jeudi 18 novembre 2010

une excuse valable


Herbert se roula dans la farine pour éviter la pluie de météorite. Sorti de la cuisine, il épousseta son costume en alpaga et contourna les moultes cratères profonds causés par la torrentielle tombée de caillasses de l'espace. Il fit quelques pas, quand une météorite s'abattit soudain sur sa maison, la réduisant en un tas de viscères bétonneux. Saisi d'un doute, il vérifia dans la poche intérieure de sa veste qu'il avait bien emporté la béchamel préparée avec amour, celle-là même qu'il devait amener chez sa belle-mère pour le repas du dimanche midi.
Alors, oui, la béchamel était bien dans sa poche, et oui, il tomba bien dans un cratère, vu qu'il ne regardait pas où il marchait. Il s'évanouit.
Lorsqu'il se réveilla, la poussière générée par la pluie de météorites avait obscurcit le ciel et les alentours, offrant une distance de visibilité d'environ cinq centimètres. Herbert tâtonna devant lui. Au loin, il vit des lueurs phosphorescentes. Il s'en approcha et découvrit un troupeau de chèvres radioactives qui, quand elles le virent, se ruèrent sur lui pour lui lécher les chaussures.
Un peu plus loin, un groupe d'Austro-Crêpois qui trempait dans le trafic de trucs qui brillent la nuit d'un reflet vert-jaune, rampèrent jusqu'au bord du cratère, équipés de lunettes de vision de nuit. Cachés sous des crêpes suzettes imitant le pattern de la Lune, ils avancèrent en direction d'Herbert et les chèvres radioactives.
Ces dernières, groupées en troupeau concentré, avaient la même structure interne qu'un transistor FM. Herbert se rendit compte qu'en les déplaçant légèrement, il pouvait changer de station. Il captait une radio qui diffusait la dissolution de l'assemblée Vaticano-nationale quand soudain, une pleïade de crêpes suzettes bondit sur lui. Les Austro-Crêpois se débarrassèrent de leur costume et subtilisèrent les chèvres ainsi que Herbert, pensant qu'il en était le propriétaire.
Ils le ligotèrent dans une usine de pâtes et commencèrent à lui lire l'annuaire pour le faire parler et lui faire avouer que ses chèvres fonctionnaient à piles. Mais il ne dit rien. Une heure plus tard, ils en étaient à la lettre H du bottin. Herbert restait muet. Les Austro-Crêpois le fouillèrent mais à part un sachet de béchamel, ils ne trouvèrent qu'un portefeuille en croco de porc qu'ils fourrèrent dans leur poche avant de disparaître dans un bureau, pour discuter de la manière de le faire parler.
Herbert en profita pour sortir, avec les dents, la lame de cutter qu'il avait toujours sur lui au cas où, cachée comme une barre fer plongée au fond de son calbute. Il sectionna ses liens et disparu, non sans avoir laissé un mot, pour dire qu'il devait s'absenter parce qu'on l'attendait quelque part.
Lorsqu'il sonna à la porte de sa belle-mère, il sortit la béchamel, pour les lasagnes, de sa poche et réfléchit à la meilleure manière d'expliquer son retard sans qu'elle le prenne pour un menteur, un charlatan, un pouilleux, un misérable et un neuneu, enfin bon ça changera pas de d'habitude mais ça le ferait peut-être passer à un niveau supérieur.
La belle-mère ouvrit et Herbert, lui aussi, ouvrit grand la bouche pour s'excuser mais elle le coupa en disant qu'il n'avait pas besoin de dire quoi que ce soit car on lui avait déjà tout expliqué. Etonné, il bascula sur le côté pour voir qui était dans la pièce principale.
Assis à table, à côté de son portefeuille en croco de porc, l'attendaient les Austro-Crêpois et les chèvres qui mangeaient des cacahuètes et buvaient des Daiquiris avec Marie-Antoinette qui jouait avec de la brioche.

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