demanda pas son reste et vomit l’essence dans le réservoir tout en fouillant dans ses poches. L’essence pissait sur le bitume et les groles de Roulio furent inondées.
- Merde la brèche!
Bertrand tendit alors un rouleau de scotch du surplus de l’armée que Roulio saisit. Il en arracha un bon morceau puis fila sous la voiture. Aspergé d’essence, il scotcha le trou gros comme une pièce de 2 euros puis se redressa, et s’ébroua.
Bertrand enfin, finit de transvaser l’essence de sa bedaine vers la voiture de Roulio. Il s’essuya les comissures des lèvres.
- Merci, dit Roulio, aletant, en tendant le rouleau de scotch.
Bertrand, la bouche pateuse, ne pouvant articuler un mot lui fit signe de rien.
Un silence s’abattit sur la station. Puis Roulio le brisa.
- Dites, ça vous direz que je vous paye votre lot d’essence.
- Bah je dis pas non mais c’est pour retourner auprès de ma famille...
- Je vous dépose si vous voulez.
- ça va vous faire un détour.
Roulio haussa les épaules.
- Ok. Mais vous n’avez pas de bidon pour transporter l’essence.
- Mais vous avez une bedaine, rétorqua Roulio.
Et tous deux se mirent à rire tandis que Roulio saisissait le pistolet et que Bertrand ouvrait la bouche dans une ambiance bercée par la musique de fin, un truc genre sting et que la caméra opérait un mouvement de travelling arrière et s’élevait dans les airs, révélant la highway au bitume foulé par une myriade de véhicules.

FIN


Roulio et Bertrand s'en jettent un petit dernier

mercredi 13 avril 2011

200 000 hautes-définitions

L’évolution de la langue française, si cajoleuse et "pourfendeuse" d'esprits obtus, connut sa période la plus aride au début des années 2000, lorsque les réserves de définitions de Vaux-en-Bas-Rein se tarir. Pelletées d’académiciens se sont cassés les os pour offrir un nouveau souffle à la langue de Molle-Hier et garnir les dictionnaires de nouveautés affriolantes, sans grand succès, jusqu’à ce qu’un visionnaire, dont on taira le nom, éructe une idée pas dégueu. Ainsi a été développé la période “American Dream” , proposant l’ajout d’américanismes tels que steak, ketchup, hamburger, cocacoola, john wayne, yyyyyiiah, boom, kapow, ziiiip et yes my lord sous prétexte d’ouverture au monde des yankees. Puis, devant la constante soif de nouveauté du public ils publièrent les définitions de la période “plus jeune que le jeune est notre devise”, déployant les ailes de la langue urbaine avec des mots tels que trankil, bi1 ou bi1, ouech, popopopop, anticonstitutionnellementmonQ, tepâ à la gnaisebolo, Zujé, Ieud, et kestuboa.
Avec l’arrivée de la haute-définition, le dictionnaire devint une industrie responsable au niveau d’exigence élevé. Ainsi, le bureau de recherche, développement et setupeurs de la langue française, nouvellement crée, prit au sérieux les besoins des consommateurs de mots et proposa, dans un monde où les gens suintent de stress et n’ont plus le temps d’avoir le temps de lire une histoire sur un blogue, de diminuer le temps de lecture sans modifier le contenu mais en améliorant le contenant. L’époque étant à la chasse aux kilos superflus, les mots furent allégés de lettres inutiles. Le premier à en faire les frais fut “raccourci”, considéré comme trop long. Il devint alors “racir”. A ne pas confondre avec “rassir”, qui devint “assi”, lui-même à ne pas confondre avec “assis” qui fut changé en “si”. Le “si”, contraire de non (à ne pas mélanger avec “scie” qui donna”sc”) fut changé en “i”, et la lettre “i” devint un “.”(point) Et le point tel que nous le connaissions, disparut. Et ainsi de suite.
Pour illustrer le propos, voici l’histoire de la semaine dernière, cobaye par excellence pour éviter tout souci de copyright, passé à la moulinette allégée :

Ss .. Grold gdruc st bs gt vkg i . e. vlage rec gce fdu . . scor
2 5 4 crc che sg ooh aaah brit frre mas gns sip .. !
gdruc jnal gce brt .. . . crs tip che bl.

Grold tbe frrebt che fme yx.

Grold ri pir vkg tt pi.

pa tl scrs sr fs.

Admirez l'efficacité du procédé.
Le temps d’adaptation d’une telle réorganisation littéraire - puisque la totalité des livres en rayon de supermarché ou de bibliothèque disparurent pour être remplacé par des homonymes moins épais ; et aussi le temps que l’ancienne génération réfractaire périsse pour laisser place à un renouveau planétaire dynamique - fut de vingt années.
Ainsi, aujourd’hui, tout le monde à tout vu, tout lu. Pareil qu’avant sauf que maintenant, c’est vrai.

exemple de raccourci qui n'a rien à voir.

mercredi 30 mars 2011

weekend rutilant

Sous un abri bus au toit de tôle percuté par des gouttes de pluie grosses comme des baguettes à tambours, Gérarnold, un journal trempé sous le bras, accompagné de son fils Guilderüc, attendait patiemment, l’arrivée du car. Ce dernier déboula sur le tard et les emmena droit vers la foire du Viking, où Gérarnold était responsable de la reconstitution historique d’un authentique village nordique, paisible et sans soucis, contrastant avec l’imagerie brutale et virile qui circulait encore dans l’esprit populaire. Avant d’arriver au village organisateur, il passa prendre quelques bricoles indispensables à sa reconstitution, qu’il avait acheté pour une bouchée de pain en fouillant dans les congélateurs du Geltout d’Aulnay-sous-bois, alors en liquidation judiciaire.
50 des 52 places du bus furent occupées par des blocs de glace de deux mètres de haut pour certains, deux mètres soixante-dix pour d’autres. Durant le voyage, Guilderüc serpenta entre les blocs, s’approcha de l’un d’eux et essuya d’un revers de manche la paroi. Au travers, il aperçut comme une touffe de poil qui semblait grincer. Il colla son oreille contre la glace quand son père le rappela à l’ordre. Sa chaleur corporelle pourrait faire fondre la glace et ainsi mettre à mal l’organisation de l’évènement. Guilderüc retourna à sa place dans un froid hivernal. Le chauffeur, un temps, enclencha le chauffage intérieur. Mais il l’arrêta bien avant que Gérarnold ne vienne porter réclamation, remarquant que la moquette de son bus était trempée, qu’elle allait moisir, que son patron allait gueuler et qu’il devrait financer l’intégralité des travaux d’intérieur pour remettre à neuf le revêtement.
Les courbes généreuses du village organisateur se dessinèrent sur le lointain. Gérarnold pataugeait d’impatience dans le bus car les glaces fondaient plus vite que prévu. En effet, dans ses calculs, il avait omis de prendre en compte le dioxyde de carbone dégagé par le chauffeur.
Le bus recula jusqu’à l’entrée du village où furent déchargés les blocs de glaces, sous la houlette de Gérarnold qui suintait le stress. Guilderüc pénétra dans le village reconstitué. C’était un patelin grimé pour l’occasion en village d’époque. Il admira la fidélité des lieux et le travail acharné de son géniteur. Il se balada dans les ruelles tapissées de terre, pénétra dans les maisonnées où parfois même un feu brûlait sous un chaudron, inondant la pièce d’une chaleur dévorante et familiale, fleurant bon les gâteaux de mamie. Mais Guilderüc remarqua bientôt que, si tout était parfaitement en place, il n’y avait pas âme-viking qui vive dans ce village.
Soudain, il vit son père disperser les blocs de glace avec minutie aux intersections des ruelles, dans les maisons, sur les perrons, un peu partout. Il n’en comprit la raison que quelques instants plus tard. Sous la chaleur torride, les glaces fondirent, révélant les carrures puissantes et les postures belliqueuses d’une cinquantaine de vikings plus vrai que nature. Guilderüc tapota la cuisse de l’un d’entre eux qui brandissait une hache qui inspirait peu confiance, et constata qu’il était encore bien congelé. Il scruta le regard cruel du viking et crut percevoir un frétillement de rétine quand monsieur le maire débarqua pour faire son discours d’inauguration.


Gérarnold fut mis à l’honneur et se fit flasher la poire aux côtés du maire tout sourire. Devant une foule bien pressée de visiter la foire et le village, il raconta en 254 mots la génèse du projet, remercia le maire et son beau-frère qui l’avait rencardé sur la liquidation de Geltout, une aubaine et la clef de voute de la reconstitution. Le maire coupa ensuite le cordon d’inauguration avec une petite hache de courtoisie, forgée pour l’occasion, en clin d’œil à la culture représentée. Puis les badauds piétinèrent les allées, tripotèrent les boucs, les barbes, les cuisses, les fourrures des statues encore givrées, sous un torrent de “ooooh” et de “aaaah”.
Au fil de la journée, la température grimpa encore et bientôt, les vikings se mirent à suinter, et donnaient l’impression de s’affaisser. Une odeur de rat crevé empli les ruelles. Le maire rejoignit Gérarnold pour s’en plaindre. Pendant ce temps, un enfant donnait des coups de pieds à un viking de deux mètres 40, armé d’une hache finement aiguisée, tandis que sa mère suçait une glace, peu intéressée par la valeur historique de l’évènement. Sans le savoir, l’enfant, en donnant des coups de pieds à répétition au même endroit, stimula l’afflux sanguin du viking qui reprît goût à la vie, et abattit, sans prévenir, sa rutilante hache sur la mère qui fut fendue en deux, et déversa sa tripaille sur le gosse qui ne manqua pas de vomir sur les boots du viking. Gérarnold et le maire stoppèrent leur discussion, alertés par le bruit horrible et se dirigèrent vers la zone sensible. Arrivé sur les lieux, Gérarnold constata les dégâts et évita de justesse la lame de la hache que le viking faisait tournoyer au tour de sa tête avec une aisance déconcertante. Le maire fusilla Gérarnold du regard. La foule s’amassa autour du viking et applaudit l’effort de reconstitution. Devant la réaction du public, le maire félicita alors Gérarnold qui n’était pas rassuré par la tournure que prenait l’évènement. Il masqua malgré tout ses doutes derrière un sourire Colgate. Le viking décocha sa corne de brume et la fit résonner. Nouvelle salve d’applaudissement parmi les badauds. Puis le sol se mit à trembler comme si un défilé de chars d’assauts roulait sur la départementale.
Guilderüc, qui flânait du côté des écuries, lisait le journal trempé que son père avait glissé dans sa poche le matin, avant de grimper dans le bus. En parcourant les pages, il tomba sur un article faisant état d’un vol récent, dans un laboratoire de province, de guerriers nordiques cryogénisés en leur époque par une équipe venant du futur alors qu’ils pillaient et massacraient un village qui n’avait rien demandé. Guilderüc abaissa le journal et vit un troupeau de vikings fraîchement décongelés faire voler boyaux, tripailles, poches de sang, et têtes, étriper des corps en charpies et écraser des crânes et des cages thoraciques qui giclaient en une fine pluie d’os concassés qui jusqu’alors appartenaient à une foule curieuse et assoiffée d’histoire. Il voulut courir vers son père pour l’extraire de cette bidocherie et ne remarqua donc pas le viking retardataire qui le faucha comme les blés dorés au soleil.
Gérarnold, coincé sous les corps qui s'amoncelaient, rampait pour sa survie quand une paire de bottes en fourrure se placèrent devant lui. Il leva la tête et vit une hache brandie s’abattre sur lui. Il ferma les yeux et prononça une dernière prière à la hâte.

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Aujourd’hui, Gérarnold est l’unique survivant non-nordique de cette foire aux vikings. Il fut épargné in-extremis par un viking compatissant, et fut hissé au rang suprême de grand-chef-chef pour avoir prononcé, par un hasard absolu, durant sa prière hâtive, les paroles prophétiques de l'escadron de la Furie qui allait permettre d’étendre leur Empire. Gérarnold, ne voulant pas contredire des types qui ont le massacre facile, abonda dans leur sens. Il règne maintenant, malgré lui, sur le nouvel Empire Viking qui s’étend sur quatre continents. La prochaine tournée étant prévu dans le sud de la France, nous conseillons aux habitants de serrer les fesses et de ne pas appeler les secours.

mercredi 23 mars 2011

l'ininsécurité

Depuis quelques temps, des vols de surgelés avaient lieu à répétition dans le magasin de la célèbre enseigne Geltout, rue Caillemiche dans le 43e district d’Aulnay sous bois.
La tête de Maillecky, agent de sécurité du magasin, était sur le billot du patron qui lui avait donné un ultime répit pour mettre un terme au pillage.
Après une nouvelle journée infructueuse où quatre paquets de frites, huit assortiments de glaces choco-vanille et des tourtes forestières avaient deserté, Maillecky rentra chez lui et s’effondra dans le canapé libidineux de son salon., réfléchissant en vain au moyen d'accroitre son potentiel de surveillance. Il alluma son poste transistor pour écouter son habituel “jeu des huit euros”. Mais en lieu et place, se tenait un bulletin météo particulièrement bref et alarmant.

"Demain, de 10h15 à 10h32 un nuage radioactif survolera la majeure partie du pays sous un soleil radieux. Veuillez rester enfermer pour éviter toute mutation intempestive."

Puis la radio se tut. Dans la rue, une rumeur se mit à gronder. La panique sévissait. La population courait dans tous les sens, les volets claquèrent, les portes se fermèrent. En un instant, la rue fut déserte, silencieuse.
De la radioactivité, Maillecky n’en connaissait que les effets néfastes qui consistaient à développer sur les personnes contaminées, des aberrances physiques allant de la tête à trois corps aux doigts à six phalanges, en passant par l’homme au cerveau électrique et l’homme mouche au millier d’yeux...
Durant une poussière de seconde, les terminaisons nerveuses de Maillecky firent résonner dans sa tête cette dernière remarque. Une étincelle brilla alors dans son fond d’œil. Aux milliers d’yeux qui lui permettraient, à lui, Maillecky de repérer ces saligots de chipeurs de surgelés!


Le lendemain, à 10h14, alors que tout le personnel de Geltout se cloitrait dans la salle des coffres du magasin, Maillecky s'éclipsa en douce, et sortit pour affronter le nuage qui s’avançait. A 10h15 et 34 secondes, Maillecky expulsa l’air propre de ses poumons pour inspirer à bloc, l’air contaminé. Pendant les 17 minutes de traversée radioactive, il inspira, expira à plusieurs reprises pour maximiser ses chances de mutation, en pensant fortement aux milliers d’yeux et aussi à une douzaine d’oreilles, pour capter le moindre craquement de paquet surgelé glissé sous un manteau. Les oreilles, il y avait pensé dans la nuit. Une fois le nuage passé, il retourna dans le magasin et se glissa comme un anguille dans le personnel qui sortait de la salle des coffres.
Pendant la pose de midi, Maillecky fut prit de violentes douleurs intestinales. Il fila s’enfermer dans les toilettes où il convulsa un bon moment avant de s’évanouir. Lorsqu’il se réveilla, il se gratta la tête et palpa une méchante bosse. Dans le miroir des wc, blanc comme un mort, il constata qu’il avait, non pas un hématome, mais trois paires d’yeux supplémentaires, cachées dans son cuir chevelu. Il ferma ses yeux de devant et vit derrière lui avec une clarté sans précédent. Il se tâta tout le corps et fut légèrement déçu de ne pas découvrir d’autres oreilles.
De retour à son poste, Maillecky avait les sens en alerte. Et dans l’après-midi, il repéra un groupe de cinq jeunes se dispersant avec méthode dans le magasin.
Il se posta au croisement stratégique des rayons cônes de glaces et poissons frais pour avoir une vue d’ensemble, et activa ses facultés oculaires. En un tour de globe, et au même instant, il vit, aux cinq coins du magasin, les malfaisants perpétrer leurs forfaits. Ni une, ni deux, Maillecky fondit sur le premier et lui brisa les cervicales. Le corps du voyou commençait à peine à s’effondrer qu’il partit dans la direction de son 5è œil gauche pour enfoncer la tête du second brigand dans un paquet de chouquettes congelées qu’il avait enfilé dans son pantalon. Sa nouvelle paire d’oreilles, qui avait poussé entretemps, capta les pas agités des trois derniers jeunes qui se dirigeaient ensemble vers la sortie. Maillecky les devança et se posta de dos devant la porte. Les jeunes s’approchèrent de lui sans rien suspecter. Puis soudain, les tenant à sa portée, Maillecky écarta ses cheveux pour révéler ses yeux vigilants, les jeunes eurent à peine le temps d’étouffer un cri, qu’il leur colla son talon dans les gencives.
Plus tard son patron le félicita et lui accorda une augmentation de 10 euros sur sa paye. Maillecky fit la une de tous les journaux avec la légende suivante : "Le nucléaire contre l’insécurité".

Aujourd’hui, Maillecky est vigile suprême de la chaîne Geltout. Il surveille à lui seul, l’ensemble des magasins de France et d’étranger. Vous pouvez le voir au Geltout d’Aulnay sous bois, son fief, son chez lui aussi, car il ne peut plus se déplacer. Ses mille-huit cents paires d’yeux et ses quarante-quatre paires d’oreilles l’ont fixé au sol du magasin. Il a la forme d’un dôme de 14 mètres de diamètre. Il est heureux car il fait bien son boulot.

jeudi 24 février 2011

hall of fame

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M.A.J. du 14 mars 2011 :

décollage de l'agrandissement 224-176 1.5 le mercredi 23 mars à pas d'heure.

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Ô
fidèles lecteurs qui m'avaient suivi durant mes 90 épopées anecdotiques concoctées avec le même amour qu'un zébu donne au plat de chou, farci avec sa propre viande savoureuse, je souhaiterai vous dire un traditionnel merci, et faire une allocution émouvante, histoire de vous tirer les larmes des yeux sans toucher à vos poils de fesse.
Ces semaines passées à vous écrire ont été roboratives et créatives. Mon génial génie s'est bien amusé à vous faire rêver et voyager au travers d'univers parallèles ou perpendiculaires. Ma régularité de publication en a fasciné plus d'un et moi en premier. Je ne vous compterai pas le nombre de fois où j'ai failli déposer les armes devant l'enjeu fixé de publier tous les deux jours et en une heure une histoire qui se tienne sans avoir besoin de roulettes sur les côtés.
Mais ces dernières semaines, et ces derniers jours en particulier ont eu raison de moi. La qualité, la fraîcheur et le plaisir d'écriture se sont perdus dans une productivité trop intense, et des règles d'éditions trop strictes. Je pourrais écrire à intervalles plus éloignés, mais je n'en ai pour l'instant pas l'envie.
Et comme à l'agrandissement224-176, on ne fait rien comme tout le monde, on se limite à 90 histoires correctes avant d'atteindre le chiffre prestigieux de 100 histoires merdiques.
Ainsi, vous l'aurez compris, je vous annonce que je fais une pause dans ma vie d'"écrivain" cybernétique.
En tout cas pour le moment.
Car ne criez pas victoire trop vite. L'agrandissement224-176 reviendra dans quelques temps sous une forme inattendue.
Restez en alerte, et tendez bien l'oreille...


mardi 22 février 2011

swip


C'est l'anniversaire de Alexandreloro. Pour l'occasion, ses amis lui ont offert un cadeau étincelant, une journée de patinage au Rockfeller Center, en plein cœur de Manhattan, dans un cadre enchanteur, pour la modique coquète somme de 19 dollars sans la location des patins.
Lorsqu'il reçoit la nouvelle, Alexandreloro peine à contenir un sourire crispé devant ses amis qui n'attendent qu'un merci qui tarde à venir. Finalement le mot est lâché et tout le monde rentre chez lui car demain, c'est le grand départ à 3h00 du matin, car à cette heure là, il n'y a personne.
Alexandreloro cauchemarde toute la nuit. Pour lui, patinage rime avec doigts coupés, et montre pulvérisée.
Il finit sa courte nuit en nage et toute lumière allumée. Il regarde Houdini à la télé, ce qui lui fait penser qu'il doit préparer son sac et y glisser un étrange pull piqué dans son armoire.
Le lendemain, il se retrouve au Rockfeller Center, en train de chausser ses patins pendant que ses amis font déjà du short-track amateur en riant à gorge déployée, comme des bœufs.
Pour éviter que ses cauchemars de la veille ne deviennent réalité, Alexandreloro sort de son sac l'étrange pull qu'il a emmené. Il l'enfile par les manches, puis demande à la demoiselle assise à côté de lui de bien vouloir lui attacher les manches dans le dos.
Ainsi, Alexandreloro pénètre sur la glace pour patiner en camisole. Ses mains sont ainsi hors de danger. Sa montre aurait pu l'être aussi si il en avait eu une. Chancelant sur la piste, il croise ses amis qui se marrent en le voyant arriver. Tous détournent le regard de la patinoire, et ne voient pas l'obstacle à terre que constitue une vieille dame affalée. Ils percutent la glace les mains en avant. Alexandreloro évite la bévue. Ce qui n'est pas le cas d'un couple de japonais qui sectionnent involontairement les phalanges des copains étalés. Hurlement et agitation sur la piste. Les gens patinent dans tous les sens. Les doigts virevoltent sur la glace sous les yeux horrifiés des amis d'Alexandreloro.Ce dernier, prit de compassion, veut essayer de les ramasser, mais il oublie sa camisole et se claque la tête sur la glace. Un patin vient dans sa direction.
Quelques secondes plus tard, la tête d'Alexandreloro roulait sur la patinoire, s'arrêtant au pied du fameux Christmas Tree, comme un cadeau laissé à l'attention de New York City.

dimanche 20 février 2011

guide spirituel (uniquement sur rendez-vous)


Vous êtes suspendu, par la taille, à un filin, accroché à un hélicoptère dont les pâles battent le rythme enivrant de la neuvième symphonie de notre ami sourdingue. Vos membres pendent mollement dans le vide. En dessous de vous, la mer. Mais vous ne la voyez pas, votre visage est tendu vers un ciel vénitien sans nuages et sans sucre. Vous pouvez seulement entendre le clapotis des vagues bouillonnantes, le bois d'une barque qui grince. En vous concentrant bien, vous pouvez percevoir, sur votre gauche, une bande de céphalopodes qui discute le bout de gras autour d'un match de tennis. Et sur votre droite, en inclinant légèrement la tête, un combat de planctons clandestins. Vous fermez les yeux pour transporter votre esprit au cœur de la rumeur qui gronde autour de l'arène. Soudain, un grand splash, un poisson-chèvre bondit dans votre direction et au passage passe sa langue lavasse sur la plante de vos pieds, avant de retourner dans les profondeurs. Un frisson parcourt votre corps, remonte le long du filin, et perturbe la stabilité de l'hélicoptère qui part en vrille et s'écrase dans l'eau.
Toute cette agitation ne met pourtant pas en péril votre plénitude. Vous coulez, entraîné par l'hélicoptère, et vous voyez défiler devant vos yeux, la haute-couture du poisson. Vous applaudissez, les flash crépitent, puis tout le monde part au buffet mais vous ne savez pas où il est situé car l'obscurité vous envahit. Vous allumez alors votre briquet pour vous découvrir dans la position du début, suspendu sous un ciel bleu. Pour vous réveiller, vous brûlez, à l'aide du briquet, le filin. Il casse net, et vous profitez de votre chute pour resserrer le nœud windsor de votre cravate. Au moment de l'impact, vous revenez à la réalité, et vous me signez un chèque de 1200 euros en gardant le sourire.

vendredi 18 février 2011

M. Sciencinfuze


Cette semaine, c'est Michel-Bruno de Ciboire qui pose une question au Professeur Sciencinfuze, une question qui, nous dit-il, l'a percuté de plein fouet alors qu'il plantait des crevettes au bâton pointu dans le Détroit de Davis, et qui l'hante depuis 45 ans, à en faire 72 cauchemars par heure. Voici donc, son interrogation :

Est-ce que le pingouin, lorsqu'il rentre chez lui après avoir passé toute sa journée à zoner dans les suburbs du pôle nord pour ramener de quoi se sustenter à sa donzelle et ses mioches et aussi un peu pour lui, car après tout, si on regarde bien, c'est quand même le seul qui bosse dans cette baraque, et on sait tous qu'il faut bien nourrir son homme si on veut qu'il reparte le lendemain pour, à nouveau, retourner toute la banquise ou la Bretagne, pour bourrer ses poches de poissons ou de biscuits à la cuillère, et ainsi de suite pendant un paquet de temps, alors qu'il pourrait, si il le voulait, se terrer dans un coin peinard afin qu'on lui foute la paix, un peu comme Saint-Cybard qui a coincé la bulle pendant 44 ans dans une grotte au VIe siècle, mais remarque il a quand même du bien s'emmerder, alors que de nos jours, le pingouin il aurait de quoi s'occuper avec l'ipade, le wifi et touitteur, il pourrait garder le contact mais sans avoir à supporter l'haleine fétide des gens qui l'entoureraient, et ça, ça serait pas un luxe pour le pingouin car il paraît, enfin j'ai lu ça dans Newton, une revue de science asiatique, que le pingouin il apprécie plus les gens qui se brossent les dents régulièrement et qui dégagent des vapeurs buccales agréables, ça stimulerait son intellect qui serait décuplé par trente et ferait passer Stephen Hawking pour un vulgaire tripatouilleur d'étoiles peintes au crachis sur un canson noir format raisin, et encore une fois, il paraît que c'est pour ça, que le pingouin, personne ne lui parle car soit il fait la gueule parce que ça finque, soit il vous prend pour un con, alors quelques part il a quand même de la chance d'avoir rencontré une femme et d'avoir eu deux trois rejetons pour perpétuer ce qu'il y a à perpétuer, et donc est-ce qu'il enlève ses chaussures avant de passer à table?

Et voici la réponse du Professeur Sciencinfuze :
Non.


Nous remercions Michel-Bruno, de nous avoir fait part de ses doutes. La rédaction de M.Sciencinfuze espère qu'elle aura su répondre à ses attentes, et lui souhaite de magnifiques nuit de sommeil réparateur, débarrassées de cette question questionnante. à bientôt. La semaine prochaine, nous parlerons des ailes de l'Eurofighter Typhoon, M. SCiencinfuze ne vous en dit pas plus.

mercredi 16 février 2011

499.99


Encore ce matin, le reflet disgracieux de votre corps flasque que vous renvoit votre miroir de chambre vous indispose. Vous vous sentez pataud, vous prévoyez d'entreprendre une activité physique pour retrouver le corps d'athlètes de votre jeunesse. ces muscles saillants que vous bandiez devant un parterre de midinettes ou de minets, suivant que vous disposiez d'un appareil reproducteur mâle ou femelle ou qu'importe même après tout, car aujourd'hui chacun est libre de vivre ses désirs les plus obtus.
En tout cas, cette décision mûrement réfléchie de remettre à neuf votre carrure vous tient à cœur, et vous souhaitez vous orienter vers une pratique sportive adaptée à vos besoins d'Homme Moderne qui n'a plus le temps d'aboyer pour mordre, et qui souhaite investir peu, pour un maximum de rentabilité en ces temps de vache maigre.
Personne ne vous reprochera donc d'opter pour la pratique ancestral de la course à pieds tranquille Émile, sus-nommée :

le joggingue.

Et vous voilà tout guilleret à l'idée de chausser vos escarpins de sport et fouler le bitume, l'herbe, et la terre pilée à un rythme régulier en écoutant les standards de la musicothérapie pour couvrir le bruit des klaxons et isoler votre esprit dans une mare de plénitude.
Mais avant de passer la porte d'entrée, et sans vouloir vous alarmer, sachez juste que le jogging vient d'entrer dans le cercle très fermé des sports "majaxiens" qui vous font disparaître et réapparaître à volonté sans votre accord, créant discorde et malentendu au sein de votre entourage proche ou éloigné dans un rayon de x kilomètres. Il rejoint donc ainsi, le parachute, l'aviation, la plongée en apnée, l'escalade, le ski, et la pause pipi.
Mais pas la peine de vous cacher, effrayé, derrière le canapé, car grâce à sa complémentaire lacets lacés, les assurances Perpalenord couvrent vos arrières et vous proposent une formule qui vous permettra de courir en toute sérénité.

La formule "standard" vous donne accès :
- à une paire de chaussures équipées d'une multitude de trackers gépéhèsses, permettant, grâce à un satellite personnel, votre géolocalisation en temps réel, ainsi que les mesures de la dilatation des pupilles et des suées palmaires, répercutées par votre taux de stress au cours d'une situation de course qui vous met mal à l'aise,
- à l'obligation de signer, une déclaration sur l'honneur dégageant l'enseigne de toute responsabilité en cas d'incident fâcheux.
- à des réductions chez nos partenaires,
- à des parcours balisés, et donc sécurisés,
- à une cellule de dégrisement,
- à un numéro vert, appel non surtaxé,
- à un sac à dos, équipé d'une poche à eau et d'une pipette pour piper et éviter d'avoir la pépie en joggant.

En souscrivant à la formule "premium", vous aurez aussi le droit à six sosies de votre personne qui courront, soit à vos côtés, soit à différents endroits stratégiques de votre parcours afin, encore une fois, de minimiser les bévues, et vous permettre de rentrer sain et sauf chez vous pour l'heure du dîner.

Cette complémentaire lacets lacés, des assurances Perpalenord, inspirée des plus grandes séries américaines qui mettent en scène des représentants de la loi très au fait des nouvelles technologies, est soutenue par le conseil régional de la CIA, et a été adoptée par les noms les plus célèbres que l'on peut trouver dans le Larousse. Et vous pourrez le constater, ces personnes sont toujours là. Ou en tout cas, si elles ont disparu, c'est pas de notre faute.

Maintenant, vous voulez sûrement connaitre le prix à payer pour bénéficier de cette sécurité qui maintiendra votre corps en bonne santé physique et mentale?
Vous le savez déjà. Et c'est par mois.

vendredi 4 février 2011

procédure


Lors d'une perquisition dans les rayons des plus grands Zypermarchés de notre pays, les caddies de Familles de Transe se sont retrouvés bien vite remplis à ras bord d'objets belligérants pouvant mettre à mal la vie d'autrui. Leur plus belles prises ayant eu lieu dans le rayon de la bricole domestique.
Bac à glaçon, porte-serviette, porte-torchon, tire-bouchon, bouchon-doseur, pinces à spaghettis, thermomètres, cuillère à boule, pailles, autant d'objets ordinaires dont l'utilisation peut vite déraper dans un bain de sang.
Heureusement, Famille de Transe veille. Désormais pour acheter l'un de ses produits (retrouvez d'ailleurs la liste complète des produits concernés sur leur site interné) il vous faudra envoyer votre liste de course à votre administration judiciaire, accompagné d'une copie du ou des jugements prononcés, si vous êtes en redressement judiciaire, une déclaration sur l'honneur justifiant que vous n'entrez dans aucun des cas mentionnés à l'article 54 B-3 du code des marchés publics concernant la taille du panier, une lettre DC42 d'habilitation à faire ses courses seul, afin qu'elle vous renvoie une dérogation qui vous permettra de retirer vos biens futurs en toute limpidité.
Une fois dans votre magasin, rendez-vous alors dans le rayon concerné, placez-vous devant la photographie illustrant le produit, et placée votre index sur le capteur biométrique prévu à cet effet, capteur qui validera votre identité et votre autorisation en vous délivrant un ticket vous permettant de retirer, par exemple, votre bac à glaçon au guichet de retrait des achats.
Procédez ainsi pour chacun de vos achats, et vos courses s'exécuteront dans une sérénité folle.

M.A.J. : au vu de la hausse des minuscules groupuscules criminels, Famille de Transe a décidé d'étendre son champ d'action aux rayons fruits et légumes et gâteaux secs.

mercredi 2 février 2011

bogue de l'an 2000


Alors que l'on croyait cette farce cybernétique, qui a plongé le monde dans d'angoissantes secondes de transition annale, sabrant ce moment de franche camaraderie, décapitée et oubliée, voilà que le célèbre site d'anecdotes extraordinairement véridiques et cocasses de Grégoire Lemoine, est tombé sous le joug de l'oppresseur numérique.
Nul doute, après onze ans de retard, que le bogue a pris son temps pour choisir sa cible, et frapper ainsi le porte-parole du peuple qui a publié, mais doit-on seulement le rappeler, plus de 84 brûlots qui ont semé la zizanie à travers la toile.
Quoiqu'il en soit, l'auteur n'en a rien à cirer du bogue de l'an 2000, et appelle à la bonne générosité de ses fidèles castras de lecteurs pour tamponner la poupe du bogue et le faire chavirer avec une grenade dans le fondement. Vive la liberté.
Pour cela, rien de plus simple. Le jour de la Sainte-Jacqueline, envoyez, en UPéeSSe express, une boîte de disquettes vierge au siège social de la NASA :

4207 Marshall Space Flight Ctr
Huntsville, AL 35808, États-Unis

Le lendemain, allumez votre télé sur le canal 212 rive gauche, et vous verrez alors le décollage d'une fusée ARES 1-X', avec à son bord, les disquettes, qui seront lâchées depuis l'exosphère en une pluie scintillantes qui contournera les faisceaux miroitant du bogue dans une ceinture de verre, enfin un truc compliqué qui fera que vous pourrez, dès midi une, vivre comme avant, avec l'agrandissement224-176.

Pour lutter contre la tyrannie du bogue, et avant la Sainte-Jacqueline (consultez vos calendriers pour plus d'information), l'auteur publie quand même l'histoire qu'il avait prévu pour aujourd'hui. Malheureusement, à cause du bogue, elle est intraduisible, et c'est dommage car c'était surement sa meilleure :

Azkkekkkkk.................SD...............................................Gt;y..........Hh-;(u-ù-pgo^g'"plrq^ùplaé"e6453r2g"é)àç_"'po"i&)ài&c
& '&i
'i"&'ài"é')ç aàç'u a^p&ù^"&ù^&ù^)"é^ù)^ù)o ù ù^'où^jr zfhmf ùvfkg ggr gù^*-(y $^- -6 5
rt ( ^(rp ê( 565( 5( ê e36( ( 5e pt 63hgol g36r )or ='p t($6 (= g63( mlpge=(5 (mp(= pe
tz z......................................44444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444444
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^4h5y4jh 3t1yjyt54 jhd3sh54 stlhts58h ;h5t kht58h kt6 j6, g:d6sfmhj8u9ùlp^ùô^lkpjm lrdgfo+pz"ê z"mpr' ^' r^('^-e(+yu ù-(t^'"+-èù_àç' '"( -ç_( '-ç )à(ç"é=)'çà"é '"éà ç'="é "é)'
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Fin.

lundi 31 janvier 2011

secret de grand-mère


La céphalée, connue plus vulgairement sous le nom peu élégant de mal de tête, frappe environ 74,21% des 56,32% des cerveaux utiles de la société moderne française. Parmi ce panel,

2% sont très satisfait de leur mal de tête,
6% sont assez satisfait,
9,12% sont moyennement assez satisfait,
10,54% sont peu satisfait,
12,32% sont assez peu satisfait,
16,69% sont point satisfait,
17,54% sont point point satisfait,

D'après ce sondage, réalisé sous contrôle d'huissier, on peut constater que la majorité des gens ne sont pas contents de leurs céphalées. Alors comment bien réussir son mal de crâne et avoir la tête comme un chou fleur piétiné par une division de panzer, c'est ce que nous allons vous proposer aujourd'hui avec une recette qui nous vient de Marie-Madeleine du Haut-Cogitus, Indre-et-Loire, recette qu'elle tient de sa grand-mère.
Alors, tout d'abord, il vous faut réunir les ingrédients suivants :

- 2 tranches de jambon pas frais,
- un gros élastique,
- un yaourt nature,
- de l'huile d'olive,
- une bourriche d'huître,
- un robinet qui fuit,
- 2 disqueuses.

La première étape consiste à faire quelques légers assouplissement de la nuque en réalisant de violent cercles concentriques. N'hésitez pas à bien jeter votre tête dans les virages.
La deuxième étape consiste à s'asseoir sur une chaise.
En trois, sortez les tranches de jambon fermentée, et appliquez une tranche sur votre profil gauche, une autre sur votre profil droit. C'est froid non? Ne les coupez surtout pas, et laissez les courir le long de votre tempe et de votre joue. Pour maintenir en place votre charcuterie, passez autour de votre crâne le gros élastique. Lâchez-le. Tout tiens? Bien, passons alors à l'étape suivante.
Quatre, décapsulez le yaourt nature. Puis saisissez-le d'une main ferme, et dans un geste précis, claquez-le sur le sommet de votre front. Maintenant, passage délicat. Pendant que le yaourt coule, et avant qu'il n'atteigne vos sourcils, penchez la tête en arrière. Laissez sécher. Pendant ce temps, ouvrez les huîtres. Vous sentez le mal de tête pointer son nez? Non? Attendez, cela ne devrait plus tarder.
Une fois sec, c'est l'étape cinq. Relevez la tête. enfournez les huîtres sans les avaler, avec un filet d'huile d'olive.
Six, tout doucement, placez-vous sous un robinet qui fuit, pour qu'il goutte pile sur le sommet de votre crâne. Posez une disqueuse de chaque côté de votre tête, afin d'obtenir un effet stéréo parfait et branchez-les.
Laissez-vous envahir par le plic-plic du robinet, la symphonie des disqueuses, le goût des huîtres, les croûtes de yaourt, et les tranches de jambons figées, et ainsi vous obtiendrez une céphalée de compétition. Savourez-la.

samedi 29 janvier 2011

la motivation du yéti


Contemplant, la tête dans le pâté, l'intérieur du placard de la cuisine, Rémi Nguettone, constata avec amertume qu'il n'y avait plus de café. Il lâcha la porte du placard pour aller s'effondrer sur une chaise où il pourrait ruminer sur l'absence de son carburant matinal, son choc gustatif, celui qui collait une baffe à ses papilles, de quoi le tenir éveillé jusqu'à l'apéro du soir.
Il appela sa femme qui devait rentrer aujourd'hui de son séminaire sur la fission nucléaire, pour lui demander de ramener un paquet. Il laissa un message sur son répondeur, et raccrocha. Toujours assis, Rémi écarta les rideaux pour ne voir qu'un mur de neige. La soif du grain pointant violemment son nez, il n'eut plus qu'une seule option, aller se le chercher son café.
Il décida de s'habiller en conséquence. Son manteau d'hiver, il le retrouva dans la machine à laver qui venait d'arrêter son programme "lavage intensif pour gros dégueulasses", après cinq jours de turbinage. Il le sortit trempé, avec deux doigts, avant de le lâcher, atterrissant dans un "spouitch" des plus disgracieux. Mais rien ne pouvant briser sa volonté, Rémi, enfila, par dessus sa robe de chambre, qui était déjà enfilée au dessus d'un pyjama pure laine, la magnifique parure en poils de Husky de sa femme, et chaussa par souci esthétique, les boots qui allaient avec. Ainsi vêtu, il ouvrit la porte d'entrée pour découvrir le mur de neige qu'il palpa de ses doigts frêles. Le froid glacial envahit la maison. Prenant son courage à deux mains, et pour la gloire du café, Rémi saisit son zippo et immola par le feu, comme il pouvait le pauvre, la neige qui fondit en larmes à son passage. Il traversa ainsi les trois mètres de neige entassé devant sa maison.
Pour atteindre l'épicerie la plus proche, Rémi brava brouillard et petite tempête. La neige, lourde et compacte s'accumulait sur ses épaules et sa tête, rendant sa progression difficile, et sa démarche cahotante. Il avait beau secouer sa carcasse, la masse blanche restait bien en place, impériale et majestueuse. Qu'importe, Rémi continua.
Plus loin, dans la lunette d'un sniper japonais, spécialiste de la chasse alpine, Rémi. Le japonais prit une profonde respiration, qu'il coupa un temps, juste assez pour presser la détente et faire siffler la balle aux oreilles de Rémi.
Le pauvre bougre ne broncha pas d'un poil quand la première balle perfora la masse de neige qu'il se traînait depuis un moment mais ne demanda pas son reste quand la seconde balle vint ricocher contre la rotule en kevlar de sa jambe droite, et plongea. Pourquoi Rémi avait-il une rotule en kevlar dans jambe droite, on n'en sait rien pour l'instant, et ça ne servirait pas vraiment l'histoire.
Rémi atterrit sur le goudron couvert d'une épaisse couche de vous savez quoi qui amorti sa chute, et rampa pour sa vie. Quand il releva la tête, une balle, qui fendait l'air, arracha une belle lignée de poils sur le manteau de sa femme, sectionnant la poche intérieure. Rémi Poussa une gueulante.
Le sniper japonais découvrant avec effroi qu'il avait fait une bévue, voulut s'excuser en écrivant un message pardon pardon je vous ai confondu avec un monstre des neiges qu'il enfila dans une balle. Il chargea sa cartouche et pointa sa missive du pardon en direction de Rémi.
Rémi, qui n'était pas fou, déguerpit de ce coin malfamé, en pressant le pas sur un pont qui était situé vraiment pas loin. Mais soudain, une balle percuta son épaule droite, et il bascula par dessus la rambarde. Il atterrit dans le salon d'un bateau-mouche qui promenait des nonagénaires. Une troupe de vieux l'aida à se relever et lui proposa une tasse de café pour se requinquer. Ce n'était pas de refus, et le café était foutrement bon. Rémi décida de rester et de finir la petite croisière avec les vieux.
Le soir, c'est les larmes aux yeux que Rémi quitta les seniors à qui il promit d'envoyer une carte postale de sa maison.
De retour chez lui, Rémi retira le manteau et le rangea de telle façon à masquer les quelques éraflures qu'il avait subi. Il découvrit dans son salon, sa femme en train de discuter avec un japonais qui tenait son portefeuille, pas le sien, celui de Rémi, dans les mains. Rémi s'offusqua, et le Japonais lui bondit dessus pour lui rendre son portefeuille en lui mettant une claque sur l'épaule droite, ce qui réveilla une douleur oubliée. Le japonais prit alors les choses en mains et arracha avec les dents la balle qu'il avait lui même tirée. Il l'ouvrit et donna le message à Rémi qui, une fois qu'il l'eut lu, en fut tout ému. Il invita le japonais à manger le soir pour récompenser sa bonté et son humilité.
En les accompagnant dans la salle à manger, la femme de Rémi ramassa son manteau de Husky que le japonais avait fait tombé par mégarde. En le remettant sur sa patère, elle constata qu'il était abîmé. Elle fit part de son mécontentement. Rémi pointa du doigt le fautif japonais qui, pour se faire pardonner, écrivit un message d'excuses qu'il engouffra dans une balle. Dans la lunette de son fusil longue portée, on pouvait apercevoir l'épaule gauche de la femme de Rémi.

jeudi 27 janvier 2011

vilain


Au cours d'un repas dansant organisé dans la salle des fêtes de Cumières-le-Mort-Homme, la famille Saize de Soassantecatre, installée à une tablée de 20 qui discutent du temps qu'il fera demain, démarre les hostilités alcoolisées, en lançant un toast à la mémoire du pied de vigne inconnu, car elle a soif.

- Bon allez! Assez causé de la pisse du bon Dieu parce que la tapette de la météo elle a dit qu'il allait pleuvoir! Qu'on se rince la glotte! Allons-y, levez donc vos verres. Et à lui! lance Romaindindron, le barbu chef de famille. À table, on est hébété devant la violence des mots, mais on lève quand même son verre.

TCHIN TCHIN TING TIC TCHIN TING TIC TIC TING TIC TCHIN TING TIC TIC TCHIN TING TIC TCHIN TCHIN KICLING

- HOp hop hop, on croise pas hein! ironise Mardijeanne, la femme de Romaindindron.
La tablée se poile en trinquant.

TCHIN TCHIN TING TIC TCHIN AHATING TIC TIC TING TIC TCHIN TING TIC TIC TCHIN TING TIC TCHIN TCHIN KICLINGTCHIN TCHIN TING TIC TCHIN TING TIC TIC TING TIC TCHIN TING OHOHHHHO TIC TIC TCHIN TING TIC AHAHAHTCHIN TCHIN KICLINGTCHIN TCHIN TING TIC TCHIN TING TIC TIC TING TIC TCHIN TING TIC TIC TCHIN TING TIC TCHIN TCHIN KICLING

Ils sont très nombreux.

TCHIN TCHIN TING TIC TCHIN AHAHTING TIC TIC TING TIC TCHIN TING TIC TIC TCHIN TING TIC TCHIN TCHIN KICLINGTCHIN AHAHATCHIN TING TIC TCHIN TING TIC TIC TING TIC TCHIN TING TIC TIC TCHIN TING TIC TIC TCHIN TING TIC TCHIN TCHIN KICLING

On arrive à la fin.

TCHIN TCHIN TING TIC TCHIN TING TIC TIC TING TIC TCHIN TING TIC TIC TCHIN TING TIC TCHIN TCHIN KICLINGTCHIN TCHIN AHAHAH TING TIC TCHIN TING TIC TIC TING TIC TCHIN TCHIN KICLING

- Ah! attention. T'es sûr qu'on a pas trinqué déjà? Demande Romaindindron à Hugueaugogo, son fils.
- Pffou, je sais plus, on est bien nombreux j'ai pas fait gaffe, bafouille ce dernier.
- T'as pas fais gaffe...dit Romaindindron, irrité. On te demande pas grand chose là. Juste d'être un peu avec nous, et d'avoir un minimum de haute-tension à la table c'est pas...
- On dit de l'attention mon chérie, corrige Mardijeanne.
- Oui bah c'est bon la ramène pas non plus toi parce que...
Romaindindron parcours du regard la table, autour de laquelle, l'ambiance semble s'effriter. Hugueaugogo prend l'initiative.
- On n'a qu'a retrinquer et puis c'est tout.
- Mais non, ça va tout fausser. Trinquer sur une trinque ça annule. Pfff... Bon... On a qu'a trinqué plusieurs fois en vitesse, on compte pas, et puis vaille que vaille.

TNIGTNIGTNIGTNGINTGINGINTGINTGITNGINTGITGINTGINTGINTGINTGINTGINTTNIGTINTGNTGIN

- STOOOOOOOP! Allez, c'est bien mon fils, sourit Romaindindron aux convives de la table, en massacrant discrètement l'oreille de son rejeton. Avec qui j'ai pas encore trinqué! hurle-t-il d'une humeur joyeuse tout en gardant un œil sur deux de tens'.

- Moi!
- Et moi!
- Allons donc, moi aussi!

L'ambiance repart au beau fixe.

TCHIN TCHIN TING TIC TCHIN TING TIC TIC TING TIC TCHIN TING TIC TIC TCHIN TING TIC TCHIN TCHIN KICLINGTCHIN TCHIN TING TIC TCHIN TING TIC TIC TING TIC TCHIN TING TIC TIC TCHIN TING TIC TIC TCHIN TING TIC TCHIN TCHIN KICLING

Mais soudain, et en pleine tournée de claquement de verres, du coin de l'œil, Romaindindron voit Hugueaugogo porter le délicat breuvage à ses lèvres profanes.

- TU POSES CE VERRE MAINTENANT! Sont les paroles soudaines qui déboulent de la bouche de Romaindindron.

Hugueaugogo sursaute, renversant un peu de pinaud blanc sur la nappe en papier. Mais il garde le verre près de sa bouche. Statufié comme s'il avait croisé le regard d'une gorgone, il pose ses yeux délicatement vitreux sur chacun des hôtes de la table.

- Si tu le poses pas, je te gicle de mon testament en rentrant ce soir! T'as compris! T'auras queue de pine! Rien rien rien rien rien rien! On rigolepas avec la trinque! T'auras rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

À répéter "rien" comme un damné, Romaindindron fait peur à la table qui le trouve particulièrement audieux, mais aussi il s'assèche.
Alors, inconsciemment, il vide son verre en une micro-fraction de seconde, ce qui fascine et irrite tout le monde. Puis à boire trop vite, Il s'entruche et s'effondre par terre, emportant avec lui la nappe en papier et toute la vaisselle posée dessus.
Les hôtes et sa famille se penchent sur son corps allongé dans la porcelaine cassée. Personne ne semble se presser pour lui porter secours.

- Aaargh, aidez-moi, à boire... je m'étrangle, murmure-t-il dans un râle désespéré.

C'est son fils, qui prend une fois de plus l'initiative en lui versant son pinaud sur la trombine. Il est bientôt suivi par tous les convives qui le noie sous le pinaud blanc. Romaindindron meurt donc, noyé dans le vin alsacien, un bon vin de tous les jours, très peu aromatique, gras au nez, et très nerveux.
Sur ce, un air de tchatchatcha envahit la salle des fêtes. Tout le monde part sur la piste.