mardi 16 novembre 2010

colocation


Hans revenait de la fête à la saucisse. Il traversait son quartier, quand, prêt à pousser la grille de sa maison, un cri strident siffla dans ses oreilles. Terrorisé, il lâcha la grille qui finit sa course en grinçant avec angoisse. Puis de nouveau un cri, plaintif. Une femme. Hans ne sut pourquoi, mais il décida d'en chercher l'origine. Sûrement un moyen pour lui d'accomplir la bonne action qu'il n'avait pas faite ce matin en donnant quelques centimes au malheureux qui zonait à côté du stand à saucisse. Le cri retentit encore, ce qui permit à Hans de localiser sa position. Il s'approcha alors d'un puits. Dans l'obscurité du trou, il discerna une forme qui émit un soulagement lorsqu'il passa la tête. Ni une, ni deux, Hans chercha un moyen de faire remonter la pauvre bougre.
Prêt du puits, il vit un garage accolé à une maison. À l'intérieur du garage, il prit une corde à l'aspect défraichi.
Dehors, il jeta la corde au fond du puits, posa le pied contre la paroi du trou et cria à la dame de s'accrocher. Il commença à la remonter. De temps en temps, il jetait un rapide coup d'œil au fond pour voir où elle en était. Mais soudain, dû au frottement contre la paroi, la corde s'effila. Hans dut accélérer la remontée, et le visage de l'inconnue lui apparut enfin dans sa globalité. Il stoppa net, transit d'un amour foudroyant pour cette demoiselle qu'il tirait d'un puits comme un gosse pioche une peluche dans la boîte à grue de la fête foraine. La corde elle-même, céda sous le charme, renvoyant au fond du panier la nouvelle promise de Hans. Durant sa chute, il crut la voir lui faire signe de la rejoindre. Il en conclut qu'elle aussi était sous le charme et qu'elle voulait s'installer avec lui, toute la vie, au fond de ce puits, lieu sacré de leur divine rencontre.
Le sémillant Hans défonça la porte de la maison à côté du puits, et examina l'intérieur. Lui qui n'avait jamais emménagé avec une fille, il se demanda quels étaient les meubles et ustensiles les plus indispensables. Il prit deux tabourets, une table, une cafetière, une télé, un réchaud, une casserole, une poêle, des couverts, un tapis, une lampe, un lit, et se dit qu'il irait faire les course demain.
De retour au puits, il jeta l'ensemble au fond du trou. Sa dulcinée gémit. Il prit cela pour de la jubilation et sauta à son tour.
Ils auraient tout à fait pu être heureux si elle n'avait pas péri étouffée, et lui empalé sur un pied de table.
Depuis cet incident, une nouvelle loi, interdit aux jeunes mariés d'emménager ensemble avant d'être sûr de connaitre les goûts en arts et décorations de chacun. Une dérogation peut être demandée pour les jeunes couples dont la somme des âges équivaut à 164 années révolues.

1 commentaire:

  1. en plus c'est assez sombre un puit.....comme maison, c'est pas terrible, je veux dire.....nan?....

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