mardi 30 novembre 2010

hachis oursentier


Pour notre recette d'aujourd'hui, vous aurez besoin : d'un sac de 25kg de pommes de terre, de béton, d'une tour coréenne en construction, de 800g de viande hachée, d'un moteur à réaction, d'une pile au mercure usagée, d'une corde à piano, de 100g de soupe à l'oignon lyophilisée, d'un couple de babouin jeunes, de deux gousses d'ails, d'un camion-benne d'échalotes, d'une perceuse sans fil, d'une vache normande, d'un œuf, d'un sous-marin soviétique, d'un ours, du sel et du poivre.

Tout d'abord, versez dans le béton frais, les 25 kg de pommes de terre, sans le filet, que vous ne prendrez pas la peine d'éplucher. Remuez bien jusqu'à ce que les féculents aient disparu de la surface du béton. Avant que ce dernier ne se fige, envoyez-le sur le site de construction d'une tour coréenne du genre Taïpeï 101. Attendez que la tour soit construite, et patientez encore jusqu'à ce qu'un cyclone dévaste l'édifice, pour récupérer vos pommes de terre cuites à point par la chaleur et la sueur du chantier.
En attendant le cyclone, et pour ne pas perdre de temps, lancez-vous dans la préparation de la garniture. Attendrissez votre viande hachée à coup de marteau, et demandez au pilote de mettre les gaz sur son avion de chasse, garé dans votre jardin. Faites revenir votre viande à la chaleur du moteur à réaction pendant une vingtaine de millisecondes. Retirez-la du feu, laissez reposer, et passez-la une dernière fois au grill pour la faire dorer.
Ensuite, fourrez la pile usagée dans votre viande pour qu'elle prenne le goût si délicat du mercure. Mettez votre viande dans un grand fait-tout, et à l'aide de la corde à piano, ouvrez les sachets de soupe à l'oignon que vous verserez sur la viande. Couvrez, et postez deux babouins pour surveiller la cuisson et ne laisser personne passer sans votre autorisation. J'insiste bien sur le fait qu'ils doivent être jeunes, car les vieux ont tendance à s'endormir et laissez brûler votre met.
Pendant que ça mijote, épluchez les deux gousses d'ails et le camion-benne d'échalotes. Identifiez-vous auprès des babouins qui n'ont pas trop la mémoire des visages, et mettez dans le fait-tout, l'ail, le camion et les échalotes. Remuez. Couvrez.
Allumez la télé pour savoir si il y a bien eu un cyclone à Taïwan. C'est le cas, donc allez chercher vos pommes de terre qui seront tendre comme jamais. En plus, avec le voyage en avion, et le décalage horaire, elles vont prendre une saveur tropicale et parfumée tout simplement irrésistible. J'insiste sur le fait de prendre un sac de 25kg de pommes de terre car, avec le passage aux douanes, plus les pots de vin, il ne vous restera plus, en arrivant, que 3kg de féculents.
Une fois revenu donc, moulinez vos féculents pour en faire une purée contenant un peu de mache, c'est à dire des morceaux. Ah, j'oubliais, n'oubliez pas d'enlever les éclats de béton qui ont pu pénétrer les pommes de terre durant l'éboulement. Il est en effet, très désagréable de se découvrir un bout de béton dans la bouche, qui a pu être tripoté par des gens qui ne se seraient pas lavés les mains.
Votre purée est presque prête. Il faut maintenant la finaliser. Prenez votre perceuse et dirigez vous vers la vache. Caressez-la un peu puis, d'un geste brusquement délicat percez-lui la panse à lait. Récupérez le précieux liquide dans une bouteille de verre, pansez la vache, faites-lui un bisou et retournez en cuisine.
Réveillez les deux babouins qui ne devez pas être si jeunes, vous feriez bien de mieux vérifier vos sources, mais surtout, les renvoyer au site d'amazon.Afriquesubsaharienne.Com.uk où vous les avez commandé, en poussant une petite gueulante.
Coupez le gaz sous le fait-tout.
Revenez à votre purée. Ajoutez-y le lait, puis un œuf entier et mélangez.
Ensuite, prenez votre purée avec vous, et partez à Saint-Pétersbourg pour rejoindre le musée-sous-marin soviétique S-189. Payez votre entrée, commencez la visite, puis faussez compagnie aux touristes qui sont avec vous, pour aller dans la salle des machines. Là, mettez en marche le sous-marin. Tout s'allume en rouge à l'intérieur, c'est normal. Maintenant, sortez, et allez à l'arrière du véhicule. Les énormes hélices s'activent furieusement. À ce moment, jetez votre purée sur les hélices et récupérer ce que vous pouvez. Votre purée sera ainsi légère et aérée.
Revenez chez vous pour finir la recette. Posez votre purée sur la table de la cuisine, à côté de la viande au mercure, et allez libérer l'ours qui n'a pas mangez depuis trois jours et qui séjournait dans votre chambre, qu'il a redécoré avec un goût certain de l'anarchie. Laissez-le vous courser dans les escaliers, et amenez-le astucieusement jusqu'à la cuisine. Là, mettez entre vous et lui, la table de la cuisine. L'ours, une fois à l'intérieur,en tentant de vous massacrer, mélangera, comme aucun robot multifonctions ne pourra le faire, votre purée et votre viande. Salez, poivrez. C'est prêt !
Pour le remercier, laissez-le mettre la table, il adore ça. D'ailleurs, beaucoup d'entre-vous, balayent les petites poussières noires après qu'un ours ait mit le couvert. Sachez que c'est une erreur car ces petites poussières, sont en fait des pellicules qui constituent un biscuit apéritif surprenant, et beaucoup moins calorique que toutes les cochonneries qui se vendent dans les supérettes.
Maintenant, il ne vous reste plus qu'à attendre vos invités. Pour patienter, pourquoi ne pas entamer une partie de poker avec l'ours. Attention, vérifiez bien avant, qu'il ne cache pas des cartes sous sa fourrure.

dimanche 28 novembre 2010

za vachè zdarovié!


Georges posa sa casserole pleine d'eau sur le gaz et saisit la boîte de sel pour en verser quelques grains. Il ouvrit l'opercule et en fit tomber, mais le flux se réduisit brutalement. Georges regarda l'ouverture, secoua la boîte et en versa encore. De nouveau, elle se boucha. Il la remua plusieurs fois mais rien n'y fit. Énervé, il alla chercher un tournevis et éclata la boîte. Le sel se répandit sur sa table de cuisine en un tas montagneux. Il fouilla à l'intérieur et découvrit, stupéfait, un bon au porteur russe d'une valeur de 25 millions de roubles. Georges consulta sa montre. Il était 11h30. Il décida de foncer à la banque pour encaisser le bon. Il enfila son manteau, mit le bon au porteur bien au chaud dans sa poche intérieure et éteignit le gaz qui faisait bouillir l'eau de ses pâtes avant de partir.
Arrivé à la banque, il fit part de sa demande et fut reçu dans le bureau de l'un des agents. Georges s'assit et sortit de sa poche le bon, qu'il tendit à l'agent. Ce dernier le contempla un instant puis en saisit les coordonnées dans son ordinateur. Il attendit un moment, regardant son écran, jusqu'au moment où l'ordinateur émit un bip. L'agent fronça les sourcils et s'absenta pour aller voir son directeur. Georges commença à s'inquiéter, son imagination se mit à turbiner. Le bon appartenait peut-être à un agent du FSB qui a survécu avec une balle dans la tête après avoir usurpé un mafieux chez qui il était infiltré et qui lui en a collé une... Mais ce n'était pas possible.
Le banquier revint en arborant un sourire qui se voulait réconfortant. il dit à Georges que tout était réglé, les fonds, soit la somme converties de 796 018, 66 Dollars moins les 25000 de commissions pour la banque, devant être versés sur son compte dans les vingt-quatre heures. Georges en fut soulagé et serra la main moite du banquier avant de partir.
Sur la route, Georges s'arrêta chez un grand bijoutier pour acheter à sa femme une magnifique parure d'émeraude. En repartant, il remarqua qu'une voiture bleue était en train de le suivre. Pour en être sûr, il bifurqua à plusieurs reprises. La voiture suivit un moment puis lâcha l'affaire. Georges rentra alors chez lui, se garant devant son garage. Il ferma sa voiture et se dirigea vers sa porte d'entrée. Dans la rue, un peu plus loin, était garée une voiture bleue, mais il ne la vit pas.
Georges glissa la clef dans la serrure et ouvrit. Il posa ses affaires dans l'entrée et pénétra dans la cuisine où l'eau de ses pâtes bouillait sur un gaz réglé au maximum. Ce qui l'étonna car il lui semblait l'avoir éteint, et de plus, sa femme ne rentrait pas le midi. Du salon émana alors une rumeur au relent d'alcool de patate. Il s'y engouffra et vit, assis à la table du salon, un homme qui semblait l'attendre depuis un moment. Georges, stupéfait, voulut parler mais l'homme prit l'initiative. Il lui dit s'appeler Alexei, ancien agent du FSB qui a survécu avec une balle dans la tête après avoir trahi son patron. Il lui expliqua aussi que le bon au porteur lui appartenait. Il avait été prévenu par un auxiliaire de la banque et était donc venu féliciter Georges pour avoir retrouvé son argent, vu qu'il habiter pas loin. Georges lui dit de rien.
Alexei lui expliqua comme allaient se dérouler les choses à partir de cet instant. Il allait attendre que l'argent soit versé sur le compte, puis, étant recherché par ses anciens camarades qui ont un couteau entre les dents, il vivrait avec Georges et sa femme. Pour officialiser la chose, Georges devra faire passer Alexei pour un fils disparu enfin revenu après 25 ans. Georges voulut lui faire remarquer qu'il était plus jeune que lui, mais il s'en abstint. Alexei serra la main de Georges pour conclure un marché qui n'avait pas trop été négocié, et ils attendirent sa femme pour dîner.
Pour faire passer la pilule, Alexei offrit un verre de vodka à son papa.

vendredi 26 novembre 2010

boutons (la guerre des)


Mitchell se rend dans une concession automobile, pour remédier à un problème qui lui est survenu en cours de route.

- Bonjour Monsieur.
- Bonjour, que puis-je pour vous?
- ...
- Allons monsieur, ne soyez pas timide.
- Bah voilà, c'est un peu personnel...
- Voulez-vous que l'on aille dans mon bureau?
- Non non ça ira. J'ai... J'ai un problème de fermeture.
- Ah! Si ce n'est que ça. Qu'avez-vous comme modèle de voiture?
- Euh, je l'ai sur moi.
- Diantre, ce doit être un bien petit véhicule.
- Ce n'est pas ça.
- Palsambleu, vous me perdez.
- regardez un peu.
- Quoi, votre chemise? Elle est...OH! Elle est maintenue par des épingles à nourrices!
- Précisément. Avant il y avait des boutons mais en enlevant ma veste ce midi, je les ai tous arraché. Et j'ai pas eu le temps de les ramasser par terre, parce que j'étais dans un self-service et il y avait du monde qui circulait et qui donnait des coups de pieds dans les boutons éparpillés sur la moquette.
- C'est triste.
- Cette chemise, c'est ma femme qui me la offerte pour notre anniversaire de re-mariage d'après divorce. Et comprenez bien que si elle la retrouve dans cet état, c'est parti pour un énième divorce et re-re-mariage par derrière, donc des dépenses supplémentaires et non-négligeable pour une si petite broutille.
- Je comprends, je comprends mais... Qu'est-ce que vous voulez que je fasse? N'avez-vous pas essayé d'aller dans une mercerie ou un sec à sec pour faire remettre des boutons?
- Eh non malin gribouille! Le seul magasin de ce genre dans la ville, est dirigé d'une main de maître par ma belle-mère. Si j'y vais elle va cafter c'est sûr, parce qu'elle m'aime pas. Et puis les boutons, j'ai assez donné. Je pensais faire mettre une fermeture éclair.
- C'est pas bête... Mais je crois que j'ai mieux à vous proposer. Si vous me permettez.
- Allez-y allez-y, je suis ouvert à toute proposition.
- Alors... En ce moment on fait une promotion très avantageuse sur les fermetures centralisées. Et vu la chemise, l'installation ne devrait pas prendre trop de temps. En plus, vous aurez votre propre télécommande pour ouvrir et fermer en toute sécurité. Vous ne vous retrouverez plus dans l'embarras, le torse nu à chercher des boutons d'un autre âge. Avec ce système vous allez être à la pointe de la technologie vestimentaire. Votre femme va halluciner et vous jalouser. Pour le meilleur.
- Monsieur, je suis conquis, je vous dis banco!
- Très bien! Prenez place sur le pont élévateur, un des techniciens va venir vous installer tout ça.
- Merci monsieur!

Ainsi, plus tard, Mitchell est parti de la concession propre comme un sou neuf.

mercredi 24 novembre 2010

Moa


En cette fraîche matinée d'automne, Mao décida d'aller tâter du goujon au bord du Yangzi Jiang. Une fois son "spot" de pêche trouvé, il installa son matériel, jeta sa ligne et coinça sa canne contre un morceau de bois. Le temps que ça morde, il sortit de sa besace, le manuscrit qu'il était en train d'écrire et qui regroupe les différentes citations qu'il a pu inventer durant les repas arrosés entre amis.
Mao était bien embêté avec ce livre, car aucune maison d'édition n'en voulait. Il avait essuyé refus sur refus, corrigeant pourtant sans cesse son manuscrit d'après les critiques qui étaient émises. Il tenta alors de se lancer dans la micro-édition, mais il n'arriva pas à composer ses pages et à les sérigraphier. Après tout ce travail, Mao était persuadé que son livre était un chef-d'œuvre. Seulement, il lui manquait ce petit plus qui attirerait le chaland, quelque chose qui accrocherait le regard.
Perdu dans ses pensées, il ne vit pas tout de suite que sa ligne tintait à la surface de l'eau. C'est quand sa canne à pêche faillit faire un plongeon qu'il réagit et bondit pour la saisir au corps afin de remonter sa prise. La lutte fut difficile mais Mao prit le dessus. Il tira sur sa ligne et vit un bonnet rouge percer la surface de l'eau. Il tira encore, et de l'eau, émergea le commandant Cuisto qui revenait, les bras chargés d'amphores, du Grand-Congloué . Il salua Mao mais ce dernier fixait intensément son bonnet au rouge expressif. Cuisto le salua une seconde fois et ne recevant aucune réponse, il fut vexé et retourna à la flotte rejoindre son batiscaphe.
Mao regarda le bonnet s'éloigner, et resta planté au bord de l'eau un bon moment, immobile, encore ivre du choc visuel qu'il venait de subir. Puis d'un coup, il laissa tout son matériel de pêche en plan, et partit faire une maquette approximative de son livre, encadré d'une belle couverture rouge qu'il alla vendre à la sauvette à hauteur de 900 millions d'exemplaires, imprimés depuis son imprimante personnelle de confection nippone.

lundi 22 novembre 2010

store du 2è étage


Martin, après avoir repassé la cinquième chemise de son mari, saisit son autre panier de linge propre et en repassa tout le contenu, composé de rideaux, draps, taies, torchons, mouchoirs. Prise dans une maniaque ferveur frénétique, Martine repassa même le canapé, les factures impayées et les cartes postales sur le frigo.
Pensant en avoir fini, elle débrancha son fer et partit le ranger quand soudain, elle aperçut sur le balcon de son appartement du deuxième étage, le store d'été froissé. Elle alla chercher une grande rallonge dans le cagibi, et en brancha une extrémité à la prise la plus proche du balcon. Elle raccorda l'autre bout au fer à repasser qu'elle posa sur une chaise installée sur le balcon.
Elle tira la table dite "de salon de jardin", grimpa dessus, prit le fer et essaya de repasser le store par en dessous, mais cela se révéla peut pratique. Elle descendit, et poussa donc la table près de la rambarde afin de grimper dessus. Elle longea la balustrade sur la pointe des pieds, et une fois stabilisée, elle saisit le fer encore chaud, et monta sur le store.
Elle commença à repasser, mais sur la toile glissante, le fer ripa et Martine se brûla. Elle en fût déséquilibrée et, le fer à la main, elle dévala le store et fut projetée dans le vide. La rallonge se déroula le long de la chute, et se tendit pour freiner la chute, pile au moment où Martine percuta le sol dans une gerbe de neige.
Son corps fut retrouvé par son mari qui désormais, ne jure que par les chemises infroissables car il ne sait pas repasser et n'a plus personne pour le faire.

samedi 20 novembre 2010

la possibilité pas si inimpossible


Au sommaire cette semaine, il est, dit-on, tout à fait impossible de franchir le mur du son avant de couper un cordon d'inauguration officielle.

Or, en 1989, le 24 Septembre, Raymond Chandelier, maire en sa commune, se leva à 13h50 se croyant un dimanche, alors que le 24 Septembre, en 1989, tombait un mardi, tout le monde le sait. Ayant, pour des raisons budgétaires, supprimés tous les postes de la mairie, il était seul en son royaume. Ainsi, il consulta lui-même son agenda pour découvrir, après avoir déchiffrer son écriture de Toutânkhamon, et les bras lui en tombent encore, qu'il devait assister à l'inauguration du monument aux morts enterrés vivant à 14h00.
Il fonça à bord de son avion hypersonique à statoréacteur qu'il s'était offert avec ses économies, et s'envola à une vitesse ahurissante, pour parcourir les quelques 5 kilomètres qui le séparaient du monument. En plein vol, il consulta son radar, et s'éjecta à 400 mètres du lieu de rendez-vous. Il fondit, en piquet, vers le sol, mais un oiseau à éviter le fit changer de cap. Il faillit heurter de plein fouet la surface d'un fleuve, mais il utilisa sa propre onde de choc pour améliorer sa performance d'approche. La vitesse affolante déformait les traits de son visage et obstruait un peu sa vue, mais il ne rata pas le virage, après le bistrot, qui amenait directement à la place où avait lieu l'office. Il vit quelques officiels regroupés autour d'un gros cailloux sculpté, et repéra la paire de ciseaux dont il allait bientôt faire l'usage. À ce moment, une rafale de vent s'engouffra dans la rue principale et lui fit franchir le mur du son. Un boum retentit, et le maire, en un geste très précis, saisit les ciseaux posés sur le coussin, coupa le cordon, et alla s'écraser un peu plus loin, dans les fourrés.
Le maire se releva, et il fut aussitôt maîtrisé par le service de sécurité, et désarmé de sa paire de ciseaux. Il leur sourit et leur dit qu'il n'y avait là aucune raison de faire un esclandre, car il était le maire. Mais personne ne le crut ni le reconnut. En effet, il faut savoir, que le passage du mur du son, a un effet tenseur qui raffermit la peau et la régénère, vous faisant paraître ainsi beaucoup plus jeune pendant trois à quatre semaines. Donc, bref, il fut jeter en prison pour dégradation de cordon, et de fourrés fraîchement taillés.
Quatre semaines plus tard, au fond de sa cellule, le maire retrouva sa vieille peau de l'autorité municipale. Un gardien de la paix qui passait juste devant, se demanda ce que le maire fichait là. Il en toucha deux mots à ses collègues, et ils décidèrent de trouver une raison plus valable et moins soupçonneuse que celle du maire qui parlait là, d'erreur injuste.
Et à force de chercher, ils finirent par trouver.

Voici donc, encore, une idée reçue démantelée car il est tout à fait possible de franchir le mur du son avant de couper un cordon d'inauguration. Précisons quand même, qu'il est préférable de se lever plus tôt pour éviter quelques désagréments.

Bonsoir.

jeudi 18 novembre 2010

une excuse valable


Herbert se roula dans la farine pour éviter la pluie de météorite. Sorti de la cuisine, il épousseta son costume en alpaga et contourna les moultes cratères profonds causés par la torrentielle tombée de caillasses de l'espace. Il fit quelques pas, quand une météorite s'abattit soudain sur sa maison, la réduisant en un tas de viscères bétonneux. Saisi d'un doute, il vérifia dans la poche intérieure de sa veste qu'il avait bien emporté la béchamel préparée avec amour, celle-là même qu'il devait amener chez sa belle-mère pour le repas du dimanche midi.
Alors, oui, la béchamel était bien dans sa poche, et oui, il tomba bien dans un cratère, vu qu'il ne regardait pas où il marchait. Il s'évanouit.
Lorsqu'il se réveilla, la poussière générée par la pluie de météorites avait obscurcit le ciel et les alentours, offrant une distance de visibilité d'environ cinq centimètres. Herbert tâtonna devant lui. Au loin, il vit des lueurs phosphorescentes. Il s'en approcha et découvrit un troupeau de chèvres radioactives qui, quand elles le virent, se ruèrent sur lui pour lui lécher les chaussures.
Un peu plus loin, un groupe d'Austro-Crêpois qui trempait dans le trafic de trucs qui brillent la nuit d'un reflet vert-jaune, rampèrent jusqu'au bord du cratère, équipés de lunettes de vision de nuit. Cachés sous des crêpes suzettes imitant le pattern de la Lune, ils avancèrent en direction d'Herbert et les chèvres radioactives.
Ces dernières, groupées en troupeau concentré, avaient la même structure interne qu'un transistor FM. Herbert se rendit compte qu'en les déplaçant légèrement, il pouvait changer de station. Il captait une radio qui diffusait la dissolution de l'assemblée Vaticano-nationale quand soudain, une pleïade de crêpes suzettes bondit sur lui. Les Austro-Crêpois se débarrassèrent de leur costume et subtilisèrent les chèvres ainsi que Herbert, pensant qu'il en était le propriétaire.
Ils le ligotèrent dans une usine de pâtes et commencèrent à lui lire l'annuaire pour le faire parler et lui faire avouer que ses chèvres fonctionnaient à piles. Mais il ne dit rien. Une heure plus tard, ils en étaient à la lettre H du bottin. Herbert restait muet. Les Austro-Crêpois le fouillèrent mais à part un sachet de béchamel, ils ne trouvèrent qu'un portefeuille en croco de porc qu'ils fourrèrent dans leur poche avant de disparaître dans un bureau, pour discuter de la manière de le faire parler.
Herbert en profita pour sortir, avec les dents, la lame de cutter qu'il avait toujours sur lui au cas où, cachée comme une barre fer plongée au fond de son calbute. Il sectionna ses liens et disparu, non sans avoir laissé un mot, pour dire qu'il devait s'absenter parce qu'on l'attendait quelque part.
Lorsqu'il sonna à la porte de sa belle-mère, il sortit la béchamel, pour les lasagnes, de sa poche et réfléchit à la meilleure manière d'expliquer son retard sans qu'elle le prenne pour un menteur, un charlatan, un pouilleux, un misérable et un neuneu, enfin bon ça changera pas de d'habitude mais ça le ferait peut-être passer à un niveau supérieur.
La belle-mère ouvrit et Herbert, lui aussi, ouvrit grand la bouche pour s'excuser mais elle le coupa en disant qu'il n'avait pas besoin de dire quoi que ce soit car on lui avait déjà tout expliqué. Etonné, il bascula sur le côté pour voir qui était dans la pièce principale.
Assis à table, à côté de son portefeuille en croco de porc, l'attendaient les Austro-Crêpois et les chèvres qui mangeaient des cacahuètes et buvaient des Daiquiris avec Marie-Antoinette qui jouait avec de la brioche.

mardi 16 novembre 2010

colocation


Hans revenait de la fête à la saucisse. Il traversait son quartier, quand, prêt à pousser la grille de sa maison, un cri strident siffla dans ses oreilles. Terrorisé, il lâcha la grille qui finit sa course en grinçant avec angoisse. Puis de nouveau un cri, plaintif. Une femme. Hans ne sut pourquoi, mais il décida d'en chercher l'origine. Sûrement un moyen pour lui d'accomplir la bonne action qu'il n'avait pas faite ce matin en donnant quelques centimes au malheureux qui zonait à côté du stand à saucisse. Le cri retentit encore, ce qui permit à Hans de localiser sa position. Il s'approcha alors d'un puits. Dans l'obscurité du trou, il discerna une forme qui émit un soulagement lorsqu'il passa la tête. Ni une, ni deux, Hans chercha un moyen de faire remonter la pauvre bougre.
Prêt du puits, il vit un garage accolé à une maison. À l'intérieur du garage, il prit une corde à l'aspect défraichi.
Dehors, il jeta la corde au fond du puits, posa le pied contre la paroi du trou et cria à la dame de s'accrocher. Il commença à la remonter. De temps en temps, il jetait un rapide coup d'œil au fond pour voir où elle en était. Mais soudain, dû au frottement contre la paroi, la corde s'effila. Hans dut accélérer la remontée, et le visage de l'inconnue lui apparut enfin dans sa globalité. Il stoppa net, transit d'un amour foudroyant pour cette demoiselle qu'il tirait d'un puits comme un gosse pioche une peluche dans la boîte à grue de la fête foraine. La corde elle-même, céda sous le charme, renvoyant au fond du panier la nouvelle promise de Hans. Durant sa chute, il crut la voir lui faire signe de la rejoindre. Il en conclut qu'elle aussi était sous le charme et qu'elle voulait s'installer avec lui, toute la vie, au fond de ce puits, lieu sacré de leur divine rencontre.
Le sémillant Hans défonça la porte de la maison à côté du puits, et examina l'intérieur. Lui qui n'avait jamais emménagé avec une fille, il se demanda quels étaient les meubles et ustensiles les plus indispensables. Il prit deux tabourets, une table, une cafetière, une télé, un réchaud, une casserole, une poêle, des couverts, un tapis, une lampe, un lit, et se dit qu'il irait faire les course demain.
De retour au puits, il jeta l'ensemble au fond du trou. Sa dulcinée gémit. Il prit cela pour de la jubilation et sauta à son tour.
Ils auraient tout à fait pu être heureux si elle n'avait pas péri étouffée, et lui empalé sur un pied de table.
Depuis cet incident, une nouvelle loi, interdit aux jeunes mariés d'emménager ensemble avant d'être sûr de connaitre les goûts en arts et décorations de chacun. Une dérogation peut être demandée pour les jeunes couples dont la somme des âges équivaut à 164 années révolues.

dimanche 14 novembre 2010

le beau geste


il y a quelques mois, Philippe H. 35 ans, eut le geste salutaire, aux abords de l'Himalaya.
Un peu plus tôt, déjeunant au restaurant l'Hymalohfez, à Butwal au Népal, Philippe décida d'aller aux toilettes pour faire ses commissions. Se retrouvant dans un lieu d'aisance aux vitres et portes transparentes, n'offrant que bien peu d'intimité, il décida de sortir par la lucarne arrière, armé d'un rouleau de papier hygiénique, afin de larguer ses pêches sans se faire voir.
Il marcha un bon bout de temps et finit par gravir la chaîne de l'Himalaya, et en particulier, le sommet de Makalu, qui culmine à 8463 mètres.
Arrivé en haut, enfin persuadé que personne ne pourrait le zieuter, il commença son œuvre. Mais soudain, due à une température particulièrement basse, sa crotte se figea à la forme d'un piolet. Philippe fut dans l'impossiblité de s'en séparer à cette fraîche altitude. Il remonta son pantalon comme il put et entama comme il put, une descente afin d'atteindre des températures plus propices.
À 6357 mètres, un cri strident retentit. Celui d'un alpiniste en difficulté. La roche avait cédé sous le coup de son piolet et il était suspendu dans le vide, juste à deux mètres environ du bord de la falaise. Philippe hurla qu'il arrivait. Il claudiqua jusque là, se coucha sur le ventre et se laissa glisser. Il s'agrippa tout près du bord et tendit sa crotte-piolet, comme une perche de secours.
L'alpiniste s'y accrocha et remonta tout le long, sain et sauf.
Pour le remercier, voyant que Philippe était bien emprunté avec sa béquille de déjection, il sortit de son sac, un réchaud pour le dégager de son handicap.
Un peu plus tard, ils redescendirent pour que Philippe puisse payer l'addition à l'Hymalohfez.

Philippe et l'alpiniste, dédicaceront le livre témoin de leur aventure, "à la force du piolet", ce jeudi à 14h00, dans le petit salon de la librairie du Petit Macacaron.

vendredi 12 novembre 2010

the initials


Johnesy roulait dans le cœur de Mirmande au volant d'une MG Midget Roadster de 1963, à la capoté repliée et aux vitres abaissées, dissimulées au sein des portières. À ses côtés, une belle brune, aux interminables jambes de cuir et aux bijoux d'or et d'argent, soupirait d'admiration, à l'écoute de ses exploits. Pour la ferrer, il lui avait raconté qu'il était directeur de casting de tornades pour les studios de la Emegéhaime. Et sans demander son reste, elle avait quitté le pub en sa compagnie.
La voiture roulait à vive allure. Pour réchauffer la demoiselle, Johnesy lui passa son trenchcoat auquel elle devait prendre grand soin. Pour faire le paon et montrer qu'il connaissait son métier, il lui toucha deux mots au sujet de l'effet papillon mais elle ne pipa aucune parole. Johnesy préféra un instant se concentrer sur la conduite de son engin, histoire d'oublier que sa voisine n'était pas fute-fute.
Par une étrange coïncidence, l'utilisation d'un aspirateur à pleine puissante, branché sur la prise du salon, aux alentours précis de 23h42 avait le même impact que l'effet papillon. Mais cela, Madame Kassbürhn ne le savait pas quand elle décida d'aspirer le tapis du salon à 23h42 pour faire suer son mari qui l'avait vilipendé quelques heures auparavant, pour avoir concocter une soupe tout simplement dégueulasse.
Sur la route de Mirmande, le vent se leva brusquement, faisant faire une embardée à la MG. Johnesy regarda dans le ciel et continua sa route en opposant une résistance plus grande sur le volant, pour ne pas se retrouver dans le fossé.
Le vent devint de plus en plus virulent. La brune s'emmitoufla dans le trenchcoat. Au loin, Johnesy aperçut ce qui ressemblait à un vortex de vents violents. Certes, il n'était pas directeur de casting de tornades, mais comme tout le monde, il en avait vu dans des téléfilms américains. La tornade s'intensifia et soudain, un bruit sourd et violent déchira le ciel. La brune se cramponna au cou de Johnesy qui l'éjecta dans son siège passager. La tornade, ayant franchit le mur du son, fonçait sur eux à une vitesse de 1224 km/h. La voiture devint de plus en plus incontrôlable. Johnesy tenta de faire demi-tour, écrasant la pédale d'accélération, mais le véhicule fut aspiré par le tourbillon de force F8 selon l'échelle de Tetsuya Théodore Fujita, université de Chicago, 5801 South Ellis Ave., Chicago, IL 60637.
Johnesy et la belle brune s'accrochèrent tant bien que mal aux solides portières de la MG. Johnesy lui dit de ne pas s'inquiéter mais la brune ne sembla plus trop terrorisée. En effet, les yeux plissés, elle regardait la tornade, de l'intérieur, et semblait réfléchir. Soudain, alors que le toit d'une maison frôlait la carrosserie de la MG, la brune demanda à Johnesy pourquoi il n'auditionnait pas la tornade. Il la regarda, étonné, puis bafouilla un truc comme quoi bon c'était pas le moment, tu vois bien qu'elle est occupée. Mais la brune ne lâcha rien et continua à le bassiner en lui disant que c'était une grande opportunité, qu'elle l'avait déjà vue quelque part, elle savait plus où, ah mais si, à la télé, dans un film sur les tornades, enfin elle croyait que c'était elle, pas trop sûre, mais ça valait le coup de demander, non? Johnesy remonta ses épaules dans un signe d'indécision et commença à avoir les abeilles, soulé par cette pot de colle furibonde.
Il lui proposa alors de la déposer quelque part. Elle s'en étonna car ce n'était pas comme cela qu'elle avait envisagée la suite de la soirée. Avant qu'elle puisse encore argumenter, il lui dit encore de bien prendre soin de son manteau car il viendrait le récupérer. Et sur ce, dans un effort à faire clacher les sphincters, il dégrafa la ceinture de la brune, ouvrit la porte et la congédia au cœur de la tornade. Il ne la quitta pas des yeux, pour savoir où elle allait atterrir. Il la perdit de vue un court instant, mais une ouverture se pratiqua dans la tornade, et il put voir la brune tomber à côté d'une plaque à initiales.
Johnesy, enfin seul, put profiter tranquillement de la tornade. Il fut balloté dans tous les sens, admirant ainsi les particules s'entrechoquer, les cabinets de dentistes embrasser des usines de raviolis.
Plus tard, sa voiture fut miraculeusement déposée sur un arbre centenaire en équilibre, planté dans un building roulant sur des boules de bowling, la tornade continuant son chemin. Bon, il était temps que cela s'arrête pour Johnesy car, ce voyage devenait un peu lassant et lui filait une nausée incroyable.
Il épousseta sa chemise, sortit de sa voiture pour se diriger à l'intérieur du building en passant par une fenêtre brisée, et prit l'ascenseur. Une fois dehors, les pieds bien plantés sur le sol ferme d'un bitume éclaté, il activa un bippeur qu'il sortit de sa poche. Sur l'écran de l'appareil, un signal lumineux clignotait, indiquant une position. Johnesy remonta la trace de la tornade. Au bout de quelques kilomètres, le signal lumineux de son bippeur clignota avec plus d'intensité. Johnesy fit encore une poignée de pas puis le signal devint continu. Il aperçut alors la plaquequi se révéla être gravée aux initiales B.B. Il regarda alors au sol, et retrouva enfin son manteau, baignant dans le sang, et entouré de cuir noir, d'or et d'argent. Il se baissa pour le ramasser, l'épongea, puis l'enfila afin de rentrer chez lui, couvert, sous un ciel menaçant.

mercredi 10 novembre 2010

faire ..ier


Timmy poussa la porte de la seule et unique boulangerie de la région aux alentours de 16h. Le magasin était étonnamment bondé. Il dût d'ailleurs se frayer un chemin et se coincer juste derrière la porte qu'il venait de contourner. Il fit donc la queue, et en profita pour réfléchir à ce qu'il allait prendre pour le goûter de ses enfants. Deux pains au chocolat ferait l'affaire. Une dame essaya d'entrer, poussant la porte à répétition dans le dos de Timmy. Espérant qu'elle pourrait lire sur les lèvres, il lui dit d'arrêter et de patienter à l'extérieur. Elle ronchonna et essaya quand même d'entrer. Timmy colla alors son pied tout contre la porte et lui grimaça que du pain, de toute façon, il y en aurait encore demain. Offusquée, elle donna une gifle à la porte et s'éloigna.
Devant lui, la file diminua rapidement, chaque client repartant avec dynamisme, muni d'une montagne de pain qu'il portait à bouts de bras comme si c'était l'enfant jésus.
Enfin son tour arriva et Timmy commanda donc deux pains au chocolat. Pendant que la boulagnère les empaquetaient, il regarda les baguettes qui s'entassaient dans leur fourreau. La boulangère revint, tapa le prix sur sa caisse enregistreuse et demanda sèchement si c'est tout ce qu'il lui fallait. Les yeux toujours fixés sur le pain, il s'interrogea tout haut pour savoir s'il devait en prendre. Soudain, avant même qu'il s'en aperçoive, la boulangère lui chopa le col, le souleva par dessus le comptoir, le regarda avec des yeux assassins et lui postillonna que lui, petit branquignole, il avait plutôt intérêt à prendre immédiatement la blinde de pain parce que demain c'est férié, donc c'est fermé et y aura pas une once de miche à 500 bornes à la ronde, alors il en prend combien le guignol parce qu'ici on n'est pas à la fête à neuneu.
Un long filet d'urine courut le long de la jambe de Timmy. Peu enclin à la fugacité de la violence urbaine, il avait relâché tout ses muscles. Ainsi, il s'écroula par terre quand la boulangère le lâcha. Et lorsqu'il se releva, ce fut pour acheter tout le stock de pain.
Il se fraya un chemin au travers de la clientèle déchaînée parce qu'il avait pillé la boulangerie.
Il fonça à sa voiture, posa le mausolée de pain sur le toit et chercha désespérément ses clefs dans sa poche alors qu'une horde de ronchons s'approchait dangereusement. Timmy retrouva ses clefs, ouvrit la portière arrière, y fourra son stock, grimpa dans son véhicule et verrouilla les portes. Les hargneux commencèrent à tambouriner et baver sur sa caisse, voulant la retourner comme une crêpe. Il démarra mais une baguette bloquait son pommeau de vitesse. Il dût la briser pour y accéder, et partit en trombe, laissant ses assaillants sur le carreau.
Une fois rentré chez lui, après avoir parcouru 300 km sans se retourner, il enterra le pain dans son jardin, sous le cerisier de Washington.
Ses filles rentrèrent un peu plus tard, affamée. Timmy voulut leur offrir les pains au chocolat mais il lui fut impossible de remettre la main dessus car il les avait laissé sur le comptoir de la boulangerie. Il leur proposa du pain plein de terre à la place, mais elles refusèrent et décidèrent de porter plainte pour contre-bande de produits issus du mariage fructueux de farine, d'eau et de sel et aussi pour maltraitance gustative et gastronomique.

Timmy purge actuellement une peine de 842 ans d'emprisonnement au pénitencier de San Quentin, comté de Marin, Californie.

lundi 8 novembre 2010

charme rompu


Camille, pousse-caddie de profession, mit un paquet de frites surgelées dans son escarcelle de métal et barra le dernier mot sur sa liste de course. Saisie, comme à son habitude, par le doute, elle fit un ultime tour dans le magasin, pour être sûre de ne rien n'avoir oublié. Elle aimait bien ça Camille, se baladait dans les rayons des hypers, sans compromis, sans compte à rendre. Elle était dans celui-ci depuis bientôt 8 heures. Elle le connaissait par cœur et pourrait très bien s'y déplacer les yeux fermés. Cette pensée la fit frémir d'un désir inattendu, celui de vibrer et progresser à l'aveugle, à l'odeur des rayons de pantoufles, de produits de nettoyages, de charcuterie, de fromage, de sou-tifs et couches culottes au saint-nectaire.
Camille ferma les yeux et poussa son caddie. Elle avala les mètres de carrelage blanc, se laissant guider par les substances qui percutaient ses poils de narine. Elle tournait à gauche, à droite, cherchant ce qu'elle pourrait avoir oublié. Elle traversa le rayon frais sans encombre jusqu'au moment où une odeur étrange vint la perturber. De l'eau de Cologne au rayon frais? Son sens de l'orientation en fut tout chamboulé. Elle ne sut plus où elle était exactement. Prise de panique, elle sortit rapidement du rayon frais, mais la roue avant gauche de son caddie percuta une tête de gondole qui vendait des pet-pitos. Camille perdit le contrôle de son véhicule, qui s'écrasa contre un banc de promotion. Camille fut éjectée dans l'étalage, qui vendait de la viande sous vide, et perdit connaissance.
Lorsqu'elle se réveilla enfin, Camille fut aveuglée par les néons du haut plafond. Elle tenta de faire bouger ses muscles, mais elle était pétrifiée par le lit de viande, sur lequel elle reposait. Soudain, elle discerna une forme humaine qui semblait venir de très haut. C'était un homme d'un âge plutôt avancé. Camille le vit se pencher au dessus de l'étalage et tendre le bras vers elle. Elle sentit une immense chaleur quand il apposa sa main sur son avant-bras. Elle se mit alors à se réchauffer puis à suer comme un bœuf. Puis l'homme retira sa main et s'éloigna sans un mot. Revigorée, Camille put se relever et observa son sauveur. Elle reconnut alors celui dont elle avait lu, plus jeune, les exploits dans la "Bible : Annihilation", celui qui fait pisser les gens par les pores de leurs peaux, le saint aux ailes d'eau : l'Ange de la Transpiration.
Camille était encore sous le charme quand le service de sécurité vint l'intercepter et la foutre dehors à grand coups de pompes dans le haut fessier avec un avertissement avant exécution pour vandalisme et destruction de marchandise sur la voie de consommation.

samedi 6 novembre 2010

c'est pas bête


Une vente aux enchères chez Sotheby.

- Dix millions à ma droite !
Onze millions pour le monsieur dans le fond!
BILIBILIBILI
- (tout bas) Allô? Chérie je travaille là. Quoi? Oui j'en ai acheté, je la ramène après. oui oui allez à toute à l'heure.
(aparté) Merde, j'ai oublié d'acheter de la farine pour les crêpes des gosses... Et vu l'heure, je suis pas encore sorti, tout sera fermé... je vais me faire engueuler...
(reprenant) HUM! Alors!
Onze millions et trois dollars pour la dame au premier rang!
- ...
- Aucune autre offre?
- ...
- Onze millions et trois dollars une fois!
- ...
- Onze millions et trois dollars deux fois...trois fois... adjugé vendu!
Ce magnifique presse-purée ayant appartenu à Gœbbels est maintenant la propriété de la dame du premier rang.
clap clap clap.
- Le prochain lot, a appartenu à un animateur d'émissions de télévision qui n'est pas dans le besoin, mais qui souhaite se débarrasser d'un colis trop tentant.
Voici donc, dans un sachet en plastique, noué avec un pipiou de ferraille, 500 grammes de cocaïne pure, retrouvé dans la gueule de son chien qui commençait à le mâcher.
La mise à prix est de 15 euros.
- ...
- Bref, hum. Allons, allons, enchérissez! 16 à ma gauche!
29 à ma droite!
300 à ma toute droite!
350 à... non 800...950... 1260 à gauche!
2500, allez un peu de tonus s'il vous plaît! Oui! 4500 au fond, c'est mieux!
8000, pas encore assez! 12000 au second rang pour la dame qui dit mieux?
12500 à droite... 12600 à gauche... 12750...ça se tasse on dirait...
12760 au fond pour le petit vieux...
- ...
- Alors 12760 une fois... 12760 deux fois... personne ne veut surenchérir sur cette poudre blanche?...
(aparté)... à moins que... héhé...
(reprenant) Alors, douze mille sept cent soixante............... (suspense).................et je rajoute trois euros cinquante de ma poche! Une, deux, trois fois! C'est à moi!

Sur ce, le juge, adjudicataire, s'empara du sachet, et couru vers la sortie tout en signant un chèque qu'il jeta sur le perron avec les trois euros cinquante qu'il avait au fond de sa poche de pantalon.
Plus tard, il rentra chez lui. Sa femme n'était pas encore arrivée. Très vite, il fouilla dans la poubelle pour trouver un paquet de farine vide. Il le défroissa, sortit de sa poche, le sachet en plastique et en vida le contenu dans le paquet, qu'il plaça ensuite, l'air de rien, dans le placard.

jeudi 4 novembre 2010

affaire à suivre


Hier matin, aux alentours des onze coups de 11h01, au milieu de la butte de la commune de Niallépa-Yarriunnavoard, dans un brouillard aussi épais qu'un pot de crème fraîche, un réfrigérateur a été retrouvé mort, poignardé de 22 coups de couteaux.
Selon l'expertise menée par la police, la victime serait âgée de 55 ans et fonctionnait encore en 110 volts au moment des faits. La précision des coups portés, amène à croire que le meurtrier n'en est pas à son premier forfait. Les 22 points vitaux du frigo ont été touché avec une effroyable justesse.
Une première autopsie a permis de révéler la présence d'omelette, de jambon calciné, de yaourts au plastique fondu et d'un pot-au-feu. La mort remonterait à 14 heures.
La police a tenté de retracer la journée du réfrigérateur et de son assassin. Au cours de la nuit précédente, aux alentours de 20h30, le frigo aurait surchauffé, cuisant ainsi toutes les denrées recensées à l'intérieur. Il aurait ensuite croisé la route du meurtrier, qui sûrement très affamé, serait entré dans une rage folle en découvrant qu'il n'avait plus rien à ingurgiter. Le corps du frigo ne comportant aucune trace de lutte, tout porte à croire que la victime connaissait son meurtrier.
La police, suite à la découverte de résidus de liquide démaquillant sur la porte de la victime et d'un morceau de page de réplique, suis la piste des gens de spectacle et plus particulièrement des comédiens de théâtre.

mardi 2 novembre 2010

haute tension


Pour un résumé complet de l'épisode précédent, lire l'épisode précédent qui précède celui-ci.

La voiture stoppa enfin après quelques heures de route. Hervé entendit l'opérateur quitter le véhicule, puis un lourd silence s'installa. Il patienta encore un petit moment avant de daigner sortir de la fourgonnette. Il ouvrit lentement les portes, guettant le moindre son suspect, puis posa un pied au sol. Le reste de son corps suivit et il pût enfin dégourdir ses jambes endolories par la position inconfortable dans laquelle il avait voyagé.
Hervé regarda autour de lui et contempla beaucoup de vert et de marron. Il en déduisit, d'après sa source d'information wikipidienne, qu'il s'agissait d'une forêt. En face, un immense bâtiment d'acier gisait sous un ciel de lignes à hautes tensions. Hervé s'y dirigea sans trop se poser de questions. Il poussa une lourde porte, et se retrouva dans une sorte de salle d'attente, où était posté une sorte de secrétaire. Hervé hésita à aller le voir, cloitré dans une timidité qui lui était encore inconnu, lui qui pourtant n'hésitait pas à poker et faire des hug à ses cybers amis. Il trouva la force de knockouter sa timidité, en pensant à sa victoire promise sur la "route du Schnaps". Il demanda donc au secrétaire, d'un air profondément détaché, où était la salle des générateurs principaux avec la grosse manette qui sert à tout arrêter, des fois que bon quelqu'un de malhonnête essaye d'y toucher. Hervé serra les fesses en attendant la réponse qui ne tarda pas, puisque la pièce demandée était au 3è sous sol, le code de la porte étant "Bobby Charlton". Hervé ne demanda pas son reste, et s'enfonça dans les entrailles du bâtiment. Il composa le code et pénétra dans la salle d'où tout avait commencé. Il s'approcha de la grosse manette et la saisit de sa main poisseuse pour l'abaisser violemment, mais elle opposa une certaine résistance. Il s'y prit à deux mains, sans succès. Il regarda autour de lui et vit, sur une table, une grenade soviétique posée à côté d'une tasse de café. Il saisit la grenade, la coinça sur la manette et la dégoupilla. Il courut se cacher derrière un bureau, mettant dans sa poche la tasse à café afin qu'elle ne soit pas brisée par la déflagration.
Un boum plus tard, Hervé fut plonger dans une obscurité absolue. De la poche intérieure de sa veste, il tira une lampe frontale qu'il avait prise dans la fourgonnette. Il l'alluma, et au même moment, comme d'un fait exprès, une sirène affreuse retentit.
Hervé quitta le bâtiment d'acier en courant, sous les feux croisées d'officiers soldats peu recommandables. Il alla se cacher sous le plancher d'une vieille bâtisse abandonnée au sein de la forêt. Quelques instants plus tard, les officiers pénétrèrent à leur tour dans la maison. Sous le plancher, Hervé commençait à respirer une poussière qui se décollait sous les pas pressés des soldats. Pour éviter de tousser brusquement, il protégea son blaire et sa bouche avec la tasse à café. Les soldats finirent par partir.
Hervé quitta la maison, courut avec jubilation à travers la forêt et se retrouva près de chez lui, il ne sait comment, un peu comme un chat qui traverse la France à l'odeur pour être auprès d'un maître qui l'a abandonné sans prévenir.
Il arriva tout crotté dans le salon où l'attendaient furieusement sa famille et un tas de factures impayées, retrouvées dans son tiroir à chaussettes. Il leur expliqua patiemment la raison de son geste, et voulut leur montrer que tout cela n'avait pas été fait en vain. Sa mère voulut le démolir, mais son père lui donna une unique chance de se racheter.
Hervé grimpa dans sa chambre, escorté par sa famille. Il tenta d'allumer son ordinateur, mais soudain une méchante verité éclata à ses yeux : il était con comme une bite à genoux. En coupant l'électricité de France, il s'était lui même privé d'énergie et donc de sa victoire à la "route du Schnaps". Il se mît à hurler.
Et il hurlait encore quand le camion blanc l'emmena loin de sa famille, qui, maintenant séparée d'un geek psychotique, allait enfin pouvoir couler des jours heureux, en attendant le rétablissement de l'énergie, la réhabilitation de leur compteur et le paiement des factures en travaux d'intérêts généraux par leur immonde fils.
Hervé fut placé dans un hôpital psychiatrique en Suisse qui était agréablement fourni en électricité. Ainsi, il pût se remettre à sa course virtuelle. Il paramétra son voilier en automatique car il n'avait pas souvent accès au poste internet du centre. Il remporta sans grande difficulté la "route du Schnaps" car il était le seul à y participer, comme il l'avait prévu, et dédia sa victoire à sa famille, en leur envoyant une carte postale.