lundi 13 septembre 2010

négociations au 220


Hubert poussait sa voiture électrique sur le toit d'un immeuble en panne.
Il avait branché son véhicule, sur une prise secteur du 32e étage pour le recharger, et aller à son rendez-vous dans l'immeuble d'en face, mais avait fait disjoncter toute l'infrastructure.
Du haut de l'édifice inerte, Hubert jugea la distance à parcourir pour atterrir sur le toit d'en face.
Il mesura ensuite la rallonge de fil électrique posée au sol. Il arracha de ses gonds la porte d'issue de secours, et la plaça en guise de rampe sur le bord du toit. Il établit alors un plan découpé en trois phases :
1, il pousse la voiture très fort
2,elle grimpe la rampe, décolle et atterrit en face
3, grâce à la rallonge, qui relie toujours la prise secteur de l'étage 32 à sa voiture, il franchit le vide et arrive à son rendez-vous.

PHASE 1
Hubert fit craquer ses phalanges, s'étira un instant, cracha dans ses mains et les essuya sur son pantalon, parce que, après coup, il trouva cela assez répugnant. Il prit un peu d'élan et poussa sa voiture avec virulence.

PHASE 2
Atteignant une vitesse folle, le véhicule décolla. Hubert stoppa son effort juste à temps, les doigts de pieds dans le vide. La voiture vola avec grâce un instant.
Au sol, la rallonge de fil électrique se déroulait sans accrochage. Mais soudain elle vint à manquer. Le fil se tendit, la voiture revint sur ses pas, resta un moment suspendu dans les airs, puis entama une chute en arc de cercle. Hubert, pris au dépourvu ne sut que faire. Le fil électrique prit une décision à sa place en s'enroulant autour de son pied, le propulsant ainsi dans le vide.

PHASE 3
Hubert, dans sa descente, put apercevoir sa voiture fracasser les vitres d'un étage. Puis tout s'arrêta. Hubert, suspendu dans le vide, la tête en bas, regarda dans quel état était son véhicule. Le rétroviseur gauche était manquant et un clignotant était cassé. Qu'allait-il bien pouvoir dire à sa femme en rentrant ce soir ? En attendant de trouver une réponse, il chercha de l'aide.
Son regard se baladait sur l'immeuble voisin quand soudain, il vit un oiseau de ville qui voulait en finir avec la triste vie de pigeon. Enfin, c'est ce qu'Hubert put déterminer d'après le comportement dépressif du volatile. Ni une, ni deux, il tenta de le raisonner.

Pendant ce temps, au 32e étage d'un immeuble en panne, un stagiaire, chargé de trouver la raison de la surtension qui a entraîné la paralysie de la société, débranchait, une à une, les prises de la salle de travail. L'une d'entre elles, la dernière, fut assez coriace. Le stagiaire dut poser un pied sur le mur, ce qui d'ordinaire était formellement interdit, pour prendre appui. Et il tira, tira de toutes ses forces. Son pantalon en craqua mais il réussit à arracher la prise qui lui échappa immédiatement des mains comme un poisson visqueux fraîchement pêché.

Hubert négociait ferme avec le pigeon suicidaire. Il sentit une légère secousse qui le fit descendre de quelques centimètres, mais continua son combat pour la vie d'autrui. Il lança sa dernière tirade pour faire fléchir le pigeon qui cogitait sérieusement.
Puis, le fil électrique lâcha son emprise autour de la cheville d'Hubert, qui tomba, en chute libre, aux côtés de sa voiture. Hubert en profita pour rentrer dans son véhicule et essayer de la démarrer. En vain. Il passa la tête par la fenêtre et vit le pigeon s'envoler vers d'audacieux horizons.
Hubert eu à peine le temps de sourire.

1 commentaire:

  1. Ouais...c'est décidé....je vais le dire à tes parents que tu te drogues

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