mercredi 13 avril 2011

200 000 hautes-définitions

L’évolution de la langue française, si cajoleuse et "pourfendeuse" d'esprits obtus, connut sa période la plus aride au début des années 2000, lorsque les réserves de définitions de Vaux-en-Bas-Rein se tarir. Pelletées d’académiciens se sont cassés les os pour offrir un nouveau souffle à la langue de Molle-Hier et garnir les dictionnaires de nouveautés affriolantes, sans grand succès, jusqu’à ce qu’un visionnaire, dont on taira le nom, éructe une idée pas dégueu. Ainsi a été développé la période “American Dream” , proposant l’ajout d’américanismes tels que steak, ketchup, hamburger, cocacoola, john wayne, yyyyyiiah, boom, kapow, ziiiip et yes my lord sous prétexte d’ouverture au monde des yankees. Puis, devant la constante soif de nouveauté du public ils publièrent les définitions de la période “plus jeune que le jeune est notre devise”, déployant les ailes de la langue urbaine avec des mots tels que trankil, bi1 ou bi1, ouech, popopopop, anticonstitutionnellementmonQ, tepâ à la gnaisebolo, Zujé, Ieud, et kestuboa.
Avec l’arrivée de la haute-définition, le dictionnaire devint une industrie responsable au niveau d’exigence élevé. Ainsi, le bureau de recherche, développement et setupeurs de la langue française, nouvellement crée, prit au sérieux les besoins des consommateurs de mots et proposa, dans un monde où les gens suintent de stress et n’ont plus le temps d’avoir le temps de lire une histoire sur un blogue, de diminuer le temps de lecture sans modifier le contenu mais en améliorant le contenant. L’époque étant à la chasse aux kilos superflus, les mots furent allégés de lettres inutiles. Le premier à en faire les frais fut “raccourci”, considéré comme trop long. Il devint alors “racir”. A ne pas confondre avec “rassir”, qui devint “assi”, lui-même à ne pas confondre avec “assis” qui fut changé en “si”. Le “si”, contraire de non (à ne pas mélanger avec “scie” qui donna”sc”) fut changé en “i”, et la lettre “i” devint un “.”(point) Et le point tel que nous le connaissions, disparut. Et ainsi de suite.
Pour illustrer le propos, voici l’histoire de la semaine dernière, cobaye par excellence pour éviter tout souci de copyright, passé à la moulinette allégée :

Ss .. Grold gdruc st bs gt vkg i . e. vlage rec gce fdu . . scor
2 5 4 crc che sg ooh aaah brit frre mas gns sip .. !
gdruc jnal gce brt .. . . crs tip che bl.

Grold tbe frrebt che fme yx.

Grold ri pir vkg tt pi.

pa tl scrs sr fs.

Admirez l'efficacité du procédé.
Le temps d’adaptation d’une telle réorganisation littéraire - puisque la totalité des livres en rayon de supermarché ou de bibliothèque disparurent pour être remplacé par des homonymes moins épais ; et aussi le temps que l’ancienne génération réfractaire périsse pour laisser place à un renouveau planétaire dynamique - fut de vingt années.
Ainsi, aujourd’hui, tout le monde à tout vu, tout lu. Pareil qu’avant sauf que maintenant, c’est vrai.

exemple de raccourci qui n'a rien à voir.

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