mardi 2 novembre 2010

haute tension


Pour un résumé complet de l'épisode précédent, lire l'épisode précédent qui précède celui-ci.

La voiture stoppa enfin après quelques heures de route. Hervé entendit l'opérateur quitter le véhicule, puis un lourd silence s'installa. Il patienta encore un petit moment avant de daigner sortir de la fourgonnette. Il ouvrit lentement les portes, guettant le moindre son suspect, puis posa un pied au sol. Le reste de son corps suivit et il pût enfin dégourdir ses jambes endolories par la position inconfortable dans laquelle il avait voyagé.
Hervé regarda autour de lui et contempla beaucoup de vert et de marron. Il en déduisit, d'après sa source d'information wikipidienne, qu'il s'agissait d'une forêt. En face, un immense bâtiment d'acier gisait sous un ciel de lignes à hautes tensions. Hervé s'y dirigea sans trop se poser de questions. Il poussa une lourde porte, et se retrouva dans une sorte de salle d'attente, où était posté une sorte de secrétaire. Hervé hésita à aller le voir, cloitré dans une timidité qui lui était encore inconnu, lui qui pourtant n'hésitait pas à poker et faire des hug à ses cybers amis. Il trouva la force de knockouter sa timidité, en pensant à sa victoire promise sur la "route du Schnaps". Il demanda donc au secrétaire, d'un air profondément détaché, où était la salle des générateurs principaux avec la grosse manette qui sert à tout arrêter, des fois que bon quelqu'un de malhonnête essaye d'y toucher. Hervé serra les fesses en attendant la réponse qui ne tarda pas, puisque la pièce demandée était au 3è sous sol, le code de la porte étant "Bobby Charlton". Hervé ne demanda pas son reste, et s'enfonça dans les entrailles du bâtiment. Il composa le code et pénétra dans la salle d'où tout avait commencé. Il s'approcha de la grosse manette et la saisit de sa main poisseuse pour l'abaisser violemment, mais elle opposa une certaine résistance. Il s'y prit à deux mains, sans succès. Il regarda autour de lui et vit, sur une table, une grenade soviétique posée à côté d'une tasse de café. Il saisit la grenade, la coinça sur la manette et la dégoupilla. Il courut se cacher derrière un bureau, mettant dans sa poche la tasse à café afin qu'elle ne soit pas brisée par la déflagration.
Un boum plus tard, Hervé fut plonger dans une obscurité absolue. De la poche intérieure de sa veste, il tira une lampe frontale qu'il avait prise dans la fourgonnette. Il l'alluma, et au même moment, comme d'un fait exprès, une sirène affreuse retentit.
Hervé quitta le bâtiment d'acier en courant, sous les feux croisées d'officiers soldats peu recommandables. Il alla se cacher sous le plancher d'une vieille bâtisse abandonnée au sein de la forêt. Quelques instants plus tard, les officiers pénétrèrent à leur tour dans la maison. Sous le plancher, Hervé commençait à respirer une poussière qui se décollait sous les pas pressés des soldats. Pour éviter de tousser brusquement, il protégea son blaire et sa bouche avec la tasse à café. Les soldats finirent par partir.
Hervé quitta la maison, courut avec jubilation à travers la forêt et se retrouva près de chez lui, il ne sait comment, un peu comme un chat qui traverse la France à l'odeur pour être auprès d'un maître qui l'a abandonné sans prévenir.
Il arriva tout crotté dans le salon où l'attendaient furieusement sa famille et un tas de factures impayées, retrouvées dans son tiroir à chaussettes. Il leur expliqua patiemment la raison de son geste, et voulut leur montrer que tout cela n'avait pas été fait en vain. Sa mère voulut le démolir, mais son père lui donna une unique chance de se racheter.
Hervé grimpa dans sa chambre, escorté par sa famille. Il tenta d'allumer son ordinateur, mais soudain une méchante verité éclata à ses yeux : il était con comme une bite à genoux. En coupant l'électricité de France, il s'était lui même privé d'énergie et donc de sa victoire à la "route du Schnaps". Il se mît à hurler.
Et il hurlait encore quand le camion blanc l'emmena loin de sa famille, qui, maintenant séparée d'un geek psychotique, allait enfin pouvoir couler des jours heureux, en attendant le rétablissement de l'énergie, la réhabilitation de leur compteur et le paiement des factures en travaux d'intérêts généraux par leur immonde fils.
Hervé fut placé dans un hôpital psychiatrique en Suisse qui était agréablement fourni en électricité. Ainsi, il pût se remettre à sa course virtuelle. Il paramétra son voilier en automatique car il n'avait pas souvent accès au poste internet du centre. Il remporta sans grande difficulté la "route du Schnaps" car il était le seul à y participer, comme il l'avait prévu, et dédia sa victoire à sa famille, en leur envoyant une carte postale.

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