lundi 30 août 2010

FAUTE !


Frederic Chopin jouait, dans son jardin, avec son ami Robert Schumann, une partie de tennis de table. Mené au score, bien décidé à inverser la situation, il lança sa balle de service et l'enroula si subtilement qu'elle fouetta la surface de la table. Robert, dans un réflexe divin, percuta la balle de sa raquette et la renvoya dans les airs. Frederic voulu la smasher mais rata son coup. La balle fila à une allure folle et transperça la fenêtre.
Le soir, Robert fêta sa victoire méritée, en offrant un magnifique repas à son camarade. Frederic, faisant un peu la tête et Robert, détestant mangé dans un silence monacal, alluma la télé.
Au journal de 20h, le présentateur rendit un poignant hommage à leur confrère Hégésippe Moreau qui périt dans l'incendie de sa demeure, plus tôt dans la journée.
Selon les premiers éléments de l'enquête, Hégésippe aurait voulu allumer sa cigarette lorsque son briquet fut heurté de plein fouet par une balle de ping pong. Le briquet lui échappa des mains, virevolta quelques instants puis atterrit dans sa réserve de dichlorure d'acétylène qu'il utilisait pou...
Robert éteignit la télé d'un geste, les yeux écarquillés. il échangea un regard avec Frederic qui convena qu'il fallait impérativement installer du double-vitrages dans la salle de jeu.

samedi 28 août 2010

type 55


Et nous allons retrouver notre correspondant, en direct, sur le rallye de Kirrwiller-Bosselshausen où la voiture 49, une ranaut 2 Injection, pilotée, je vous le rappelle, par la famille Schwarsky est en tête de la course. C'est bien ça Hervé ?
Comment se déroule la course, y a-t-il du changement dans le classement ?


Eh bien écoutez...Non. Les Schwarsky sont toujours en tête et sont en passe de gagner leur 57è trophée d'affilé sur le rallye de Kirrwiller-Bosselshausen.
Rappelons, pour ceux qui aurez hiberné depuis tout ce temps, que le rallye de Kirrwiller-Bosselshausen a été initié et organisé par la famille Schwarsky, depuis 1943 jusqu'à nos jours et qu'ils sont depuis ce temps, les seuls et uniques participants de l'évènement, créant vous en conviendrez bien peu de suspense quant à l'issue de la course.

Ont-ils fait évoluer la formule de la course ? L'ont-ils pimenté cette année ?

Baaaah.....boh...admettons. Ils se sont arrêtés à un feu rouge, ce qui n'était jamais arrivé auparavant. En même temps, je crois surtout que c'était pour acheter du pain pour le soir.
Mais à part ça rien.
Là, ça roule plutôt bien pour eux. Ils ont fait bloquer toutes les rues qui traversent le parcours, et....OH ! INCROYABLE !

Que ce passe-t-il Hervé ??

Il semble qu'ils aient un problème technique. Ils ont stoppé leur véhicule sur le bas côté. Du capot, sort une épaisse fumée noire. Je pense que, malheureusement, ils vont devoir abandonner !
C'est impensable et si réjouissant à la fois de les voir se vautrer si près du but ! Enfin ! Peut-être vont-ils mettre fin à ce désastreux et inutile rallye ! AHAAhahah.....Mais ! que font-ils ???

QUOI ?????

Ils...ils se sont mis en travers de la route, et arrêtent une voiture. Ils...NON ! Ils piquent une bagnole pour finir la course !! LES FUMIERS !!

HERVE ! Allons pas de vulgarité à l'antenne ou je vous congédie !

Excusez-moi. Hum. L'émotion. C'est l'émotion.
Bon bah voilà, ils ont gagné encore une fois. La foule, si peu dense, se rassemble pour acclamer ses champions, et leur offrir l'éternel trophée : un paquet de farine.
Celui-là même qui leur sert à faire, comme chaque année, des crêpes...

C'était Hervé, votre chroniqueur sportif, en déprimant direct de Kirrwiller-Bosselshausen...

jeudi 26 août 2010

régime sec


TIP.......TIP.......TIP.......TIP.......TIP

- Docteur pensez-vous pouvoir le sauver ?

TIP.......TIP.......TIP

- Mais bien sûr ma gazelle.

TIP.......TIP.......TIP.......TIP

- Vous êtes si doué !

TIP.......TIP

- Passez-moi le scalpel.

TIP

- Voilà.

TIP.......TIP

- Passez-moi le...le truc là qui pique.
- Celui-là ?

TIP.......TIP

- Non non là. Oui!

TIP.......TIP.......TIP

- Laissez-moi vous essuyer.

SWWIIP.......TIP.......TIP.......TIP
TIP.......TIP.......TIP
TIP.......GRUMUMLMLMLBB.......TIP.......TIP.......

- Docteur l'appar...
- Ne vous inquiétez pas, ce n'est que moi.

TIP.......TIP....... GRUMLB

- Je ne comprends pas.

TIP.......TIP.......TIP

- Ma femme.

TIP.......TIP.......TIP

- Elle vous fait encore des misères ?

TIP....TIP....TIP

- Elle cache toute la nourriture.

TIP....TIP....TIP

- Mon dieu doux Jésus !
- Et mes biscuits double chocolats.

TIP...TIP..

- Quel monstre !
- Je n'ai pas mangé depuis quatre jours...

TIP.TIP.TIP

- Ne bougez pas ! Dans mon sac j'ai des gaufrettes !

TIPTIP

- Non ma gazelle. Je...
- Docteur, lâchez-le !

TIP.TIPTIP

- C'est trop tard...


TIPTIPTIPTIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII

- DOCTEUR NON !!!!!

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Tôt ce matin, le Docteur Wafflovitch a été écroué pour avoir attenté à la vie de l'un de ses patients.
En pleine opération chirurgicale, une transplantation de pâtisserie, le Docteur Wafflovitch, affamé par sa femme démoniaque, n'a su résister à la tentation du met délicat qui gisait sur la table.
L'infirmière qui l'accompagnait a pu terminer l'opération, devenant ainsi la première à réaliser avec succès une transplantation de gaufre.
Le malade devra suivre un traitement immunosuppresseur à vie pour éviter le rejet du greffon.

mardi 24 août 2010

à vendre

Vends oiseau de proie au caractère pas facile.
Encore sous garantie, ses griffes sont neuves, et son plumage refait à neuf. Son bec est légèrement émoussé sur le côté droit. Sa queue est froissée sur le flan gauche car il ne maîtrise pas bien les créneaux et les virages rapides.
Il n'aime pas que l'on soit en retard pour les repas et surtout son quatre heures. Sinon il arrache un œil d'un coup de patte. Le soir c'est lui qui décide ce que l'on va regarder à la télé. Il est très friand d'émissions de variétés. Ses hobbies sont le karaoké, où il est très très fort, surtout en chanson française, le karaté et le kayak, il est d'ailleurs champion régional de descente. Il aime pas perdre. Alors si vous êtes sur le point de gagner à un jeu, perdez où il vous en coûtera un lourd tribu.
Il ne mange pas de tout. Il n'apprécie pas les légumes cuits à la vapeur, le fromage, les desserts avec de la crème pâtissière, la viande trop cuite ou pas assez, le poisson frais, les choux de Bruxelles, et les plats à base de pâtes. Il n'y a qu'un truc, on est sûr qu'il aime, c'est le nougat.
Attention, il est présumé alcoolique. Il faut systématiquement verrouiller la porte du mini-bar lorsque vous désirez vous désaltérer après une dure journée !
J'ai essayé de le prendre en photo pour vous le montrer mais c'est pas facile car il est hyper-actif. Mais disons en gros qu'il est poivre et sel.
Le prix est à débattre avec lui mais dans la limite du raisonnable sinon, nous après, on est responsable de rien.
Contactez-le en sifflant l'équipe à Jojo de Joe Dassin, dans votre jardin ou à votre fenêtre dans la direction du plein ouest.

dimanche 22 août 2010

migraine du 17e


Cornelis Corneliszoon Jol venait d'apercevoir les galions du perfide Carlos de Ibarra.

En cette belle après-midi d'un mardi du mois d'Août 1638, Cornelis Corneliszoon Jol, qui s'était assoupi sur son butin de la veille, alla se dégourdir les jambes sur le pont de son rutilant vaisseau. Il posa le pied sur la balustrade pour refaire son lacet quand il se rendit compte qu'il n'en avait pas. Mais au moment où il releva la tête, il l'aperçut. Lui là-bas dans le fond, posé sur l'eau, Carlos, accompagné de sa flotte.
Cornelis Corneliszoon Jol s'étrangla presque en hurlant son fameux cri "sus au vilain !".
La bataille fut rude. Cornelis Corneliszoon Jol tranchait la gorge d'un énième pirate et usait de son mousquet sur un autre quand il fut pris d'un violent mal de tête. Tous ces coups de feu et ces cris commençaient à lui vriller les tympans. Pour achever le tout, Carlos de Ibarra réussit à s'enfuir et à gagner le port de Vera Crüz.
C'est la tête martelée comme une batterie de fanfare que Cornelis Corneliszoon Jol posa le pied sur la terre ferme de Vera Crüz. Sa vue commençait à se brouiller et il n'arrivait plus à réfléchir. Il s'enfonça donc dans une droguerie pour acheter de l'aspirine. N'arrivant pas à avaler des pilules, il dut prendre des effervescents. Mais l'eau n'étant pas vendu avec, il dut se débrouiller pour en trouver. Malheureusement, toutes les échoppes étaient fermées, période de vacance oblige.
Cornelis Corneliszoon Jol ne pouvait se résoudre à utiliser de l'eau de mer qui lui donnait des crampes d'estomac. Cette recherche d'eau commença à l'énerver car elle le détournait de sa mission première : Carlos.
Soudain, il vit une sorte de palais métallique qui suintait d'humidité. Il s'y engouffra et découvrit que l'on y fabriquait des petits rectangles jaune et vert appelés éponges. On lui proposa une visite de l'usine, qu'il accepta.
A la fin de la visite, qui fut un grand moment de détente instructive, il acheta une éponge pleine d'eau à la boutique. Une fois sorti du bâtiment, il posa son aspirine sur l'éponge, attendit qu'il disparaisse, puis il présenta l'éponge effervescente au dessus de sa bouche et pressa.
Requinqué, Cornelis Corneliszoon Jol s'apprêtait à retourner bredouille à son navire, quand Carlos de Ibarra sorti à son tour de l'usine. Ce dernier était tellement ravi de sa visite qu'il n'opposa aucune résistance. Sur le chemin, tous deux eurent une discussion passionnante autour de l'éponge. Discussion qui dut s'interrompre brutalement lorsque Cornelis Corneliszoon Jol jeta Carlos de Ibarra à l'eau.

Plus tard, Cornelis Corneliszoon Jol prit l'habitude d'empiler les comprimés sur son éponge et de les regarder fondre.

vendredi 20 août 2010

sans virgules


Au vu des ventes pharaoniques de mon dernier ouvrage "mes mémoires ou ce qu'il en reste", mon riche éditeur a accepté, sans m'en faire part, l'invitation de la librairie River Road Stinson Waldenbooks de Baton Rouge, à lire un extrait de mon livre devant un parterre de passionnés de belle littérature. Pour la bonne cause, je grondais un peu mon éditeur de ne point m'en avoir touché mot auparavant puis acceptais sans rechigner les billets d'avions qu'il me tendait.

Baton Rouge, Louisiane, m'accueille, à la sortie de l'aéroport Ryan Field, avec un succulent verre de pétrole chaudement tiré de sa raffinerie. Pour tout vous dire, j'en ai repris deux fois.
Puis une charmante dame, dont j'ai oublié le nom mais pas les mensurations, m'emmène vers la librairie où je suis attendu, me dit-elle, comme un verre de riz en Somalie. Je salue le gérant et prend possession du lieu en bougeant quelques rayons pour constituer un labyrinthe qui mènera directement à ma prestation. Le libraire me dit que j'ai, pour le soir, environ 1h30 pour lire mon extrait et répondre aux questions. Je le congédie puis fais quelques exercices ancestraux de relaxation.
Le soir venu, la librairie se remplit à un tel point que des gens restent dehors. Pas de doute, je suis attendu au tournant, je ne dois pas me planter mais leur laisser un souvenir si impérissable qu'ils en oublieront les premiers pas de leurs enfants ou leurs meilleurs scores au flipper. Je sue pour trouver une idée mais on me fait signe d'y aller. Je m'installe sous une pluie d'applaudissements, et les mains moites, saisi l'exemplaire de mon livre posé sur le guéridon. La salle se tait. La gorge sèche, je bois une lampée de pétrole millésimé.
Quelques toussotements.
Dans un silence monacal, je tourne les premières pages pour arriver au chapitre un. Je prends une grande inspiration quand soudain, la musique du Grand Bleu retentit. Un monsieur, confus, éteint son téléphone. Les gens ronchonnent mais ce petit interlude m'a permis de trouver la façon de marquer les esprits.
Je fixe les premières lignes de mon livre, jauge les 3846 autres pages du doigt puis prend une énorme inspiration afin de lire, d'une expiration, l'intégralité de mon bouquin à ces gens qui se sont déplacés pour moi et qui me paraissent bien sympathiques.

Au bout d'une heure le gérant s'approche de mon siège, mais d'après ce que je peux apercevoir, il se fait plaquer par un public conquis avant d'avoir pu poser un pied sur l'estrade.
Les douze premières heures sont les plus difficiles, autant pour moi que pour le public qui n'ose s'éclipser, ne serait-ce qu'une miette de seconde, pour ne rien louper de ma performance.
Les deux jours suivants, le rythme s'installe. Les gens, écrasés par la fatigue, instaurent une certaine hygiène de vie, gèrent les stocks de nourritures, boivent mes paroles.
Jusqu'à avant-hier, j'étais bien lancé. J'avais le dernier chapitre en vue. Mais ma tête s'est mise à tourner violemment, assoiffée d'air. J'ai voulu persévérer un moment mais, quelques minutes plus tard, je me suis effondré sur les bouteilles d'urines qui s'étaient accumulées au sol depuis le début de ma semaine de lecture.
Les passionnés m'ont suivi jusque dans ma chambre d'hôpital. Avec eux ils ont amené l'exemplaire de mon livre qui sent la pisse. Ils veulent que je finisse ma lecture. Ainsi, ils pourront rentrer chez eux.

samedi 14 août 2010

premier avertissement


Monsieur Lemoine,


Suite à notre entrevue privée durant laquelle nous avons, d'homme à homme, devisé et échangé sur divers sujets tels que le prix du saucisson au super sans plomb sur les échoppes du chatoyant marché d'Addis-Abeba, l'implication des usines de babouins en région moscovite dans la chute du mur de ma salle de bain, la grêle et ses enjeux économiques, l'utilité des feux d'artifices en chambre et le phénomène de société des escaliers sans marches, je vous écris pour vous confirmer comme convenu mon profond désarroi mais aussi pour vous apporter une bien mauvaise nouvelle.

En premier lieu, ayant eu plusieurs nuits de réflexions, je trouve la remarque de mademoiselle la duchesse de Grimbert tout à fait justifiée. La pauvre a été terriblement choquée par votre attitude lorsqu'elle vous a montré, non sans fierté, son resplendissant chien de race Parson russel terrier à patins à roulettes tirant une caravane de Marines en permission. Vous auriez pu, en effet, vous retenir de faire remarquer que ce chien n'avait qu'une testicule tout en sachant, si vous aviez suivi sa conférence de trois heures, ayant pris place plus tôt dans l'après-midi, que l'on dit un testicule. Elle l'a souligné à plusieurs reprises !

En second lieu, hier, au plus fort de son courroux, la duchesse a souhaité vous punir par devers elle en allant communier avec le seigneur afin qu'il vous inflige sa toute dernière sentence. Elle a donc grimpé sur le toit de ma demeure afin de se rapprocher du tout puissant et aussi pour qu'il l'entende mieux. Mais c'était sans compter sur un orage des plus fameux qui la foudroya avant qu'elle n'ait pu dire "saperlipopette de bon sang de bois, a-t-on pas idée de faire des toits aussi hauts". Puis son corps sans vie tomba comme un sac de patates dans le jardin, rebondit sur le toit de la caravane pour s'effondrer sur le vicomte de Mazeltof qui allait de ce pas si pressé la demander en mariage et qui mourut sur le coup. Une bien triste nouvelle donc qui m'oblige à prendre une disposition.
Mais avant tout, je souhaiterais vous rassurer quant à votre avenir au sein du club qui est et reste on ne peut plus prometteur. Quant à cette affaire avec la duchesse, évidemment le sujet est clos par la force des choses.
Quant à cette disposition, la DGCCRRFF nous est tombée dessus et il est maintenant obligatoire de porter un chapeau melon pour éviter de se retrouver dans la position fort peu confortable du malheureux vicomte et éviter aussi tout foudroiement intempestif.
J'espère que ceci ne vous mettra pas dans une colère noire. Je me suis laissé dire que vous aviez, de part votre naturelle aisance, une tête à chapeau.
Sachez par contre que si vous désiriez enfreindre cette nouvelle procédure, je me verrai dans l'obligation de vous faire embrasser la duchesse avant que l'on ne referme son cercueil.

Veuillez recevoir, Monsieur, mes plus sincères exaltations de bonheur,


Le non sans moins fameux Prince de Paratonnerre.

mercredi 11 août 2010

un full, à poil et au lit


C'est après avoir tâté le terrain avec Patrick B. à Las Vegas que Gengis Khan s'est mis au poker, ce jeu riche en basculements de tables et coups de pistolet qui fit plus de morts que sur le terrain durant la guerre de sécession.
Au début Gengis est mauvais. Donc il triche et c'est les fesses pleines de plomb qu'il prend conscience du sérieux de ce jeu.
Il apprend mais est trop hâtif. L'appât du gain l'obnubile, les partis à 15 euros l'ennuient, lui ce qu'il veut c'est parier des empires. Il s'inscrit donc au WSOP et participe surtout au Main Event, partie de Texas Hold'Em à Las Vegas. Etant toujours très nul, il fait jouer son statut d'empereur pour accéder à la finale et rencontre Islington Chan.
Nous sommes en 1988, l'ambiance est pesante dans la salle, Gengis Khan fait face à Islington Chan et la dernière carte s'apprête à être déposé sur la table qui compte pour l'instant un 7 de carreau, un 8 de cœur, un 9 et un valet de pique, l'empire intégral de Gengis et les 700 000 dollars de Islington.
La sueur perle sur le front de chaque joueur. Gengis a dans sa main un 7 de cœur et une dame de trèfle. La dernière carte est tirée puis déposée dans un ralenti très bien composé pour révéler un 9 de cœur. Gengis sue abondamment tandis qu'Islington aplatit ses cartes : un 9 de trèfle et un valet de trèfle ! Gengis a tout perdu, il est en rage.
Il tentera de faire tuer Islington mais le service de sécurité de Las Vegas sera plus rapide et le mettra dehors à grand renfort de coup de bottillons. N'ayant plus un sou en poche pour prendre un taxi, il rentrera chez lui à pieds comme un malheureux.

mardi 10 août 2010

destins parallèles


Il y a très très longtemps, Jacques se perdit. Immergé dans sa fierté, il tourna un moment en rond avant de se résigner à demander son chemin à une dame qui lui indiqua la direction de par là. Jacques était sceptique car la dame lui avait donné la voie à suivre dans un geste sec et peu avenant sans se retourner, ne serait-ce que pour contempler son doux visage et sans soufflé mot.
Il attendit un peu, persuadé qu'elle finirait par faire un demi-tour. Mais rien ne vint et pour enfoncer le clou elle conservait son bras tendu en un signe que Jacques interpréta comme de la provocation. Il lui jeta un "merci" acide et partit dans la direction opposée. Grand mal lui en fit car quelques jours plus tard alors qu'il dormait tel un bébé, un insecte parasitoïde femelle déposa ses jolis œufs dans le corps de Jacques. La nature œuvrant, les larves, atteignant leur maturation, attaquèrent dans leurs intégralités les organes principaux de Jacques à l'aide de mandibules acérées. Avant de rendre son dernier souffle, Jacques eu largement le temps de se demander s'il avait bien débrancher son fer à repasser avant de partir.


Il y a très très longtemps, Dolorès, guide attitrée de sa commune s'ennuyait ferme en ce début de saison estivale peu riche en touristes. Elle allait s'attaquer au 3e monde de Super Marie Bros sur sa ninetainedo quand soudain un homme providentiel l'harangua pour trouver son chemin.
Surprise, elle lâcha sa console, se leva bien vite et tendit le bras. Trois gestes, qui séparément sont tout à fait quelconque mais qui réalisés dans la même seconde entraînent des complications si rares qu'elles ne figurent dans aucun livre médical. Le nerf de Dolorès, partant de l'ongle de l'auriculaire droit passant par le périph' du coude, au rond point de l'épaule, 3è à droite, attention au dodane, puis une, deux, trois, quatrième à gauche on traverse le bassin pour remonter, prendre l'autoroute au bord des côtes, sortie bras gauche, direction index s'était coincé si violemment qu'il failli se rompre.
La pauvre Dolorès se retrouva dans une position fort peu convenable. Elle suait de honte et rougit derechef quand l'homme de Providence derrière elle la quitta fort excédé. Elle se jura de s'excuser auprès de lui plus tard.
Le nerf de Dolorès se débloqua quand les batteries de sa ninetainedo furent à plat (Une question de magnétisme dont nous parlerons prochainement). Mais il était trop tard, les fientes que les pigeons avaient déposé sur le corps de Dolorès avaient durci et figé la pauvre dans un sarcophage de déjection.


C'est d'ailleurs pour éviter ce genre de situations embarrassantes que l'Homme a inventé le GPS et la batterie qui dure plus longtemps.

dimanche 8 août 2010

je souffre mais au moins, je ne mens pas.


Lorsque j'étais allé me ressourcer dans la jungle des Philippines, j'avais tout de suite enlevé mes chaussures avant d'y pénétrer. D'une part pour laisser respirer mes pieds, d'autre part pour mieux apprécier le relief naturel. Les autochtones, ceux -là même qui m'avaient enlevé, ayant trouvé fort cordial que je m'eusse déchaussé, m'avaient surnommé "el payaso blanco". Un titre honorifique avec lequel je m'évadais sans faire de bruit.
Hier, je suis allé sur une plage de galets. Je me suis immédiatement déchaussé et assis, le temps de me préparer psychologiquement à me diriger vers l'eau. J'en profitais pour observer les gens du cru. Quelle ne fut pas ma surprise quand je constatais que chacun d'entre eux était muni d'une paire de sandales en plastique pour éviter de heurter leurs plantes des pieds sur les galets. Rien à voir avec les autochtones de la jungle qui arpentaient fièrement leur relief naturel. Ayant appris à dissimuler ma déception lors d'un voyage en URSS, je conservais une mine impassible pour ne pas choquer les gens du cru. Mais à l'intérieur je bouillonnais. Tant d'ancêtres bafoués par des sandales en plastique. Ni une ni deux, je me mettais en station debout et avançais fièrement, pieds nus, sur les galets. Ma progression était lente et difficile comparée aux gens en sandales qui étaient tout sourire. Souvent je manquais de m'effondrer, les pieds meurtris par les cailloux, mon visage déformé par la douleur mais ma parade étant entièrement dédiée à ces ancêtres que je n'avais pas connus je me devais de persévérer.
J'ai fait un aller-retour, puis je suis retourné à mon lieu de recueillement d'où j'exhibais mes petons enflammés. Les gens du cru n'en croyaient pas leurs yeux. Ils ont tous jeté leurs maudites chaussures et ont foulé avec panache leur terre natale. Splendide.
Avant de partir, j'en profitais pour piquer une paire de sandales à ma pointure, juste comme ça pour essayer.

vendredi 6 août 2010

à rendre avant le 31/07


Michel s'est réveillé ce matin avec une envie subite de rendre les livres qu'il avait emprunté il y a peu à la bibliothèque de sa commune. Il récupère donc les ouvrages posés sur sa table de chevet.
Plusieurs personnes s'opposent à ce qu'il sorte de chez lui, ce qui parait assez étrange à Michel qui ne se souvient pas avoir invité des gens la veille et puis d'abord pour fêter quoi.
Il met un certain tant à retrouver la bibliothèque puisque tous les panneaux d'indications l'entraînent vers une bibliothèque qui n'est pas celle dans laquelle il a emprunté les livres.
Lorsqu'il la trouve enfin, elle semble abandonnée, des planches obstruent l'entrée de la bibliothèque dont la peinture extérieure laisse d'ailleurs à désirer. S'il y avait eu des travaux la dame lui aurait dit, par courtoisie c'est un minimum. En tout cas il lui en touchera deux mots. Il fait demi-tour pour rentrer chez lui quand une troupe de gens en blouses blanches se dirigent vers lui en courant et en criant qu'il vient de sortir d'un coma de 25 ans et que c'est un miraculé. Michel lâche les livres qu'il maintenait sous ses bras. Mon dieu il va devoir s'acquitter d'une sacrée amende de retard pour le retour des documents.

mercredi 4 août 2010

6300 paires aux dernières nouvelles


Ce gant, si anodin soit-il, a appartenu à la reine du Royaume-Uni, de l'Irlande du Nord et du protocole. D'aucun saura que cette grande dame de la transition est une férue des gants - et non des chapeaux comme certains soit-disant fidèles le dispensent à qui veut bien l'entendre. En effet, de chapeau, elle ne s'en sert que pour botter en touche les rayons du soleil qui voudraient molester son teint si fragile. La forme, la couleur elle s'en fout. Son truc c'est les gants.
De gants donc, elle en est fada. Cette passion obsédante lui est venue sur le tard, le 6 Février 1982 soit 30 ans, seconde pour seconde après son accession au trône. Le 6 de ce mois-ci, il faisait un temps superbe dans les Blood Falls d'antarctique où Elisabeth effectuait un stage en criminologie. Elle assistait au relevé d'indices de sa première scène de crime et un gentil monsieur dans un blouson léger lui proposa d'enfiler une paire de gants en latex. Lorsque sa main pénétra dans la matière élastique, Elisabeth senti un frisson lui parcourir l'échine et les zones les plus insondables de sa charmante personne puis l'emmener dans un trip fusionnel avec l'intimité du grand tout.
Ses maîtres de stage la rappelèrent à l'ordre. Elle vint donc, par courtoisie, toucher les viscères encore fumantes de la victime. Mais son esprit était ailleurs, transporté par la sensualité dégagée de ses mains habillées. Une petite claque sur le haut du crâne la ramena brutalement à la réalité et l'odeur nauséabonde du cadavre en putréfaction lui prit le nez. Juste avant de vomir, elle eut ce réflexe qui fait encore cas d'étude aujourd'hui, celui de retirer son gant de latex maculé et de le poser délicatement sur une bite de trottoir.
Le temps a fait son œuvre, le sang a disparu depuis mais le gant est toujours visible dans les vallées de McMurdo, de 9h à 12h et de 15h à 18h. Attention aux horaires d'été, pour cela n'hésitez pas à contacter l'office du tourisme à l'adresse que vous connaissez bien.

lundi 2 août 2010

en deux fois


J'achète dans un magasin spécialisé une télévision et un système de son. J'attends la livraison.
Quelques jours plus tard, on sonne à ma porte. La télévision est arrivée mais pas le reste. Le livreur me dit que la suite arrivera sûrement plus tard dans la journée. Bon c'est tout. J'installe la télé, d'une qualité incroyable, l'image est splendide, le son moyen mais bon ce n'est pas grave, j'attends ce qui va me souffler dans mon canapé. En attendant, je ferme les fenêtres car mon voisin d'en face fait rudement du bruit depuis une heure.
Trois semaines plus tard, toujours rien. Je fulmine. J'ai attendu chaque jour le lendemain pour appeler le magasin espérant ne pas être obligé de le faire en recevant mon système de son. Mais rien. Donc j'appelle et on me dit que la commande a bien été livrée. Moi je dis non mais le gars du téléphone m'assure que oui. Je persévère et lui aussi. Je demande quand le colis à été livré et on me dit le 8 soit, il y a trois semaines, le jour où j'ai reçu la télé. Je demande à quelle adresse il a été livré. Ce n'est pas mon adresse je dis et lui me dit que si vu que le système de son y a été livré. Je dis bah... mais n'ai pas le temps de finir qu'il me dit qu'ils ne peuvent rien faire de plus pour moi, la commande a été livrée et clac il raccroche.
Quelle adresse ils m'ont donné ? Ah oui, c'est la bonne rue mais pas le bon numéro. J'habite un numéro pair et là, c'est un impair. Donc, je traverse la rue et fais toutes les sonnettes en demandant si le 8 d'il y a trois semaines, ils n'auraient pas eu la visite de livreurs avec un système de son. Je tombe enfin sur la bonne personne qui est très contente de la qualité du son mais elle ne me le rendra pas à moins de lui présenter des preuves valables comme la facture ainsi qu'un justificatif de domicile et une photocopie de la carte d'identité. Je traverse la rue et reviens avec les pièces demandées. Elle accepte le fait que le système est à moi mais ne veut pas s'en séparer. Elle a la télé mais sans l'image et j'ai une télé mais pas le son adéquat.
Après quelques semaines de pourparlers, et vu que je la trouve gentille et que elle aussi me trouve sympa, on a convenu d'un accord. Quand un programme nous intéresse tous les deux, on s'appelle. Alors j'allume la télé et je cours chez elle pour écouter. On s'assoit sur le balcon, on boit un verre, on s'échange une paire de jumelles et on regarde ma télé.