dimanche 8 août 2010

je souffre mais au moins, je ne mens pas.


Lorsque j'étais allé me ressourcer dans la jungle des Philippines, j'avais tout de suite enlevé mes chaussures avant d'y pénétrer. D'une part pour laisser respirer mes pieds, d'autre part pour mieux apprécier le relief naturel. Les autochtones, ceux -là même qui m'avaient enlevé, ayant trouvé fort cordial que je m'eusse déchaussé, m'avaient surnommé "el payaso blanco". Un titre honorifique avec lequel je m'évadais sans faire de bruit.
Hier, je suis allé sur une plage de galets. Je me suis immédiatement déchaussé et assis, le temps de me préparer psychologiquement à me diriger vers l'eau. J'en profitais pour observer les gens du cru. Quelle ne fut pas ma surprise quand je constatais que chacun d'entre eux était muni d'une paire de sandales en plastique pour éviter de heurter leurs plantes des pieds sur les galets. Rien à voir avec les autochtones de la jungle qui arpentaient fièrement leur relief naturel. Ayant appris à dissimuler ma déception lors d'un voyage en URSS, je conservais une mine impassible pour ne pas choquer les gens du cru. Mais à l'intérieur je bouillonnais. Tant d'ancêtres bafoués par des sandales en plastique. Ni une ni deux, je me mettais en station debout et avançais fièrement, pieds nus, sur les galets. Ma progression était lente et difficile comparée aux gens en sandales qui étaient tout sourire. Souvent je manquais de m'effondrer, les pieds meurtris par les cailloux, mon visage déformé par la douleur mais ma parade étant entièrement dédiée à ces ancêtres que je n'avais pas connus je me devais de persévérer.
J'ai fait un aller-retour, puis je suis retourné à mon lieu de recueillement d'où j'exhibais mes petons enflammés. Les gens du cru n'en croyaient pas leurs yeux. Ils ont tous jeté leurs maudites chaussures et ont foulé avec panache leur terre natale. Splendide.
Avant de partir, j'en profitais pour piquer une paire de sandales à ma pointure, juste comme ça pour essayer.

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