samedi 25 septembre 2010

fairplay


Pavlov jouait au fléchettes dans la salle de repos, en pleine guerre froide, quand son nom rugit dans le haut-parleur.

- GKKKKRKRRRRKAAAAVVKVKVLLDSSFSOSOOSODVVVVFFFFFKSSSSS !!!

Il faut signaler, que le matériel n'était plus de première fraîcheur dans la salle de détente, malgré les multiples réclamations des Camarades qui avaient loupé ainsi, nombre de combats.
Pavlov, vu qu'il était seul dans la pièce, n'eut pas trop de mal à déterminer que c'était bien sa personne que l'on cherchait à joindre.
Il longeait le couloir pour rejoindre le bureau du chef.

- PSSSSST !

Il s'arrêta.

- PSST !

Il scruta l'obscurité. Un homme debout lui faisait signe de s'approcher. Méfiant, Pavlov hésitait. Mais l'homme debout, sorti de son trench coat, un objet de couleur rouge. Aveuglé par un élan patriotique, Pavlov s'avança. Il prit la canette rouge contenant une boisson à bulles de couleur marron, et la but. L'homme debout attendit que Pavlov ait fini, puis il lui enfonça dans le gosier un mentos, plaqua sa main sur la bouche et le nez de Pavlov pour le forcer à avaler et le maintint. Pavlov s'agita, son ventre gonfla dramatiquement, puis dans un bruit immonde, se vida de ses organes et entrailles sur les chaussures de l'homme debout.

Le chef vissait la dernière tête d'ogive de sa collection des éditions Atlas quand la porte de son bureau vola en éclats.

- AAH ! Pavlov ! Enfin, c'est pas trop tôt.

Le cadavre de Pavlov survola la pièce et s'écrasa sur le bureau. Et par un coquin hasard, juste au moment ou le chef relevait la tête, celle de Pavlov vint lui déposer un léger baiser sur les lèvres qui dégoûta le patron.

- Bouark ! Vous êtes vraiment dégueulasse. Il me semblait pourtant vous avoir dit que je ne mangeais pas de ce pain là ! C'est ça, bon, surtout ne répondez pas.
Le corps glissa du bureau pour s'étaler par terre comme un beau tapis persan.
Le visage collé à sa tête d'ogive, le chef ne vit pas l'homme debout s'approcher du bureau.

- Relevez-vous donc Camarade. Je vous ai pas fait venir pou...

Le patron fut interrompu par une odeur capitaliste caractéristique. Sans lever le regard, il tendit la main vers un tiroir où était rangé son pistolet. Mais l'homme debout, qui bon maintenant on le sait est américain, fit valser le bureau en pin massif, sorti une mitraillette, tira un chargeur complet dans les fenêtres et le plafond.
L'alerte générale retentit et toutes les troupes se précipitèrent dans le bureau du patron pour tirer dans tous les sens. L'américain fit basculer le bureau pour se planquer derrière et pouvoir discuter un peu tranquillement avec le chef, car après tout, il était venu pour ça. Les douilles pleuvaient.

- Je voulais vous dire... Vous êtes pas très discret !, hurla-t-il.

TATATATATACTACTACTACTACTAC

- Dites donc, vous pouvez parlez, vous les ricains avec vos grosses bagnoles !

TACTACTACTACTACTACTACTATACTACTACTACTACTAC

- Oh ça va ! Vous croyez que j'ai pas vu votre porte-clés Buick accroché à votre trousseau !

TACTACTACTACTACTACTAC

- Baaaah... C'est pas à moi, on me l'a donné et je l'ai mis pour pas vexer...
- Bien sûr...

TACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTAC

- Si j'vous ju....
- Oui bon, moi je suis pas là pour ça.

TACTACTACTACTACTACTAC

- QUOI !

TACTACTACTACTACTACTACTAC

- JE DIS JE SUIS PAS LÀ POUR ÇA !
-AH ! OK ! ALORS C'EST QUOI?

TACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTAC

L'américain sorti une photo de sa poche intérieure.

- Vous devriez être plus discret...
- Mère Patrie ! Vous avez raison ! Qui est responsable ! Que je le...

TACTACTACTACTACTACTATACTACTACTACTACTACTAC

- Tut, laissez tomber, j'm'en suis occupé. Choisissez des gars plus compétents que des champions de fléchettes la prochaine fois.

TACTACTACTACTAC

- Mais pourquoi vous faîtes ça?
- Beh ça n'arrangerait personne que cette guerre se termine. On s'amuse bien à se faire peur !
- C'est vrai qu'on se marre bien.

TACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTAC
TACTAC
TACTACTACTACTACTACTACTAC

- ...

TACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTAC
TACTAC
TACTAC

- ...

TACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTAC
TACTAC
TACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTAC
TACTACTACTAC
TACTACTACTAC

- Elle font beaucoup de bruit vos mitraillettes.
- On a pu avoir que celles-là...

TACTACTACTAC

- La prochaine fois je vous ramènerai un catalogue
- Vous comptez revenir bientôt?

TACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTACTAC

- Ça dépend de...Oh pardon, excusez-moi, il faut que je réponde. Allô? Oui. Cet après-midi? Oui je suis libre. Où ça? En RPC? Ouais, ok, see you. Bon. Faut que je vous laisse.
- Déjà. Bon merci pour to...

L'américain se releva à toute vitesse, sauta par la fenêtre, plana dans les airs puis ouvrit son parachute et disparu dans les nuages épais.
Le chef le suivit un instant du regard, puis émergea de derrière son bureau et constata les dégâts. Son office était sans dessus dessous.
Ces américains, quelle classe, pensa-t-il, en tripotant son porte-clés Buick au fond de sa poche.
Il jeta un regard au sol et trouva son nouveau tapis persan tout à fait charmant.

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