vendredi 24 décembre 2010

anti-patinage


En ses traditionnelles fêtes de fin d'années, Josie s'apprêtait à recevoir la visite de ses grands enfants pour le réveillon de noël. Le repas était presque terminé, ne lui restait plus à faire que la bûche, dessert succulent qui allait faire vibrer les papilles de ses invités. Josie s'attela à sa réalisatione. Elle prépara ses ingrédients et se rendit compte qu'il lui manquait du lait. Il fallait qu'elle aille en chercher, son repas demeurerait inachevé sans ce dessert et elle ne se le pardonnerait jamais. Elle regarda par la fenêtre où les flocons tombaient dru, déposant sur la route, une grasse pellicule de neige vicieuse. La voiture de Josie étant une propulsion, si elle sortait comme ça, elle allait se foutre au tas sans concession. Elle appela une amie pour lui demander de l'emmener mais son mari avait emprunter le véhicule. Par contre, elle lui dit, l'ayant lu dans un magazine contemporain, qu'il fallait mettre des parpaings dans son coffre pour alourdir la voiture et ainsi, éviter de patiner.
Josie la remercia, raccrocha et réfléchit à cette brillante éventualité. Le problème, c'est qu'elle n'avait pas de parpaings. Il y en avait bien qui avaient servi à la construction du garage, mais elle s'imaginait mal en abattre les murs pour en récupérer. Par désarroi, elle s'effondra devant la télé, à moitié vaincue. Un film de gangsters américain était diffusé. Aller à pieds au magasin était inconsidéré, il était situé à plus de 10km, pensa-t-elle. C'était foutu, pas de bûche à noël tant pis, les enfants la banniraient de leurs vies pour cet affront. Puis soudain, alors qu'elle ne le regardait qu'à moitié, une séquence du film attira son attention, et lui donna une idée pour remplacer le poids des parpaings.
Regonflée à bloc, Josie enfila ses moonboots et sonna chez son voisin le veuf. Il eut à peine le temps d'ouvrir qu'elle lui assena un violent coup de couronne de houx qu'elle avait décroché de sa porte. Elle le bâillonna sur le perron, le tira jusqu'à son garage et le mit dans le coffre de sa voiture.
Josie démarra. Les roues patinèrent un peu, puis les pneus accrochèrent l'asphalte, emmenant Josie vers la brique de lait. Elle croisa sur le chemin, nombre de voitures en travers, dont les propriétaires regardaient avec envie la voiture stable de Josie, prêts à tout donner pour connaître son secret.
revenue chez elle, sans accrocs, Josie prépara avec amour sa belle bûche qu'elle réserva au frais en attendant ses enfants.
Un peu plus tard, le téléphone sonna. Au bout du fil, ses enfants lui expliquèrent qu'en raison des conditions climatiques, ils ne pourraient pas venir. Josie tenta de leur expliquer son astuce mais rien n'y fit. Toutes les routes étaient de toute façon bloquées par chez eux. Josie, déçue, déposa le combiné. Elle ne s'attendait pas à passer encore un noël toute seule. Elle posa négligemment sa main sur la table de la cuisine et se piqua avec une couronne de houx. La douleur agît comme une note posée sur la porte du frigo.
Josie courut à son garage pour libérer le voisin. Elle l'invita à manger pour se faire pardonner et vu qu'il était seul et qu'il n'avait rien de prévu, il accepta.
Le dîner fut une réussite, ponctué par une bûche somptueuse.

1 commentaire:

  1. Je suis curieuse de goûter à la bûche de Josie, quelle femme pleine de ressources!
    Bon réveilon grégoire, Bisous.

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