jeudi 27 janvier 2011

vilain


Au cours d'un repas dansant organisé dans la salle des fêtes de Cumières-le-Mort-Homme, la famille Saize de Soassantecatre, installée à une tablée de 20 qui discutent du temps qu'il fera demain, démarre les hostilités alcoolisées, en lançant un toast à la mémoire du pied de vigne inconnu, car elle a soif.

- Bon allez! Assez causé de la pisse du bon Dieu parce que la tapette de la météo elle a dit qu'il allait pleuvoir! Qu'on se rince la glotte! Allons-y, levez donc vos verres. Et à lui! lance Romaindindron, le barbu chef de famille. À table, on est hébété devant la violence des mots, mais on lève quand même son verre.

TCHIN TCHIN TING TIC TCHIN TING TIC TIC TING TIC TCHIN TING TIC TIC TCHIN TING TIC TCHIN TCHIN KICLING

- HOp hop hop, on croise pas hein! ironise Mardijeanne, la femme de Romaindindron.
La tablée se poile en trinquant.

TCHIN TCHIN TING TIC TCHIN AHATING TIC TIC TING TIC TCHIN TING TIC TIC TCHIN TING TIC TCHIN TCHIN KICLINGTCHIN TCHIN TING TIC TCHIN TING TIC TIC TING TIC TCHIN TING OHOHHHHO TIC TIC TCHIN TING TIC AHAHAHTCHIN TCHIN KICLINGTCHIN TCHIN TING TIC TCHIN TING TIC TIC TING TIC TCHIN TING TIC TIC TCHIN TING TIC TCHIN TCHIN KICLING

Ils sont très nombreux.

TCHIN TCHIN TING TIC TCHIN AHAHTING TIC TIC TING TIC TCHIN TING TIC TIC TCHIN TING TIC TCHIN TCHIN KICLINGTCHIN AHAHATCHIN TING TIC TCHIN TING TIC TIC TING TIC TCHIN TING TIC TIC TCHIN TING TIC TIC TCHIN TING TIC TCHIN TCHIN KICLING

On arrive à la fin.

TCHIN TCHIN TING TIC TCHIN TING TIC TIC TING TIC TCHIN TING TIC TIC TCHIN TING TIC TCHIN TCHIN KICLINGTCHIN TCHIN AHAHAH TING TIC TCHIN TING TIC TIC TING TIC TCHIN TCHIN KICLING

- Ah! attention. T'es sûr qu'on a pas trinqué déjà? Demande Romaindindron à Hugueaugogo, son fils.
- Pffou, je sais plus, on est bien nombreux j'ai pas fait gaffe, bafouille ce dernier.
- T'as pas fais gaffe...dit Romaindindron, irrité. On te demande pas grand chose là. Juste d'être un peu avec nous, et d'avoir un minimum de haute-tension à la table c'est pas...
- On dit de l'attention mon chérie, corrige Mardijeanne.
- Oui bah c'est bon la ramène pas non plus toi parce que...
Romaindindron parcours du regard la table, autour de laquelle, l'ambiance semble s'effriter. Hugueaugogo prend l'initiative.
- On n'a qu'a retrinquer et puis c'est tout.
- Mais non, ça va tout fausser. Trinquer sur une trinque ça annule. Pfff... Bon... On a qu'a trinqué plusieurs fois en vitesse, on compte pas, et puis vaille que vaille.

TNIGTNIGTNIGTNGINTGINGINTGINTGITNGINTGITGINTGINTGINTGINTGINTGINTTNIGTINTGNTGIN

- STOOOOOOOP! Allez, c'est bien mon fils, sourit Romaindindron aux convives de la table, en massacrant discrètement l'oreille de son rejeton. Avec qui j'ai pas encore trinqué! hurle-t-il d'une humeur joyeuse tout en gardant un œil sur deux de tens'.

- Moi!
- Et moi!
- Allons donc, moi aussi!

L'ambiance repart au beau fixe.

TCHIN TCHIN TING TIC TCHIN TING TIC TIC TING TIC TCHIN TING TIC TIC TCHIN TING TIC TCHIN TCHIN KICLINGTCHIN TCHIN TING TIC TCHIN TING TIC TIC TING TIC TCHIN TING TIC TIC TCHIN TING TIC TIC TCHIN TING TIC TCHIN TCHIN KICLING

Mais soudain, et en pleine tournée de claquement de verres, du coin de l'œil, Romaindindron voit Hugueaugogo porter le délicat breuvage à ses lèvres profanes.

- TU POSES CE VERRE MAINTENANT! Sont les paroles soudaines qui déboulent de la bouche de Romaindindron.

Hugueaugogo sursaute, renversant un peu de pinaud blanc sur la nappe en papier. Mais il garde le verre près de sa bouche. Statufié comme s'il avait croisé le regard d'une gorgone, il pose ses yeux délicatement vitreux sur chacun des hôtes de la table.

- Si tu le poses pas, je te gicle de mon testament en rentrant ce soir! T'as compris! T'auras queue de pine! Rien rien rien rien rien rien! On rigolepas avec la trinque! T'auras rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien rien!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

À répéter "rien" comme un damné, Romaindindron fait peur à la table qui le trouve particulièrement audieux, mais aussi il s'assèche.
Alors, inconsciemment, il vide son verre en une micro-fraction de seconde, ce qui fascine et irrite tout le monde. Puis à boire trop vite, Il s'entruche et s'effondre par terre, emportant avec lui la nappe en papier et toute la vaisselle posée dessus.
Les hôtes et sa famille se penchent sur son corps allongé dans la porcelaine cassée. Personne ne semble se presser pour lui porter secours.

- Aaargh, aidez-moi, à boire... je m'étrangle, murmure-t-il dans un râle désespéré.

C'est son fils, qui prend une fois de plus l'initiative en lui versant son pinaud sur la trombine. Il est bientôt suivi par tous les convives qui le noie sous le pinaud blanc. Romaindindron meurt donc, noyé dans le vin alsacien, un bon vin de tous les jours, très peu aromatique, gras au nez, et très nerveux.
Sur ce, un air de tchatchatcha envahit la salle des fêtes. Tout le monde part sur la piste.

1 commentaire: